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Le fanatisme matérialiste (le piège du nihilisme)

L’intégrisme ne se limite pas aux sphères religieuses.

Sa forme la plus sournoise se déguise en scientisme.

Il existe aussi des sectes matérialistes.

En générale, j’évite de parler directement de politique et de religion (pour éviter de susciter trop de passions).

Mais force est de constater, que ceux qui se considèrent rationnels, et objectifs, ont souvent les mêmes travers que les intégristes religieux.

Ils sont aussi fanatiques, censeurs, dogmatiques et intolérants que ceux qu’ils prétendent dénoncer.

Le nouveau fanatisme

J’ai rencontré nombre de sceptiques qui remettent tout en question, sauf leurs propres croyances.

Ils partent d’un axiome irréfutable, et se servent de la prémisse pour démontrer un argument.

La preuve de ce que vous dites ne peut se trouver dans l’énoncé (sinon vous ne faites que répéter un argument improuvable).

Quelle sont les prémisses du scientisme ?

Elles sont de dire :

  • Que l’esprit et la matière sont deux choses totalement séparées (dualisme cartésien).
  • Que le monde existe indépendamment de l’observation, et que les choses ont une essence, et une identité connaissable (réalisme aristotélicien).
  • Que l’univers peut entièrement s’expliquer de façon mécanique, et déterministe (Newton).
  • Que la seule façon d’acquérir de la connaissance est par la méthode scientifique (objectivisme).

Remettez ces axiomes en question à vos risques et périls.

Un jour, j’ai écrit un tweet qui disait qu’il n’existait pas de réalité objective (parce que la réalité que nous expérimentons est construite par le système nerveux).

Apparemment, même une proposition aussi neutre que celle-ci arrive aussi à susciter énormément de passions.

Un troll anonyme me répondit, au bout de quelques échanges affligeants, que s’il me coupait la tête, je serais mort, et que ça, c’était une réalité objective.

Il ne pouvait tolérer la dissonance cognitive, que provoquait une théorie contradictoire à ses croyances fondamentales.

Alors pour soulager la douleur causée par la contradiction, il fantasma de d’éliminer le porteur du message.

La suprématie idéologique

Quand vous vous exprimez authentiquement, forcément vous allez déranger certaines personnes.

J’ai reçu des critiques des deux extrêmes :

  • Des religieux qui disent que la science (et l’hermétisme) est l’œuvre du diable.
  • Des athées qui pensent que toute forme d’idéalisme, ou de spiritualité est stupide et dangereuse.

Les deux ont en commun de vouloir supprimer certaines perspectives, et rêvent d’imposer leur idéologie au monde entier.

Au milieu, il y a les modérés, et les gens souples d’esprit.

Ceux qui doutent, pas comme un zététicien (qui remet tout en cause sauf ses propres axiomes), mais par humilité, et par une recherche désintéressée de la « vérité ».

Ceux qui ne cherchent pas absolument et compulsivement à avoir raison, mais qui cherchent plutôt à apprendre.

Certains se servent de l’apparence de la rationalité, pour servir un agenda caché.

Pendant l’antiquité, on les appelait les sophistes… à l’ère du Christ, les pharisiens… aujourd’hui les plus proches de cette forme de manipulation sont les zététiciens.

Qu’est-ce qui les unit tous ?

C’est le fait qu’ils ne cherchent pas réellement la vérité, même si c’est l’impression qu’ils veulent donner.

Ils se servent de la vérité non comme d’une fin, mais comme un moyen d’imposer une domination.

Ils pensent qu’avoir raison donne autorité sur la personne qui a tort.

Pour eux, le débat est un jeu de pouvoir (qu’ils veulent s’accaparer comme des petits tyrans en herbe).

Possédé par la mauvaise foi

Vous ne pouvez à la fois chercher à réaliser un agenda caché, et en même temps rester impartial et totalement rationnel.

Ce besoin compulsif d’avoir raison est une régression à un stade de développement primitif.

Sa présence indique un conflit entre le circuit anal-territorial (celui qui régule les hiérarchies de pouvoir), et le circuit sémantique (celui qui régule la logique et le langage).

Et puisque le premier circuit est plus ancien et plus ancré, il hijacke et neutralise le second.

Si vous remarquez cette dynamique, vous pouvez facilement la démanteler en pausant des questions de bon sens.

Vous verrez alors rapidement apparaître les contradictions logiques, et les rationalisations qui justifient la compulsion.

(C’est d’ailleurs cette méthode qui value à Socrate une condamnation à mort.)

Exemple :

Je postais un thread sur les révoltions scientifiques récentes.

Dedans j’abordais la physique quantique, et l’interprétation de Copenhague.

Cette dernière dit que l’observation effondre la fonction d’onde des particules (ce n’est pas l’unique théorie, mais c’est celle majoritaire).

L’observation suppose un esprit, ou une conscience qui observe, non ?

Un zététicien en croisade vient me répondre que c’est faux, et que l’observation peut se faire sans esprit.

