Ceci est vital…
L’homme est un primate domestiqué.
Comprendre son cerveau de singe éclaire sur nombre de comportements.
Les dynamiques de statut sont présentes partout.
Vous devez les saisir si vous voulez vous élever dans la hiérarchie.
Votre réussite sociale en dépend…
Les tyrans du quotidien
Quand j’étais enfant, il y a une question à laquelle je n’arrivais pas à trouver de réponse :
« Pourquoi les plus grands mettent la misère aux plus petits ? »
Naïf, je ne pouvais pas comprendre comment on pouvait prendre plaisir à être cruel, et à victimiser plus faible que soi.
Partout où vous allez, vous trouverez des petits tyrans qui profitent des situations où ils ont l’avantage…
Des bandes de racailles qui s’attaquent à des personnes seules, et sans défenses…
Des patrons qui martyrisent leurs employés…
Des sorcières qui profitent de la naïveté des idiots…
Des grands et forts qui dominent des petits et faibles…
J’ai fini pas comprendre pourquoi, en étudiant les dynamiques sociales, la psychologie, l’évolution et la biologie.
Quand on est jeune, c’est extrêmement désorientant.
On vous dit d’être gentil, de se soumettre, et de ne pas faire vagues.
Mais quand on regarde le monde, ce n’est pas comme ça que les gens semblent gagner.
À l’école, la petite brute est toujours plus populaire que l’élève modèle.
Et les filles semblent toujours être plus attirées par les « mauvais garçons ».
Plus tard dans la vie, ceux qui sont le plus agressifs réussissent le mieux professionnellement.
Et même les tueurs en série (et certains terroristes) sont connus pour recevoir d’innombrables sollicitations de la gent féminine.
D’un côté on nous dit que tout ce qui est masculin est toxique.
De l’autre, le monde semble rétorquer que « la raison du plus fort est toujours la meilleure ».
Donc forcément, il y a de quoi être confus.
Analité et statut social
Les mammifères s’organisent en hiérarchies sociales.
En réalité, ce système pyramidal est très ancien, et date de bien avant l’apparition de l’humain (et des mammifères).
On le retrouve même chez les crustacés ; espèce vieille de plus 500 millions d’années (époque à laquelle les arbres n’existaient pas encore).
Le circuit qui régule votre position dans la hiérarchie sociale est profondément ancré dans votre système nerveux.
Il régit nombre de comportement totalement inconscients.
Dans le modèle de la psyché de Robert Anton Wilson, il est nommé comme le « circuit anal territorial ».
Il se développe après le « circuit oral de survie biologique », et avant le « circuit sémantique ».
Pourquoi ce circuit qui régule la domination, la politique, et les jeux de pouvoir est-il dit « anal » et « territorial » ?
Le concept de l’« analité » vient originellement de Freud, qui pensait qu’il existait une phase de développement chez l’enfant, qu’il appelait le « stade anal ».
Elle intervient au moment où l’enfant apprend à aller à la selle, la propreté, et surtout… sa position hiérarchique dans la famille.
Quel est le rapport avec l’évolution me direz-vous ?
Eh bien certains biologistes pensent que l’ontogénèse résume la phylogénèse.
Simplement dit : l’évolution de l’individu résume l’évolution de l’espèce.
Le développement de votre corps recrée en quelques années, des centaines de millions d’années d’évolution.
Les « circuits » qui régissaient les organismes unicellulaires il y a deux milliards d’années sont toujours présent en vous (sous la forme du circuit oral).
Les dynamiques de soumission et de domination sont donc des réflexes archaïques très difficiles à déloger.
Le langage du pouvoir
Quel est le rapport entre l’analité et la territorialité ?
Chez nombre d’animaux, les selles servent à marquer un territoire.
Même si vous faites du camping sauvage, vous aurez tendance à faire vos besoins à la périphérie de votre campement… et donc naturellement, vous allez créer une frontière marquée par vos excréments.
Si vous observez les chiens, vous verrez qu’ils jugent instinctivement de leurs positions hiérarchiques en se reniflant le derrière, et en essayant de se monter les uns les autres.
(La coprophagie, ou encore le fait connu des singes qui se balancent leurs excréments s’inscrit dans la même dynamique.)
Dans le langage courant, on trouve un héritage de ce circuit dans le fait que la plupart des insultes (qui servent à imposer une domination) ont un rapport avec l’analité :
« Va te faire enc****. », « mer** ! », « fait ch***. », « je t’emme***. », « Va te faire fo*** ! »…
(Pardon pour la censure mais c’est pour le référencement.)
Beaucoup considèrent aussi encore que la sodomie représente l’ultime acte de soumission.
