On dit, en communication, que pour capter l’attention, il faut agiter un problème.
Qu’il faut remuer le couteau dans la plaie, pour faire prendre conscience de la situation.
Plus un problème est gros, urgent, et débilitant, plus les gens seront à l’écoute.
Au niveau individuel et collectif, qu’y a-t-il de plus pressant à régler que la crise existentielle que traverse l’occident ?
L’apocalypse
Vous le sentez sûrement, nous sommes à la fin d’un cycle.
400 ans de rationalisme ont renversé le socle sur lequel était fondé nos civilisations.
Quand les fondations s’effritent, c’est toute l’intégrité de la structure qui est menacée.
Individuellement, cela se ressent par l’atmosphère nihiliste qui contamine l’esprit et le cœur.
Plus rien n’a de valeur.
Toutes les hiérarchies sont aplaties. Il n’y a plus de différence entre le grandiose, et le petit.
Collectivement, la morale qui organisait la société et ses interactions a été remise en question.
Il n’y a plus d’idéal à suivre, tout est arbitraire.
Quand on brise les principes unificateurs, le chaos s’en suit, et les conflits se multiplient.
Plus rien n’a de sens, ni d’importance.
Sans finalité, nous en sommes réduits à suivre nos pulsions animales, et à de petits plaisirs insignifiants qui mènent à l’addiction.
En réalité, c’est littéralement la caractéristique qui nous distingue des autres espèces : la capacité à donner du sens à l’existence.
Si elle est atrophiée, il n’est pas étonnant de voir l’homme régresser à des stades primitifs.
Vanité, hédonisme, et domination… telles sont les substituts à l’intégrité que cultive l’esprit des profondeurs.
Mais ce ne sont que des portes d’entrée vers les couches les plus basses de l’abysse.
Là y règne le sadisme, le narcissisme, le machiavélisme, et la psychopathie.
Idéosphère, espace sémantique, et plan astral
J’ai mis un certain temps à comprendre que le plan des idées était un champ de bataille où s’affrontaient des idéologies, pour le contrôle des esprits.
On se bat pour votre attention.
On cherche à contrôler vos croyances.
En mémétique, on dit que l’idéosphère est habitée par des mèmes (des unités d’information), qui s’agglutinent entre eux pour former la matrice sociale.
Et comme les gènes, ils luttent pour leur survie et leur réplication (la mémétique est inspirée de la biologie, et a été fondée par Richard Dawkins).
Peu importe si les idées qu’ils communiquent sont fausses… l’important c’est qu’elles soient vendeuses, et qu’elles arrivent à coloniser les esprits (sophisme).
Dans les paradigmes magiques, on parle plutôt d’égrégores, qui sont de véritables réservoirs d’énergie, accumulée par l’attention de multitudes d’individus.
Quand vous donnez votre attention à un groupe d’idée, vous participez à son alimentation, et vous lui fournissez de la force.
Voici quelques exemples d’égrégores :
- un club sportif,
- une entreprise,
- une université,
- une idéologie,
- un parti politique,
- une religion,
- une nation,
- un journal,
- une chaîne YouTube…
Le risque de tout mouvement de groupe, c’est d’y perdre son individualité, et sa volonté propre.
Même si la plupart du temps il offre une contrepartie, il draine et vampirise aussi l’énergie de ses membres.
Imaginez la puissance d’un égrégore d’une religion vieille de plusieurs millénaires, et de plusieurs milliards de croyants…
Ou encore l’énergie qui se dégage d’un groupe de supporters de foot.
Virus mental, et possession idéologique
Les égrégores sont responsables du fanatisme, du dogmatisme et de l’intégrisme.
Ils contaminent les masses avec leurs mèmes, et atrophient l’esprit critique, la volonté propre, et l’instinct de liberté.
La pression de groupe qu’ils imposent est souvent tyrannique.
Avez-vous peur d’exprimer certaines idées ?
Vous êtes sous emprise d’un égrégore auquel vous vous soumettez, parce que vous craignez sa rétribution.
Un des moyens de les démanteler, c’est par la logique, et le bon sens (qu’ils essayent de faire taire).
Défendez-vous des idées irrationnelles, que vous croyez sans aucun argument, mais que vous essayez quand même d’imposer sur les autres ?
Vous êtes sous influence…
Vous sentez-vous attaqué personnellement quand on remet en cause certains de vos dogmes ?
Vous êtes possédé par des idées qui ne sont pas les vôtres.
Les libres penseurs sont des martyrs parce qu’ils subissent constamment les foudres des égrégores.
Vous habitez plus des espaces sémantiques, qu’un univers matériel objectif.
Et ces espaces sont peuplés d’idéologies, d’égrégores, de complexes, d’archétypes, et d’intelligences.