S’en suit une série d’échanges affligeants, où il tente de me ridiculiser comme un gourou, ou un coach « new age » en manifestation, et lui, de paraître plus intelligent qu’il ne l’est vraiment.

Voici comment le débat se termine :

Je lui demande finalement « donc une observation peut avoir lieu sans observateur ? ».

Il me répond que oui.

Échec et mat, je viens de lui faire avouer sa propre contradiction.

Je sais que c’est un matérialiste, et que sa philosophie (même si elle n’est pas totalement articulée) descend des objectivistes, de Descartes, de Newton, et d’Aristote.

S’il y a une chose à retenir de la philosophie d’Aristote c’est le principe d’identification : A = A.

Une chose ne peut être vrai et fausse à la fois.

Une observation sans observateur est une violation de ce principe élémentaire, de sa propre logique.

Cerveau.exe a cessé de fonctionner… abandon de la conversation.

La dynamique du dialogue

On pourrait me répondre : « Ne fais-tu pas la même chose que lui ? Ne cherches-tu pas toi aussi à convaincre de tes idées ? »

Peut-être, mais la différence réside dans le fait que je ne fais que partager des hypothèses et des réflexions.

Je ne pars pas en croisade, dans l’optique d’annihiler tous ceux qui oseraient remettre en question mon dogme.

J’ai plus de questions que de réponses.

L’écriture, pour moi, est une façon d’articuler ce que je pense.

Tant que ce n’est pas posé sur la page, je ne sais pas exactement ce que je crois.

Rendre ce processus public est une invitation, plutôt qu’une coercition.

Je suis heureux qu’on pointe des incohérences dans mon discours (parce que les autres, ayant des points de vue différents, voient des choses que j’ignore).

Mais je sais aussi faire la différence entre la critique sincère, la manipulation, et la méchanceté gratuite.

Je sais faire la différence entre quelqu’un d’authentique, et quelqu’un d’idéologiquement possédé.

Ces derniers sont faciles à repérer puisqu’ils ne font que répéter des slogans.

Ils sont prévisibles, prosaïques, et manquent d’originalité.

Ce sont les moulins à parole des tyrans… les idiots utiles au service du dogme.

Et la conséquence est dramatique, parce qu’ils en payent le prix : celui de leur individualité.

Le dialogue n’est constructif seulement quand toutes les parties mettent leur égo de côté, et qu’elles acceptent humblement de ne pas tout savoir.

Et c’est bien le problème de beaucoup de scientistes : ils pensent que leur modèle de l’univers est complet.

Aucun modèle n’est complet.

La seule chose égale à l’univers est l’univers lui-même.

Les mots ne sont pas les choses qu’ils décrivent.

Une crise existentielle

La physique est ultra performante pour prédire des trajectoires, et pour la construction en général.

Mais philosophiquement, elle est pauvre.

Pourquoi ?

Parce qu’elle est incapable de donner du sens à l’existence.

La philosophie matérialiste est déterministe et nihiliste.

Selon elle, vous n’avez ni volonté propre, ni finalité transcendantale.

C’est le néant existentiel.

Et ce vide noogénique est responsable du triptyque infernal qu’est :

  1. La dépression
  2. L’agression
  3. L’addiction

L’absence de sens est la principale cause de la dépression, et le fait de n’avoir aucune motivation pour se lever le matin.

On abandonne quand on pense que l’existence ne sert à rien.

On rentre alors dans un état végétatif, où l’on se laisse mourir.

Viktor Frankl, survivant de l’holocauste, pouvait prédire avec exactitude la mort imminente de ses codétenus, quand ils rentraient dans cet état.

Un matin, un d’entre eux ne se levait plus, même plus pour faire ses besoins, dans lesquels il pataugeait.

Rien ne pouvait le faire réagir, ni les menaces, ni les coups, ni la douleur.

Il pouvait prédire sa mort dans les 48h, après qu’il ait fini sa dernière cigarette (qui servait de monnaie d’échange contre de la soupe à la pisse).

Les seuls survivants de ces camps sont ceux qui avaient encore espoir dans le futur, et une raison de vivre… un but.

Le sens dans ces cas extrêmes était une question de vie ou de mort.

« Celui qui a un “pourquoi” qui lui tient lieu de but, de finalité, peut vivre avec n’importe quel “comment”. »

— Friedrich Nietzsche

Croisades nihilistes

Dans Man’s Search for Meaning, Frankl cite plusieurs études.

Une qui montre une corrélation entre l’alcoolisme et le sentiment de vide intérieur à 90%.

Une autre avec la consommation de drogue à 100%.

Comme le prisonnier qui se met à fumer sa dernière cigarette, l’abandon fait que l’on se tourne vers des poisons pour soulager la douleur de l’apathie.

Concernant l’agression, une troisième étude citée montre qu’elle peut être drastiquement réduite avec la mise en place de buts communs.

