L’aliénation est la maladie des temps modernes.
Elle est symptomatique de ce sentiment de vide intérieur.
Le nihilisme tue.
Toutes les intelligences sont dirigées vers des buts.
Le fait de n’avoir aucune finalité décrépit la personnalité.
Sans valeurs, plus rien n’a d’importance.
Comment sortir de cet enfer existentiel ?
Le dilemme de la perception
Le matérialisme est pathologique, parce qu’il nie qu’il existe un sens à l’existence.
Je ne prétends pas connaître sa signification ultime, mais je sais que pragmatiquement, certaines croyances créent des effets dévastateurs.
Comme l’expliquait Kant (et plus tard les partisans de l’interprétation de Copenhague), on ne peut connaître l’essence de la réalité.
Que croire quand on ne peut être sûr de rien ?
Un jour dans une discussion sur ces sujets, un ami me dit que lui, il ne croit en rien.
J’ai dû lui répéter trois fois que « croire en rien » est une croyance, avant qu’il ne réalise la contradiction.
Donc vous êtes obligé de croire en quelque chose, même si vous êtes profondément sceptique.
Le problème, c’est que les questions de croyances, de foi, ou même d’amour, sont profondément irrationnelles.
On ne peut vous forcer, ni vous convaincre, de croire, d’aimer, ou de rire.
La plupart des gens pensent fonder leurs opinions sur des faits rationnels.
En réalité, leurs rationalisations ne leurs servent qu’à justifier leurs a priori, et leurs pulsions inconscientes.
Vous ne voyez que vos préconceptions, et c’est là tout le dilemme de la perception.
La guerre de l’information
L’ingénierie sociale utilise des techniques de contrôle mental pour endoctriner les masses.
Les élites savent que si elles arrivent à dicter les croyances des individus, leur pouvoir est absolu.
Le consumérisme, le matérialisme, et l’individualisme poussés à leurs paroxysmes, sont des idéologies imposées, et créées de toutes pièces.
Étudiez l’histoire de la propagande, si vous n’en êtes pas convaincus.
Voyez comment on peut laver le cerveau de toute une génération, pour la convaincre d’aller mourir au front pour satisfaire un tyran mégalomaniaque.
Voyez comment on peut mettre le monde en quarantaine pour une épidémie pas plus grave que la grippe.
Voilà le pouvoir des médias, qui arrivent à dicter le réel, en construisant des narratifs qu’ils répètent en boucle, jusqu’à ce qu’ils s’imprègnent sur le subconscient.
L’individu moyen est dans une transe hypnotique, et a très peu de contrôle sur son esprit.
Au lieu de choisir, et de construire lui-même son tunnel de réalité, il réagit compulsivement à ce qu’on lui met en face des yeux.
Il ne pense pas, mais est possédé par des programmes mentaux, implantés par des volontés externes (pas forcément bien intentionnées).
La plupart de nos systèmes d’éducation sont hérités de ministères de propagande autoritaristes.
Ils servaient d’abord à créer de bons soldats, bêtes et disciplinés, qui obéissent sans réfléchir.
En temps de paix, l’école sert à former des masses salariales et ouvrières.
Elle façonne des mentalités d’esclaves, et de bons petits consommateurs compulsifs.
Une hallucination sémantique collective
Comment sortir de cette transe, et de ce conditionnement ?
D’abord en remettant tout en question (même ce qui semble être des évidences).
Le mental doit d’abord être souple, si vous voulez pouvoir le façonner à votre guise.
Que ce soit un médecin, un gourou, un politicien, un ami, un parent, ou vous-même… questionnez tout ce qu’ils disent.
Pensez en termes d’hypothèses et de probabilités, plutôt qu’en termes de certitudes absolues, et de vérités binaires (et aristotélicienne).
Créez votre propre synthèse évolutive, plutôt que d’accepter un dogme figé dans le temps.
Quand vous êtes sceptique, vous vous immunisez contre les volontés qu’on cherche à vous imposer.
Vous sortez de l’état hypnotique qui possède les masses.
La majorité préférera rester au milieu du troupeau, parce que l’expression de sa liberté de penser demande du courage.
La plupart ne veulent pas se faire remarquer, et préfèrent vivre dans une illusion confortable (c’est pour ça qu’ils détestent les agitateurs).
Ils sont mous et passifs… incapables de prendre la responsabilité de leur vie, et de leurs décisions.
Ils agissent seulement quand on leurs dit d’agir, ou quand ils se laissent entrainer par des mouvements de masse.
Sans le savoir, ils adhèrent à un culte… une idéologie qui les dévorera en premier.