Voilà pour l’explication du terme « circuit anal-territorial ».
Mais à quoi sert-il concrètement ?
À réguler la politique, les jeux de pouvoir, et le statut de chaque individu dans une hiérarchie sociale.
C’est ce circuit qui détermine si vous êtes plutôt une personne soumise, docile, timide et servile… ou plutôt quelqu’un de dominant, d’assertif, d’autoritaire et de confiant.
Plus vous êtes haut dans l’échelle sociale, plus vous manifesterez ces secondes qualités (et inversement si vous vous situez en bas).
La chose se traduit également dans le langage non-verbal, et dans l’expression des neurotransmetteurs.
En bas de la hiérarchie, l’individu baisse la tête, se fait le plus petit possible (pour montrer qu’il n’est pas une menace), sa voix est faible, son est regard fuyant, sa « queue est entre ses jambes ».
Il est privé de dopamine, de testostérone et de sérotonine (le fait de gagner en statut est récompensé par ces neurotransmetteurs), et donc a tendance à sombrer dans la dépression.
En haut de la hiérarchie, l’individu est expansif dans ses mouvements, il prend de l’espace, il bombe le torse, sa voix est forte, son regard assuré… tout montre qu’il a confiance, et qu’il est prêt à répondre à la provocation.
Et plus il agit comme ça, plus il est récompensé par ces neurotransmetteurs qui font qu’il se sent bien, et plus il est incité à agir de façon dominante (c’est une boucle de rétroaction positive, qui a été identifiée par certains chercheurs comme le « winner effect » : plus vous gagnez plus c’est facile de gagner).
Force et justice
Le pouvoir rend ivre, ce n’est pas un mythe.
La cruauté, c’est de prendre plaisir à dominer quelqu’un.
C’est un instinct que nous avons tous en nous (et qui peut devenir addictif).
Y compris ceux qui vous font la morale, et qui se plaignent d’être au bas de la hiérarchie.
(En réalité, s’ils avaient le pouvoir, ils seraient tout autant cruels que ceux qu’ils prétendent dénoncer. Mais ils sont faibles et impuissants, et n’ont donc aucune autre arme que l’inversion des valeurs, qui tente de faire croire que la faiblesse est une vertu.)
Ceux aux sommets obtiennent les meilleures ressources, et les meilleures opportunités de reproduction.
(C’est autant valable pour les humains que pour les crustacés.)
Mais en réalité, la domination du fort ne peut pas reposer totalement sur la force brute.
Pourquoi ?
Parce qu’un individu, aussi fort soit-il, ne fait pas le poids face au groupe, aussi petit soit-il.
En réalité, la tyrannie (même dans le monde animal) est un type de gouvernance extrêmement instable.
Et le tyran finit par être sévèrement punit (certains singes sont connus pour arracher les testicules des mauvais chefs en guise de punition).
La force doit être balancée par la justice. Et la justice doit être balancée par la merci.
Le leader doit avant tout servir l’intérêt du groupe, s’il ne veut pas se faire renverser.
Dans le modèle de Robert Anton Wilson, quand le circuit oral se superpose avec le circuit anal, on obtient une matrice à quatre points cardinaux.
La première dimension orale régule le reflexe de fuite ou de poursuite, d’ouverture ou de fermeture, de plaisir et de souffrance…
Comme on l’a déjà vu, la seconde dimension anale régule le réflexe de soumission ou de domination.
En superposant les deux axes, on obtient le diagramme suivant :

L’axe vertical représente le circuit anal, et celui horizontal le circuit oral.
Quand le reflexe de fuite est combiné avec celui de domination, on obtient l’attitude du tyran.
Mais quand le reflexe de poursuite est combinée avec celui de domination, on obtient le leader juste et légitime.
Une personnalité flexible
On pourrait se demander quelle est la position idéale à adopter sur le cadran.
Eh bien en réalité, cela dépend de la situation.
Les humains sont très flexibles, et peuvent changer de rôle, d’une situation à une autre.
Si vous avez un chien, ou un enfant, vous voulez être le chef, au sommet de la pyramide.
(Si vous refusez ce rôle, tout le monde en pâtira.)
Si vous montez dans un avion, vous voulez (dans l’intérêt de tout le monde) laissez ce rôle au pilote.
Pareillement au travail, vous voulez être subordonné à votre patron.
Maintenant, est-ce qu’il existe des situations où c’est acceptable d’être un tyran agressif ?
Si vous répondez « jamais », c’est que vous êtes extrêmement naïf.
Oui, il existe des cas où la violence et l’intimidation sont légitimes.
Si on prend en otage votre enfant par exemple, c’est de votre devoir d’arrêter l’agresseur par tous les moyens.
