Le conditionnement social crée des masses de zombis, de PNJ, et d’automates qui ne font qu’exécuter sans réfléchir.
Nous subissons tous un lavage de cerveau censé produire des citoyens respectables, dociles, et soumis à l’autorité.
Les gens croient au libre-arbitre, et ne se rendent pas compte de qui tire les ficelles.
Pour se défaire du contrôle mental, il faut apprendre à reprogrammer son système nerveux.
Réécrire ses circuits de conscience
On ne choisit pas :
- Sa génétique
- Sa famille
- Son environnement
- Sa culture
- Son caractère
Pourtant tous ces facteurs déterminent qui nous sommes, et comment nous percevons le monde, par l’empreinte et le conditionnement.
L’empreinte est un mécanisme redécouvert par un éthologiste, Konrad Lorenz, et qui confirme les observations des psychanalystes.
Celui-ci montre qu’il existe des périodes de vulnérabilité critique, où en fonction de l’expérience, l’individu va ancrer dans sa personnalité des comportements, et des croyances, qui vont l’influencer toute sa vie.
En termes simples : vous avez subi des traumatismes (positifs ou négatifs) qui dictent votre façon d’être.
Le conditionnement, lui, représente simplement la répétition d’une expérience, ou d’une information, jusqu’à ce qu’elle devienne automatique.
Vos parents, la société, et l’aléatoire de l’environnement sont responsables de ces programmes mentaux, que la plupart gardent jusqu’à leur mort.
Pour mieux les réécrire, à sa guise, il faut d’abord comprendre les périodes de développement, et les circuits neurologiques qui y sont associés.
C1 : le circuit oral
Le premier réflexe qui anime tous les êtres, jusqu’aux organismes unicellulaires, est celui d’attraction et de répulsion.
(Il existe même au niveau chimique, et atomique.)
C1 régule les comportements de fuite, face aux stimuli négatifs, et de poursuite, face aux stimuli positifs.
Le stress signale un danger pour l’intégrité de l’organisme, alors que le plaisir signale une opportunité de survie et de réplication.
Chez les mammifères (vous) le premier objet d’imprégnation est la mère.
La relation entre le nouveau-né, et cette dernière, va programmer la façon dont il traitera le danger, et l’exploration au cours de sa vie.
La mère est une version miniature du monde, puisqu’il est l’unique objet d’interaction, à ce stade.
Il est associé à l’oralité, parce que c’est par la bouche que le nourrisson exprime son individualité, principalement par le réflexe de succion.
Même à l’âge adulte, il reste des vestiges de cet automatisme.
Observez les gens, et voyez comment la tendance qu’ils ont à se toucher la bouche, à se ronger les ongles, à fumer, à sucer des bonbons, à macher du chewing-gum, leur stylo, un cure dent… ou autre chose…
Tout ces comportements sont liés à C1.
Une empreinte particulièrement traumatisante et négative à ce stade peut dégénérer vers des formes de schizophrénie ou d’autisme, et être lié à des troubles d’anxiétés et de dépression.
Morphologiquement, elle est aussi associée à un métabolisme endomorphe, de « gros bébé », où le corps est comme bloqué à un stade développement primaire.
Au niveau de l’attitude, elle se manifeste par un constant besoin d’attention, et un terrible sentiment d’indignité.
Quand ce circuit est équilibré, l’individu est à l’aise dans le monde, avec une tendance à aller de l’avant.
C2 : le circuit anal-territorial
Le second réflexe concerne les relations de pouvoir, et les hiérarchies sociales.
Les premiers conflits politiques intrafamiliaux se manifestent lorsque l’enfant apprend à marcher, et à aller à la selle.
Il se détache progressivement de la mère, devient véritablement membre d’un clan, et doit s’adapter à ses dynamiques.
C’est l’introduction de la notion de règles à respecter, et de la reconnaissance de l’autorité.
La principale chose à comprendre, à ce stade, est qu’il ne faut pas contrarier l’alpha, ou quiconque se situant au-dessus de lui la hiérarchie sociale.
Sinon il se fait gronder (dans le meilleur des cas).
Pour l’instant il est encore trop petit pour pouvoir rivaliser, mais viendra un moment où il aura peut-être les capacités, et les ressources pour lutter.
Il apprend donc à obéir, à contrôler son agressivité, et à reconnaître les dynamiques de statut.
Le stade précédent est matriarcal, et gouverné par la figure maternelle. Alors que C2 est patriarcal, et gouverné par la figure paternelle.
En fonction de l’empreinte, l’enfant va développer un tempérament soit dominant, défiant, et confiant, soit soumis, docile, et timide.
En cas d’absence de figure patriarcale, elle peut dégénérer en criminalité, en narcissisme, en psychopathie, et en sadisme.
