En Science occulte, le terme « magie » a une signification bien particulière. Le terme en soi est chargé de différentes interprétations qui s’affrontent dans l’idéosphère.
Il faut se rappeler que pratiquer la magie fut pendant longtemps (et encore aujourd’hui dans certains pays) considérée comme un crime grave, très souvent puni de mort. Le mot « magie » est tabou, aussi dans le paradigme matérialiste, et fait le plus souvent référence à la prestidigitation et au charlatanisme.
Rien que le fait d’écrire sur le sujet fait ressentir la pression des égrégores de siècles d’Inquisition, de chasse aux sorcières ; et de soi-disant zététiciens modernes, narcissiques et inconscients de leurs propres biais, incarnant eux-mêmes par projection freudienne l’attitude qu’ils prétendent dénoncer. Il s’agit donc d’une définition au cœur de conflits de pouvoir et d’idéologie.
Les 4 paradigmes magiques
Si l’on exclut l’association à la prestidigitation et au charlatanisme, nous pouvons identifier quatre définitions de la magie qui s’entremêlent :

1. L’approche hermétique
Premièrement, il s’agit de l’application de la Science que nous a léguée l’Antiquité.
Cette Science est une tradition que l’on peut retracer jusqu’à la civilisation Sumérienne et qui s’est dénaturée progressivement avec l’âge.
Il est courant de penser, à juste titre, que le progrès technologique suit une courbe exponentielle. Mais selon les occultistes, l’inverse est vrai : nous avons hérité d’une Science parfaite qui s’est dégradée de façon constante jusqu’aujourd’hui où il ne nous reste que des fragments difficilement traduisibles.
Il s’agit, en réalité, du mythe de l’Atlantide, et des anciennes civilisations très avancées, qui ont été très bien documentés par Blavatsky, Papus et plus récemment Graham Hancock ou encore Gregg Braden.
Les anciens utilisaient cette Science, la magie, pour altérer la réalité selon leurs ambitions, mais aussi à des fins religieuses.
2. L’approche psychologique
Deuxièmement, il y a l’approche psychologique. La magie, dans ce contexte, fait référence à la manipulation, et au réarrangement des éléments constituant la psyché de l’individu, dans le but de réaliser un objectif donné, ou de produire une expérience religieuse ou mystique.
Cette approche est teintée d’idéalisme philosophique puisqu’elle suppose que les « esprits » dont font référence les grimoires ne sont en réalité que des complexes subconscients chez l’individu. Un exorcisme dans ce cas est interprété comme l’altération ou le bannissement d’un aspect de la personnalité.
Plus largement, on peut aussi mettre dans cette catégorie la programmation neurolinguistique (PNL), l’application de l’effet placebo, de la suggestion, de l’hypnotisme, de la pensée positive…
Ici on n’agit donc pas directement sur le monde, mais sur la psyché, avec tout de même la conviction idéaliste qu’en changeant le monde intérieur on change aussi la perception du monde extérieur.
3. L’approche énergétique
Troisièmement, il y a l’approche énergétique. Celle-ci suppose l’existence de forces invisibles (comme l’électricité et le magnétisme), et d’intelligences qui régissent le cosmos et le monde visible.
La magie ici a pour but la manipulation de ces énergies et des plans éthériques et astraux. Cette catégorie englobe certaines pratiques orientales, comme les différentes formes de Yoga, le Reiki, le Qi Gong ou encore le magnétisme animal, la Kabbale et l’alchimie pratiques pour les formes occidentales.
4. L’approche sémiologique
Dernièrement, il y a l’approche sémiologique. Celle-ci consiste à manipuler des symboles pour altérer la réalité.
Dans cette catégorie très large on peut inclure le commercial qui utilise une technique de vente, le polémiste et son pamphlet, le censeur, les médias de masse, les publicitaires…
Selon cette définition tout acte sémantique, y compris le fait penser, est un acte magique puisqu’il est destiné à altérer le réel.