Oui, il existe un monde invisible habité par des mèmes, des idées et des esprits.
Et il est difficile à naviguer quand on ignore sa structure, et ses dynamiques.
Détecter le bullshit
Sans un esprit critique assez développé, on tombe à la merci des courants idéologiques, et de l’atmosphère du temps.
On se laisse posséder…
L’effet de masse nous emporte.
(Une personne avec une forte volonté peut aussi produire ce genre d’influence.)
Vous devez savoir détecter le « bullshit ».
Bullshit est un terme technique qui définit un discours qui se fous de la réalité, et qui cherche juste à paraître vrai et à convaincre (sophisme).
(La terminologie vient de la recherche sur l’IA. Voire l’article « ChatGPT is bullshit ».)
Il en existe 2 types : le « hard » et le « soft ».
Le soft bullshit est un discours irrationnel qui ne cherche pas à tromper son interlocuteur sur ses intentions réelles. Il cherche juste à imiter la rationalité, et à paraître vrai.
Le hard bullshit, lui, est un discours irrationnel mais qui cherche délibérément à tromper son interlocuteur, pour cacher ses vraies intentions.
Le premier résulte d’un manque de rigueur, et d’une certaine nonchalance intellectuelle et morale.
Le second est un mensonge, manipulateur, et machiavélique, parce qu’intentionnellement trompeur.
Comprendre l’adversaire
Les gens racontent constamment du bullshit pour servir leurs agendas.
Quand cela devient une habitude, la chose devient inconsciente, et ils finissent par raconter des mensonges auxquels ils croient eux-mêmes (soft bullshit).
Certains bullshitent parce qu’ils veulent paraître plus intelligent qu’ils ne le sont (hard bullshit).
D’autres pour obtenir des faveurs…
D’autres pour justifier, et rationaliser leurs insuffisances, leurs pulsions animales, et leur immoralité…
Énormément le font pour essayer de gagner artificiellement du statut social.
Pour détecter le bullshit, il vous faut une perspective qui englobe au moins deux éléments archétypaux, et fondamentaux :
- une philosophie de la rationalité
- une philosophie du mal
Il vous faut un logos, et un ethos…
Une façon de penser rationnelle, et une façon de penser éthique.
Pourquoi est-il si important de connaître les racines du mal ?
Parce qu’il ne peut plus nous surprendre quand on connaît ses intentions, et ses dynamiques.
Si vous comprenez la source de la souffrance, alors vous pouvez lui donner un sens, et la rendre plus tolérable.
Comprendre ce qui motive la vanité, l’hédonisme, le ressentiment, et la domination…
Et aussi les couches les plus sombres que sont le sadisme, la psychopathie, le machiavélisme, et le narcissisme…
Étudiez le Diable, l’enfer, et ses démons (qui ne sont que des métaphores de la nature humaine) si vous voulez anticiper votre adversaire, et ses stratégies de désinformation.
Les racines du mal
Tout n’existe que par contraste.
La lumière ne peut se percevoir sans obscurité.
La souffrance permet la conscience, parce que c’est elle qui nous rend conscient du Soi.
C’est d’abord par la douleur que vous savez que vous existez.
(D’ailleurs, vous venez dans ce monde par les douleurs de l’enfantement…)
C’est aussi elle qui donne le sens premier à l’existence, qui est donc d’abord négatif.
Tout n’existe que par contraste… et plus vous pouvez descendre bas, plus vous pouvez aussi monter haut.
Mais revenons les pieds sur terre.
Le Diable est un archétype qui s’incarne en complexes humains.
Lucifer est le démon de l’orgueil, qui croit pouvoir placer son intellect au-dessus de Dieu.
Il est l’esprit de la rationalisation, et du narcissisme.
Son bullshit est puissant, car il sait très bien mimer les codes de la logique.
Il n’a que l’apparence du Logos, et il se sert du langage principalement pour tromper (magie noire).
C’est l’ange déchu du mensonge, par lequel il règne, et se fait passer pour le créateur.
Son influence est telle dans le cœur des hommes, qu’on dit que c’est le prince de ce monde.
La plupart des personnes sous influence satanique n’en n’ont pas conscience.
Péché d’orgueil et dissonance cognitive
Certains s’offusquent quand je commence à parler de bien et de mal.
On ne peut parler de morale, sans invoquer une forme de religiosité.
Et cela les dérange, parce qu’ils pensent que la religion est quelque chose d’archaïque et de dépassée.
Produits de l’esprit du temps, ils croient que c’est une construction sociale arbitraire.
Pire que ça… vu sous le prisme du matérialisme, du marxisme, et du post-modernisme, ils pensent qu’elle n’est qu’un prétexte à la domination, et à l’intolérance.