Dans le cas inverse, si elle est particulièrement traumatisante, elle peut s’incarner par une soumission pathologique à toute forme d’autorité, et une incapacité à défendre ses intérêts. (Les fameuses personnes trop gentilles.)
C2 est responsable de toutes les tyrannies, et des agressions, parce qu’il régule les jeux de pouvoir et d’égo.
Quand il est équilibré, l’individu est capable de s’adapter aux situations sociales, à mener quand il est compétent, et s’effacer quand il ne l’est pas.
Adulte, c’est un bon parent, strict mais juste.
C3 : le circuit sémantique
Ici on sort du règne animal, pour rentrer dans les circuits propres aux humains.
En effet, nous sommes la seule espèce sur Terre à avoir la capacité à manipuler des symboles, et à créer des langages complexes.
Oui, vous pouvez apprendre quelques mots à votre chien, mais celui-ci répond en fonction de votre langage non-verbal, et des associations par conditionnement, et pas en fonction des abstractions que vous communiquez.
Ce stade de développement correspond à l’acquisition de la parole, et du langage.
Il définit l’intelligence d’une personne, et sa capacité à articuler des idées, à se représenter des concepts, à se souvenir du passé, et à anticiper l’avenir.
C’est le circuit qui régule l’innovation et la science.
Grâce à lui, nous pouvons transformer l’expérience en information, et la transmettre à d’autres, ailleurs dans l’espace-temps.
Vous pouvez encore aujourd’hui, grâce à l’écriture, recevoir des signaux de Platon, 2500 ans après sa mort.
Ce mécanisme est responsable de l’explosion exponentielle de la connaissance, de la technologie, et de l’industrie.
Chaque génération bénéficie de toutes les découvertes passées, et peut donc se focaliser sur de nouveaux problèmes.
En fonction des artéfacts culturels que l’enfant va manipuler, il va imprégner une certaine vision du monde, une philosophie, et des systèmes de croyances.
L’empreinte court le risque de dégénérer en possession idéologique, en nihilisme, en extrême rationalisme, en scientisme, et en cynisme.
S’il n’est pas stimulé à ce niveau, il aura des retards de langage, et une pensée incohérente… Il sera perçu comme bête et stupide.
Quand elle est équilibrée, elle se manifeste par un esprit critique affuté, et une grande capacité à traiter de l’information.
C4 : le circuit moral-socio-sexuel
La dernière phase avant de devenir un adulte est l’adolescence et la puberté.
C’est à ce moment que l’individu va imprégner une morale socio-sexuelle, des tabous, et des fétiches.
On peut considérer C4 comme un instinct religieux et esthétique.
Dans toutes les sociétés primitives, la sexualité, le culte et le sacré sont intrinsèquement liés.
Dans les religions ultérieures, cette association devient principalement symbolique, quand elle n’est pas totalement réprimée.
Pourtant ce sont toujours les grands prêtres (ou tout autre substitut d’autorité morale), qui encadrent les règles de reproductions.
Par le passé, le moment d’imprégnation était conditionné par le rituel du mariage, qui avait pour but de programmer la monogamie, et l’hétérosexualité.
(Quelle est l’autorité religieuse d’aujourd’hui qui essaye d’imposer ses règles socio-sexuelles ? Et pourquoi cible-t-elle particulièrement les adolescents… Ne répondez pas si vous ne voulez pas finir sur le bûcher de la nouvelle inquisition.)
Les premières expériences romantiques et sexuelles conditionnent ce circuit, et définiront goûts et les attirances futures.
Il est aussi celui qui régule les notions de bien et de mal.
Les sociétés passées tentaient de programmer avec grande industrie la moralité du clan sur ses adolescents.
Le contrôle de la sexualité servait à contrôler l’évolution des populations futurs, et à réduire l’aléatoire dans les processus de reproduction.
Une empreinte particulièrement traumatisante sur C4 peut se traduire par une extrême frigidité.
Quand il est équilibré, la personne assume sa sexualité, et est à l’aise avec.
Des marques indélébiles
En réalité, la recherche sur la réécriture des empreintes est plutôt pessimiste.
Elles sont très dures à changer.
Il existe par exemple des cas répertoriés d’enfants sauvages, qui ont grandi totalement isolés de la civilisation, et à qui on essayait tardivement de leur apprendre le langage.
Même après beaucoup d’efforts et d’entraînement, les résultats sont décevants.
Pareillement pour les stades de sociabilisation (C2). S’ils sont ratés, et que l’enfant n’a pas appris à interagir avec les autres, toute sa vie il aura des difficultés à être quelqu’un de sociable et de coopératif.
Souvent, sont seul mode d’être se résumera à l’agression. Commence alors sa vie de paria, de marginal, voire de criminel.