« Donner aux hommes naturellement inégaux une liberté absolue, c’est organiser la guerre sociale ; et lorsque ceux qui doivent contenir les instincts féroces des multitudes ont la folie de les déchaîner, il ne faut pas être un profond magicien pour voir qu’ils seront dévorés les premiers, puisque les convoitises animales s’entre-déchireront jusqu’à la venue d’un chasseur audacieux et habile qui en finira par des coups de fusil ou par un seul coup de filet. »
— Éliphas Lévi
Être à la cause
Si vous n’apprenez pas à vous servir de votre esprit, alors vous serrez à la merci des volontés qui veulent se l’accaparer.
Vous serrez victime de l’ère du temps.
Soit vous êtes à la cause des effets, soit vous êtes l’effet des causes.
Soit vous réalisez votre volonté, soit vous êtes sous l’empire d’une volonté extérieure.
Les premiers deviennent des leaders, et prennent la responsabilité de leur existence.
Les derniers développent des mentalités de victimes (et en effet, ils le sont, mais ne se rendent pas compte que c’est un choix de leur part).
Récemment j’écoutais le podcast de Joe Rogan avec Sadhguru.
Comme beaucoup de gourous orientaux, il expliquait que vous êtes esclave de toutes les personnes envers qui vous avez des réactions émotionnelles.
Si vous arrivez à me mettre en colère, alors vous contrôlez mon état mental.
Tant que votre état intérieur est dicté par des circonstances extérieures, alors votre vie sera misérable, et à la merci de l’aléatoire.
Alors qu’au contraire, quand vous décidez de votre état intérieur, alors les circonstances n’ont plus d’importance.
Mais est-ce qu’un tel état de non-réaction est réellement possible ?
N’existe-t-il pas des situations tellement extrêmes, où il est impossible de ne pas réagir ?
Si vous lisez Viktor Frankl vous verrez que même dans les pires circonstances, il vous reste encore cette dernière liberté.
Ceux capables de rester eux-mêmes, même au milieu des enfers, sont ceux qu’on canonise comme des Saints.
Le pouvoir de l’intention
Être la cause, et ne pas subir les effets… là réside le vrai pouvoir.
La volonté est quelque chose qui se projette.
Elle magnétise et galvanise.
Si votre courant n’est pas assez puissant, il se laissera emporter.
Vous serrez facilement manipulable.
Quel est le point commun entre un athlète de haut niveau, un moine ascétique, un combattant, et un savant ?
La discipline… et le triomphe de l’intention.
Le sportif se bat contre la paresse, le prêtre contre les pulsions de la chair, le soldat contre sa peur, et le chercheur contre ses a priori.
Leurs œuvres renforcent leur volonté.
Elles s’opposent aux instincts animaux, et imposent une vision idéalisée.
Ils remportent la guerre céleste qui existe dans l’inconscient de chacun.
L’univers est mental (ou du moins, la perception que vous en avez l’est).
Il est constitué d’idées.
Si vous arrivez à former une image dans votre esprit, et que vous avez assez de volonté pour la projeter fermement, alors rien n’est impossible pour vous.
Votre vision doit advenir.
Mais la plupart sont trop mous pour être capable de commander quoi que ce soit.
Leur courant est trop faible pour accomplir quoi que ce soit de significatif, ou d’original.
Ils manquent de panache.
Leurs paroles sont vides d’intention.
Personne ne les prend au sérieux.
Leur aura est fragile, et leur volonté se brise à la moindre difficulté.
Ils ne font pas ce qu’ils disent, et ne finissent pas ce qu’ils commencent.
Alors que les autres sont obsédés par la victoire, jusqu’à la mort.
L’optimisme tragique
Comme déjà expliqué précédemment, la moyenne est dans la moyenne.
La multitude est condamnée à se retrouver dans la longue traine de la loi de Pareto.
Quel que soit le domaine d’accomplissement, très peu dépasseront le stade de débutant.
Pourquoi ?
Parce que la plupart des choses qui méritent d’être accomplies, demandent du courage, des efforts et des sacrifices.
Elles sont incroyablement difficiles à réaliser.
Vos chances de réussites sont très faibles.
Et pourtant, pour espérer être à l’avant-garde, il faut croire en l’impossible.
L’existentialisme appelle cette attitude « l’optimisme tragique ».
Et celui-ci doit :
- Être convaincu que la victoire finale est certaine
- Et pourtant être aussi totalement détaché du résultat
Vous devez prendre goût à l’effort, et finir par faire, juste par amour du travail bien fait.
Quand vous entrez dans cet état de flow, vous débloquez le secret de la performance, et de la productivité.
Les heures passent sans que vous vous en rendiez compte.
Votre routine est devenue tellement subconsciente, qu’elle se fait maintenant sans effort… et vous vous rendez compte même que vous y prenez plaisir.
C’est ce type d’endoctrinement que vous voulez vous auto-imposer.
Parce que si vous ne le faites pas vous-même, quelqu’un d’autre s’en chargera.