La personnalité n’est pas quelque chose de fixe et de rigide.
C’est quelque chose qui doit s’adapter à chaque circonstance.
Donc, on ne peut pas donner de réponse unique sur la façon dont il faut se comporter, relativement au circuit anal.
Mais l’erreur dans laquelle il ne faut pas tomber, c’est de croire que la force et le pouvoir sont toujours malveillants et tyranniques.
Ceux qui font cette erreur ont tendance à regarder tout ce qu’il y a de masculin et patriarcal comme négatif.
La vraie force est coopérative, démocratique, inspiratrice, et ingénieuse plutôt que totalement coercitive, et violente.
Intégrer son ombre
Si on reprend le schéma précédent, on voit que le tyran est dans un état de peur et de retrait.
Et il surcompense justement cet inconfort, et cette inconscience par l’agressivité.
La petite brute qu’on trouve dans les cours d’école souffre en réalité souvent d’un terrible sentiment d’infériorité.
(Cela ne justifie pas son comportement, mais du moins ça l’explique.)
La puissance légitime l’emportera toujours sur la violence gratuite.
Pourquoi ?
Parce que la première repose sur la conscience, le courage et la discipline, alors que la deuxième repose sur l’inconscience, la peur et le chaos.
Souvent, on se rend compte qu’il suffit de tenir tête à un tyran pour qu’il s’évapore.
En réalité, la plupart du temps il cherche juste la proie facile.
Il le fait en testant ses limites.
Et il continuera à vous écraser jusqu’à ce que vous disiez « stop ».
Les humains ont d’autres circuits supérieurs à ceux de l’analité.
C’est aussi un être sémantique et moral, et ces composantes vont aussi jouer un rôle important dans son insertion dans la hiérarchie sociale.
Le circuit anal est un système qu’il faut apprendre à intégrer dans sa personnalité, et sa totalité psychique.
Il existe un équilibre entre la soumission totale, et la domination absolue.
Mais ce qui est sûr, c’est que tant que vous n’aurez pas intégré en vous cette part d’ombre capable d’agressivité… eh bien vous resterez à la merci des tyrans, des narcissiques et des psychopathes.
Une fois que vous avez dompté la bête qui sommeil en vous, vous pouvez l’utiliser à des fins constructives et productives.
Si vous ne le faites pas, elle restera tapie dans l’ombre de votre inconscient, et elle se manifestera de façon aléatoire, incontrôlée et chaotique.
Votre agressivité doit être canalisée et intégrée, sinon elle dégénéra en des formes que vous voulez éviter à tout prix.
“Art is the outcome of discipline. Murder is the outcome of a lack of self-discipline.”
— Colin Wilson
Comment concrètement intégrer cette ombre ?
En surmontant sa peur, en confrontant la tyrannie, et en redirigeant son agressivité vers des projets constructifs.
(Le sport et les arts martiaux peuvent aussi grandement aider.)
Conclusion
Le statut social est quelque chose de dynamique qui évolue tout au cours de la vie.
(Même si sa perception peut changer d’une minute à l’autre si vous savez manipuler ses dynamiques.)
Ceux au sommet de la hiérarchie gagnent le plus d’argent, et ont les meilleurs partenaires sexuels.
Ceux en bas s’agglutinent en masses informes pleines de ressentiments.
Si vous n’arrivez pas à intégrer et équilibrer ce circuit anal qui régule le statut… eh bien votre vie sera misérable.
Vous resterez pauvre, vous vous laisserez marcher dessus, et aucune femme désirable ne voudra de vous.
Nous vivons dans un monde compétitif et injuste.
Vous ne choisissez ni vos gènes, ni votre environnement de développement, ni votre statut à la naissance.
Mais ce n’est pas en se plaignant, et en jouant la victime qu’on arrive à s’élever.
On s’élève en se battant intelligemment.
Pourquoi intelligemment ?
Parce que l’intelligence l’emporte sur la brutalité (le circuit sémantique est au-dessus du circuit anal).
Votre plus gros muscle est votre cerveau (c’est bien grâce à lui qu’on invente des bombes atomiques).
Les gens ont énormément de mal à comprendre ceci, parce qu’ils sont nourris depuis tout jeune à la moraline égalitariste.
Oui, nous sommes égaux devant la loi et devant Dieu…
Mais la nature est profondément inégalitaire.
Elle vous juge par votre statut, et en sanctionnant vos opportunités de reproduction et de survie.
Le fait qu’aujourd’hui, tant de gens ignorent encore Darwin est accablant de stupidité.
Étudiez l’évolution et la biologie si vous voulez comprendre l’humain.
— Geoffroy