Même s’ils ne l’avaient pas formulé selon ce modèle, les anciens connaissaient très bien ce mécanisme d’imprégnation, et les stades de développement.
À chaque étape d’ancrage était attribuée une cérémonie, et un rite de passage.
C’est vrai dans les sociétés archaïques, mais aussi dans les grandes religions.
Le baptême, la communion, la confirmation, et le mariage servaient cette fonction d’encadrement de l’empreinte.
Une des conséquences de la désacralisation, de la rationalisation, et du désenchantement du monde, est que cette structure a été oubliée, parce que considérée comme obsolète et superstitieuse.
Aujourd’hui, l’imprégnation des circuits de conscience se fait chaotiquement selon les aléas de l’aléatoire.
Résultat : la formation de masses d’individus psychologiquement déséquilibrés, et complétement déracinés.
En tuant tout ce qu’il y a de sacré, nous avons créé des épidémies de maladies mentales.
Transformation et métaprogrammation
Toute transformation profonde de la personnalité est indissociable d’une expérience religieuse.
(Je ne parle pas ici du dogme, mais plutôt de l’expérience subjective et phénoménologique.)
Il s’agit toujours d’une mort, et d’une renaissance.
L’ancien « moi » doit être sacrifié pour pouvoir être recréé.
C’est ce que symbolise le Christ, Horus, le Phénix, et le cycle solaire. (Ce sont quelques-uns des symboles archétypaux de transformation.)
Les anciens avaient déjà identifié les quatre premiers circuits de conscience, qu’ils indexaient sur les quatre Éléments fondamentaux de la philosophie occulte.
C1 = Terre, C2 = Eau, C3 = Air, C4 = Feu.
Quand on comprend cela, le langage métaphorique des alchimistes prend une nouvelle dimension.
La Croix désigne aussi les Éléments.
Le Christ, symbole solaire du soi, représente l’équilibration de ces forces fondamentales qui gouvernent l’existence.
Tous les systèmes initiatiques recréent symboliquement la mort et la renaissance du néophyte.
Aussi, ils ont tous des rituels et des épreuves qui sont associés aux quatre Éléments.
Le subconscient peut être imprégné de trois façons :
- Par le symbolisme
- Par le traumatisme
- Par la répétition
Voici pourquoi toutes les pratiques magiques et religieuses se servent des trois (et la publicité aussi).
La théâtralité des cérémonies sert à marquer les couches les plus profondes de la psyché, et à stimuler l’imagination.
Toutes les formes d’initiation servent à actualiser la personnalité, et à créer une nouvelle façon d’être.
Conclusion
Les modernes ont besoin de comprendre pour croire.
L’initiation, et l’expérience religieuse sont les seules technologies connues pour transformer la personnalité, et reprogrammer le système nerveux.
Si vous lisez les douze étapes thérapeutiques des Alcooliques Anonymes, vous verrez qu’il s’agit d’un culte.
Pareillement, les techniques de psychanalyse miment le chemin initiatique du héros mythologique, qui doit se plonger dans les profondeurs de l’inconscient, et affronter les ténèbres, pour en ressortir métamorphosé.
Tous les héros séjournent quelques temps en enfer, et confrontent les monstres des profondeurs.
Dans la plupart des cultures, ce périple était acté régulièrement sous forme de cérémonies (à Noël, au solstice d’hiver).
Grâce à elles, ils accédaient à des modes de cognition qui transcendent les quatre premiers circuits de conscience.
On sait depuis longtemps que certaines substances psychédéliques induisent des expériences religieuses.
Elles étaient considérées comme des portes vers les mondes des dieux dans les anciens cultes.
Aujourd’hui de nombreuses recherches (notamment celles de Roland Griffiths) montrent leur portée thérapeutique dans les domaines de l’addiction, de l’anxiété, et de la dépression.
Mais déjà dans les années 70, des chercheurs comme Timothy Leary, ou John C. Lilly, avaient découvert qu’elles permettaient des opportunités de reprogrammation.
Cependant, il est à noter que ce n’est pas la substance qui semble soigner, mais plutôt l’expérience mystique qui lui est associée.
Transcender son conditionnement social, et ses empreintes, n’est pas une tâche facile, ni sans risque.
Outre le risque d’aggraver son cas (il n’y a qu’un pas entre la guérison et la folie), la plupart des tyrans ne veulent pas d’individus libres et réalisés, mais des robots et des esclaves bien programmés.
Beaucoup de ceux qui osent aborder ces sujets ont fini sur le bûché, excommuniés, emprisonnés, morts, lynchés ou socialement suicidés.
Le contrôle mental est un enjeu politique avant tout.
— Geoffroy