Quand des groupes rivaux et violents s’unissent vers une même finalité, les conflits disparaissent.

Malheureusement, les conséquences du vide existentiel ne sont pas qu’apathiques, elles sont aussi destructrices.

Si la vie n’a aucune finalité, et qu’elle n’est que souffrances inutiles… alors pourquoi vivre ?

Ou pire… pourquoi ne pas mettre définitivement fin à la vie ?

Si l’existence ne mérite pas d’être, alors il faut l’anéantir.

Voici la terrible philosophie qui habite les tueurs de masse : tuer un maximum de personnes, en se donnant aussi la mort.

Il suffit d’un tyran nihiliste avec une arme nucléaire pour mettre fin à la vie sur Terre.

Souvent les matérialistes pensent, qu’au moins, eux ne partent pas en croisade.

Mais la vérité, c’est que l’idéologie qui a tué le plus de monde, est celle justement athée, communiste et marxiste.

Plus que les deux Guerres mondiales réunies… (même si elles sont également les conséquences d’une bonne dose de nihilisme).

Staline = 20 millions de morts.

Mao = 100 millions.

Première Guerre mondiale = 19 millions.

Deuxième = 60 millions.

Le culte de l’intellect

Il a fallu un gigantesque bain de sang pour que l’occident, et le monde, se rendent compte que le culte de la rationalité, placé au-dessus de la morale, crée des conséquences désastreuses.

Étrangement, il ne semble n’y avoir aucune corrélation entre l’intelligence et la moralité.

« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. »

— François Rabelais

Et effectivement, il y a une nette distinction entre l’intellect et l’affect.

« Le cœur à ses raisons que la raison ne connaît point. »

— Blaise Pascal

L’archétype de Lucifer est celui de l’esprit d’hyper-rationalisation.

Il a l’arrogance de son intelligence, qu’il place au-dessus de tout.

Mais le mental n’est qu’un complexe de l’ensemble de la personnalité, même s’il peut s’accaparer le contrôle de toute la structure.

L’essence du Soi est au-delà du circuit sémantique.

Cette hyper-rationalisation a remis en cause la religiosité, les valeurs, et la morale qui sous-tendaient nos civilisations.

Il a fallu scier la branche, pour que nous nous rendions compte que nous étions assis dessus.

Conséquences :

  • Tout le monde est démoralisé,
  • La criminalité augmente,
  • Des épidémies de dépression et d’addiction,
  • Les gens ne veulent plus d’enfant,
  • Les familles sont éclatées,
  • Plus personne n’a le sens du devoir et du sacrifice.

Les loups se déguisent en brebis.

Matérialistes, marxistes, nihilistes, post-modernistes… vous diront tous que les valeurs sont arbitraires (et imposées par des tyrans), et que la vie n’a pas sens.

Pour arriver à cette conclusion vous devez abandonner votre conscience.

Parce que c’est elle qui crie à chaque instant la bonne direction à prendre.

C’est seulement quand vous arrivez à la faire taire, que vous pouvez devenir moralement relativiste, totalement égoïste, et hédoniste.

Conclusion

La voix de la conscience peut vous guider à chaque instant, si vous l’écoutez.

À force, vous devenez meilleur à reconnaître les impulsions qui viennent d’en haut, et celles qui viennent d’en bas.

Il existe une hiérarchie de valeur qui n’est pas totalement consciente, et qui est ancrée dans la biologie.

(Même chez les animaux on a remarqué des formes de proto-moralité.)

Votre conscience vous dicte à chaque instant, où vous vous situez sur cette échelle de valeur.

Quand vous agissez à l’encontre de celle-ci, vous ressentez de la culpabilité (à moins que vous ne soyez un psychopathe).

S’exprimer authentiquement, c’est écouter la voix de la conscience, en choisissant les mots qui « sonnent » justes.

Quand vous appréciez de la musique, ce n’est pas quelque chose que vous pouvez vraiment rationaliser.

Vous ressentez simplement l’harmonie.

Quand on parle ou écrit authentiquement, on cherche à s’accorder avec ce sentiment.

Le beau, le bon, le vrai, le juste… ne sont pas des choses complétement conscientes, et qui peuvent s’articuler totalement.

On sait les reconnaître quand on les voit, sans vraiment savoir pourquoi.

« La foi commence précisément là où s’arrête la pensée. »

— Sören Kierkegaard

Ps : Toutes ces sujets sont plus longuement développés dans mon livre : Manuel d’hygiène mentale, qui sort le 4 novembre 2024. (Abonnez-vous à la newsletter pour ne rien rater).

— Geoffroy

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Qui est Geoffroy Stec ?

Je suis designer et éditeur depuis 2018. J’aide les créatifs à monétiser leurs passions, et à construire des systèmes de rémunérations durables.


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Penser par soi-même – S’immuniser à la propagande – Créer sa propre réalité

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Comprenez les différents paradigmes et les révolutions scientifiques. Épistémologie et science.

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