Reprogrammez votre subconscient à votre guise, plutôt que de le laisser s’imprégner de propagande, et de fanatisme.
Ancrer l’information
Il existe 3 façons d’imprégner le subconscient :
- Par la répétition
- Par le traumatisme
- Par la symbolique
C’est la sainte trinité de la publicité, et d’un branding qui marque les esprits.
On dit qu’une pub doit être vue 7 fois avant d’être effective.
Le traumatisme dans ce contexte fait référence a un contenu chargé émotionnellement (il n’est pas forcément négatif).
Les annoncent stimulent des pics affectifs… elles choquent, font rire, inquiètent, excitent…
Et finalement elles racontent des histoires qui véhiculent du sens.
Implicitement, ou explicitement, elles ont une finalité, qui est exprimée avec des symboles (parfois occultes, qui parlent le langage archétypal de l’inconscient).
Mais pour créer des bons fanatiques, prêts à mourir pour la cause, la meilleure chose à faire est de les endoctriner dès le plus jeune âge.
La propagande est bien plus efficace sur les âmes fragiles, que sur les esprits déjà formés.
L’enfance est une période de vulnérabilité critique, où l’on imprègne tout un tas de comportements, et de façons de penser indélébiles.
Pour réécrire ces empreintes profondes, il faut régresser à cette étape de développement antérieur.
C’est pour cette raison que Matthieu rapporte ces paroles du Christ :
« Si vous n’êtes changés, et si vous ne devenez comme de petits enfants, vous n’entrerez point dans le Royaume des cieux. »
Le « Royaume des cieux » fait référence aux circuits de conscience supérieurs (C5, C6, C7, C8).
La plupart de l’humanité est figée à des niveaux de conscience inférieurs (C1, C2, C3).
Elle peine à dépasser le circuit sémantique (C3), tandis qu’une autre grande partie est encore bloquée sur le circuit anal (C2).
Tant qu’on restera embourbé dans un mode de pensée égoïque et anal, les guerres, et les jeux de pouvoir resteront sans fin.
L’Equilibrium préliminaire
Comment développe-t-on les circuits supérieurs ?
D’abord en équilibrant ceux inférieurs.
« Equilibrium is the basis of the Work. If thou thyself hast not a sure foundation, whereon wilt thou stand to direct the forces of Nature?
Establish thyself firmly in the equilibrium of forces, in the centre of the Cross of the Elements, that Cross from whose centre the Creative Word issued in the birth of the Dawning Universe. »
— Aleister Crowley
Parfois, les traumatismes profonds, et les périodes de crise intense ouvrent des portes de réécriture.
(C’est pour cette raison que les propagandistes fanatiques n’hésitent pas à utiliser la terreur, la violence et le sadisme.)
La douleur psychique peut signifier la mort d’une structure neurologique, et conceptuelle, mal adaptée ou obsolète.
Une partie de vous, et de votre ancien monde s’écroule… mais c’est aussi l’opportunité de créer quelque chose de nouveau, sur des bases fraîches.
L’autre voie, plus lente et moins radicale, est celle de l’amélioration incrémentale.
Vous pouvez transformer votre personnalité par de petites actions répétées quotidiennement, qui finissent par s’ancrer dans le subconscient.
Mais cela nécessite de créer consciemment une vision pour le futur, et un effort de volonté pour la réaliser.
L’initiation se fait par palier.
Les différents degrés servent à préserver l’apprenti des déséquilibres qu’engendrerait un développement des circuits supérieurs sur des bases instables.
Le pouvoir vient avec des responsabilités, et si vos fondations ne sont pas solides, vous risquez de mettre en danger tout la structure.
La Science Occulte est cachée au profane pour une raison qui est bien légitime.
Ceux qui cherchent doivent se prouver dignes, avant de recevoir des réponses…
Conclusion
Tous les détails de ces choses sont abordés plus en profondeur, dans mon livre Manuel d’hygiène mentale, dont la deuxième édition sort la semaine prochaine.
Les guerres d’aujourd’hui sont principalement informationnelles.
Les combats sont idéologiques.
Le fanatisme, l’endoctrinement et l’autoritarisme se contrent par l’éducation, et la libre circulation de l’information.
Plus le monde deviendra interconnecté, plus il deviendra un village global où tout se sait.
Les tyrans ne peuvent tenir sans la censure, le mensonge, et le contrôle absolu de l’information.
Internet peut sauver le monde, en formant le cerveau global de l’humanité, unifié vers une même finalité.
Il est aussi un formidable moyen de propagande, quand ses connexions sont enclavées.
La décentralisation doit permettre à tout le monde d’agir de concert, comme un grand organisme, qui fonctionne de manière harmonieuse.
À ce stade, nous atteindront le stade ultime de l’intelligence collective.
— Geoffroy