Crowley résume toutes ces approches de façon simple et précise, pour lui, la magie est :
« la Science et l’Art de causer des Changements en conformité avec la volonté. »
Expliquer la philosophie occulte
On ne peut comprendre ce qu’est la magie avec un esprit matérialiste et une approche mécaniste. Pour comprendre comment elle fonctionne, il faut se rappeler certains éléments de cosmologie occulte.
Un de ces éléments fondamentaux est la multiplicité des plans d’existences, que l’on retrouve en physique moderne avec la théorie du multivers.
Le plan matériel est, selon la tradition, la cristallisation la plus dense d’une seule et même énergie divine qui descend à travers les différents plans d’existence. Encore une fois les modèles de physique subatomiques enseignent, notamment avec la dualité onde-corpuscule, que la matière est à la fois onde et particule, matière et énergie. L’atome est constitué à 99,9% d’un nuage électro-magnétique.
Contrairement à ce que l’on peut s’imaginer, le paradigme magique de la philosophie occulte s’accorde très bien avec les découvertes de la science moderne.
Les occultistes vont même à affirmer que les découvertes modernes ne se pas si récentes que cela, et ne sont en réalité qui des redécouvertes déjà connues de l’antiquité. Le modèle héliocentrique, la gravitation, l’électricité, le magnétisme, la chimie… étaient tous connus des anciens si l’on en croit Papus, Blavatsky, Dutens, Crowley et bien d’autres.
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Quoi qu’il en soit, ce qu’il est important de retenir : c’est que le monde visible est la manifestation d’un monde invisible, ou plutôt d’une série de mondes non-physiques avec différents niveaux de densité. Ces différents plans sont peuplés de forces qui semblent intelligentes et qui réagissent à l’intention, quoiqu’elles semblent dénuées de libre-arbitre et de volonté propre.
Un des buts de la magie consiste à harmoniser ces forces (c’est le fameux Grand-Œuvre des alchimistes), ceux qui y parviennent sont les Maîtres, Prophètes, Rishis et Bouddhas des différentes religions.
La lumière astrale
Il n’existe qu’une seule énergie qui se manifeste sous différentes formes, à l’instar du spectre électromagnétique et de ses différentes fréquences et amplitudes.
Certains ont associé cette énergie directement à Dieu, d’autres la nomment Shakti dans le tantrisme, Chi en Chine, Qi au Japon, Prana en Inde, ou Ruach chez les hébreux, Magnétisme Animal chez Mesmer, Orgon chez Reich, Libido chez les psychanalystes, Logos chez les Grecs, Ether chez les théosophes…
« Nous avons parlé d’une substance répandue dans l’infini.
La substance une qui est ciel et terre, c’est-à-dire, suivant ses degrés de polarisation, subtile ou fixe.
Cette substance est ce qu’Hermès Trismégiste appelle le grand Telesma. Lorsqu’elle produit la splendeur, elle se nomme lumière.
Elle est à la fois substance et mouvement. C’est un fluide et une vibration perpétuelle.
Le grand agent magique se révèle par quatre sortes de phénomènes, et a été soumis au tâtonnement des sciences profanes sous quatre noms : calorique, lumière, électricité, magnétisme. »
Eliphas Levy – La clef des grands mystères
L’analogie
Un autre concept fondamental à l’occultisme est celui de l’analogie et de la correspondance. Comme le dit la Table d’Emeraude :
« Ce qui est en haut est semblable à ce qui est en bas ».
Ceci signifie que les plans inférieurs sont le reflet des plans supérieurs. Toutes les énergies célestes et élémentals ont des correspondances dans le monde physique.
L’antiquité nous a légué des cartes de ces énergies et des méthodes pour les manipuler. Les deux cartes les plus connus étant l’Arbre de Vie de la Kabbale et le système des Chakras de la tradition orientale.

le plan éthérique
Le plus souvent, le plan éthérique fait référence aux énergies dites « élémentals. » C’est du moins la terminologie employée par Agrippa, qui explique que les éléments Air, Feu, Eau et Terre sont présents en toutes choses selon des proportions diverses. Ces éléments ne sont pas essentiellement matériels mais plutôt éthériques, même s’ils ont des correspondances dans le monde physique. On peut dire qu’ils sont les équivalents des particules élémentaires de la physique moderne.