D’autres, un peu plus sophistiqués, imaginent qu’elle n’est qu’un mécanisme de défense contre la peur de la mort (dans ce cas-là, pourquoi alors inventer des souffrances éternelles ?).
C’est pathétique au mieux, et cynique au pire.
Les gens font l’erreur de juger sans comprendre.
Il faut être très arrogant pour prétendre comprendre les mystères de l’ancien monde.
L’effet Dunning-Kruger, ça vous parle ?
Moins vous en connaissez sur un sujet, plus vous surestimez vos capacités.
Ce n’est pas parce que vous n’arrivez à comprendre un livre trop complexe, qu’il ne fait aucun sens.
Et vous n’avez pas besoin de savoir comment fonctionne une technologie pour pouvoir vous en servir.
« La foi n’est autre chose que la confiance raisonnable dans cette unité de la raison et dans cette universalité du verbe.
Croire, c’est acquiescer à ce qu’on ne sait pas encore, mais à ce que la raison nous rend sûrs d’avance de savoir, ou du moins de reconnaître un jour.
Absurdes donc sont les prétendus philosophes qui disent : Je ne croirai pas ce que je ne sais pas.
Pauvres gens ! si vous saviez, est-ce que vous auriez besoin de croire ?
Mais puis-je croire au hasard, et sans raison ? — Non certes !
La croyance aveugle et aventurée, c’est la superstition et la folie. Il faut croire aux causes dont la raison nous force d’admettre l’existence d’après le témoignage des effets connus et appréciés par la science. »
— Éliphas Lévi
La quête ultime
Les anciens ont hérité d’une science qui vient d’on ne sait vraiment où.
(Les légendes disent qu’elle vient du ciel, des anges, ou des esprits ancestraux…)
Aujourd’hui, il ne nous en reste que des fragments.
Les ruines des anciennes civilisations en sont les derniers témoins.
S’il y a bien une chose que les expériences mystiques peuvent révéler, c’est l’infinie complexité du mystère.
Et plus on l’explore, plus on se rend compte du peu qu’on sait, et plus les questions se multiplient.
Vous habitez un espace sémantique illusoire, et il est très difficile de dépasser le voile du langage, et de la culture.
Pour accéder à l’universel, il faut d’abord se défaire de ses biais, de ses conditionnements, et des dogmes tribaux contractés dans l’environnement.
Le but de la vie est une quête spirituelle et religieuse.
Pourquoi ?
Parce qu’on ne survit qu’en donnant du sens à l’existence, et que la quête du sens ultime de l’existence est indissociable de la religiosité.
Cette entreprise n’est pas différente de celle scientifique.
Elle aussi cherche à créer du sens, et à comprendre la vérité.
Cette vérité a qui fait tant miroiter les philosophes, et qui est censé être au-dessus de tout jugement.
Mais les mots ne peuvent exprimer des réalités ineffables.
C’est pour cette raison que l’expérience mystique ne peut être vécue que directement.
« Ce qui peut être dit, peut être dit clairement ; et ce dont on ne peut parler, il faut le passer sous silence. »
— Ludwig Wittgenstein. Tractatus logico-philosophicus
Conclusion
Le fait qu’il existe de nombreux fanatiques, et d’intégristes ne signifie pas tous sont insincères.
Le fait qu’il existe des faux billets de banques ne signifie pas que tous les billets de banque sont faux.
« Le sorcier est au magicien ce que le superstitieux et le fanatique sont à l’homme véritablement religieux. »
— Éliphas Lévi
Comment donner du sens aux choses, et à la vie ?
Il n’y a pas réponse qui s’applique à tout le monde, et à tout temps.
Les choses changent trop vite pour donner une réponse unique.
C’est à chacun de juger par soi-même, parce que chaque situation est unique.
La signification est le trésor caché de toute épreuve.
Sans elle, toutes les souffrances sont vaines.
Elle se trouve au fond de chacun, et est communiquée par la voix de la conscience.
Certains paradigmes chrétiens l’appellent le « Saint-Esprit », et disent que c’est par lui que Dieu communique avec chacun.
(Le mot « conscience », tel qu’on l’entend aujourd’hui n’existe qu’à partir du XIIème siècle.)
Le sens est avant tout un sentiment qui habite le cœur des hommes.
Ceux qui l’écoutent restent intègres (malgré l’environnement idéologique répressif qui les martyrisent), s’élèvent, et marchent avec Dieu (parce qu’ils affinent leur relation avec leur conscience).
Ceux qui la répriment deviennent des suppôts de Satan, livrés à leurs bas instincts, aux démons, aux idéologues, et aux tyrans.
Ils finissent par perdre leur individualité, et leur volonté propre.
Alors que les autres se réalisent, et deviennent qui ils sont vraiment.
Ils se rapprochent de leur identité véritable, qui est indissociable de la source.
— Geoffroy