Le plan astral
Le plan astral fait références aux énergies dites planétaires. Il existe plusieurs types de familles de particules élémentaires en physique. De même, en Science occulte, il existe plusieurs types de familles d’énergies subtiles.
Les énergies astrales font références aux influences de Saturne, Jupiter, Mars, du Soleil, de Venus, Mercure et de la Lune.
Au-delà des planètes, on trouve les constellations qui exercent aussi leurs influences.
Tout ce qui existe dans l’univers – qu’elle soit une chose physique, subtile ou métaphysique – est constitué selon différentes proportions de ces énergies éthériques et astrales.
De telle manière qu’à chaque plante est attribuée un élément et une planète, de même pour les minéraux, les animaux, les comportements, les saisons, les humeurs, les expériences. Ainsi, tout phénomène et toute essence peut s’insérer dans les tableaux de correspondance des occultistes.
Ces différents plans sont peuplés et dirigés par des d’entités de nature variable en fonction de leurs « localisation » et de leurs correspondances élémentals et astrales.
Ces entités sont les anges, les démons, les dieux, les esprits, et fantômes des différentes cultures.
Des figures magiques
Pourquoi utilise-t-on des pentagrammes et des hexagrammes (aussi la croix) dans la magie ?
En magie, on utilise différentes figures géométriques pour les rituels, talismans et autres pratiques. Les anciens grecs avaient une fascination pour les mathématiques et pensaient que dans les chiffres résidait un grand pouvoir.
Outre le fait qu’ils permettent tout un tas d’ingénieries indispensables à notre quotidien, les nombres, et les figures géométriques qu’ils produisent, ont des résonnances dans les plans subtils, et sont susceptible d’attirer leurs forces.
Les philosophes du passé avaient déjà théorisé des formes de communication par voies invisibles semblable à nos modèles de l’électromagnétisme.
Prenons l’exemple des transmissions radio : un émetteur envoie dans l’espace un signal électromagnétique à une fréquence et une amplitude spécifique. Un récepteur s’harmonise à cette même fréquence et retranscrit le signal.
Le même principe s’applique à la théorie occulte : l’émetteur devient ici une force subtile du plan astral, et le récepteur devient la figure géométrique. H. C. Agrippa l’explique en ces termes :
« Les figures opèrent de merveilleux quand nous les inscrivons sur des cartes, des lames, ou des images. Elles ne font leur effet merveilleux que par la vertu qui leur est communiquée par des figures plus relevées, moyennant une certaine sympathie que produit l’aptitude et la similitude naturelle, […] de même qu’une cithare retentit sur une autre, sans autre raison qu’il y a une autre cithare posée vis-à-vis, conforme et toute semblable en figure ; ou si vous voulez comme de deux cordes tendues au même intervalle et tempérées à une même tension dans une lyre, lorsqu’on en touche une l’autre retentit tout aussitôt. »
(La Philosophie Occulte Vol. II – Chap. 23)
La théorie de l’information occulte stipule qu’il existe des centres énergétiques cosmiques (présents à la fois dans le micro et le macrocosme) qui radient continuellement leurs signaux, à l’instar de nos tours radiophoniques.
Quand on trace un pentagramme, par exemple, on s’harmonise avec ces centres. Le rituel de bannissement du pentagramme, qui est le rituel magique traditionnel le plus populaire, où l’on trace des pentagrammes aux quatre points cardinaux, a pour objectif d’équilibrer les énergies éthériques, à savoir l’Air, le Feu, l’Eau et la Terre. L’hexagramme, quant à lui symbolise plutôt les énergies astrales ou planétaires.
Les rituels de l’hexagramme et du pentagramme, sont pour ces raisons, les bases de la pratique magique traditionnelle (celle de type Golden Dawn).
― Geoffroy