Les principales guerres, aujourd’hui, sont plus idéologiques que physique.
Nous sommes bombardés de constantes campagnes de démoralisation.
Il existe bel et bien des esprits qui œuvrent dans l’ombre pour la destruction de la civilisation.
Ayant été eux-mêmes submergé par le chaos, ils deviennent les agents, et les sbires, de ce dernier.
À grande échelle, ils sont ceux qui organisent des tueries dans les écoles, ceux qui se font sauter dans des lieux publics, et ceux qui torturent pour le plaisir.
L’humain est profondément sadique, et trouvera toujours mille une façon originale de répandre la corruption.
À moins d’agir consciemment contre l’entropie, l’âme est condamnée à l’enfer, et à la souffrance.
Les racines du mal
J’ai passé beaucoup de temps à étudier les horreurs de la guerre, et des états totalitaires.
J’ai aussi lu les écrits, et les agissements des pires tueurs, et violeurs, en série.
Ceux qui perpétuent ces atrocités ont une philosophie très précise.
Dans le meilleur des cas, ils sont juste possédés idéologiquement par un discours opposant victime et bourreau (à annihiler).
(Il n’y a pas d’un coté les gentils, et de l’autre les méchants ; Dieu et le Diable vivent en chacun.)
Mais dans le pire des cas, ils pactisent littéralement avec l’esprit du mal.
Nihilistes, ils croient que la vie n’a pas de sens, et prêchent le relativisme moral.
Ils souffrent (comme tout le monde), et développent du ressentiment envers l’existence.
Dans un esprit de vengeance, ils commencent alors à œuvrer pour la destruction de l’être.
En général, le ruminement de la haine, et de la rancœur, prend un certain temps, avant qu’elles ne s’incarnent dans des plans machiavéliques. (Mein Kampf fut écrit en prison.)
Le plus terrifiant, c’est que la plupart du temps, leurs arguments sont cohérents, et tiennent dans un système logique.
Tel est le pourvoir de la rationalité : de se convaincre de ses propres créations.
“The poverty of Western academia in the fields of psychology, philosophy and theology is highlighted by their failure to respond radically and passionately to the idea, the assumption, that life is meaningless.
Perhaps it requires the aptitude of a highly sensitive and perceptive serial killer to spell out the consequences of this belief.
Without God, everything is permitted.”
— Ian Brady – The Gates of Janus
Bien que la plupart n’agiront pas directement sur leurs fantaisies, on sait qu’environ 5% de la population a des traits de personnalité psychopathiques, antisociaux, narcissiques, pervers et sadiques.
Sauver la culture
En occident, notre système de valeurs traditionnelles s’est effondré avec les Lumières, et l’avènement de l’âge de la raison.
« Dieu est mort » disait Nietzsche :
« Le christianisme est un système, une vision des choses totale et où tout se tient. Si l’on en soustrait un concept fondamental, la foi en Dieu, on brise également le tout du même coup : il ne vous reste plus rien qui ait de la nécessité. »
— Le Crépuscule des idoles
Il prédit que ce vide existentiel serait un nid à tyrannies et à atrocités. L’histoire de XXème siècle lui donna raison.
La plupart approchent la religion de deux façons :
- Soit ils la considèrent comme un amas de superstitions sans valeur, destiné au contrôle des populations, et la rejettent en bloc, à cause de ses contradictions.
- Soit ils sont tellement désespérés de ne trouver aucun ordre dans l’univers, qu’ils adoptent strictement des dogmes archaïques, sans esprit critique.
Les premiers ne croient en rien, et sont des athées aigris, qui ne savent distinguer les perles de sagesse ancestrale.
Les seconds croient en tout, et sont des intégristes fanatiques.
Dans l’article précédent, j’expliquais qu’il existait trois phases au développement d’un circuit de conscience :
- La réception
- L’intégration
- La transmission
La réception est une phase d’absorption passive de l’information (dogmatisme).
L’intégration est une phase de remise en question de l’information (rationalisme).
La transmission est une synthèse des phases précédentes, et représente un ordre de cohérence supérieur.
Nous ne pouvons pas revenir à des dogmes poussiéreux et obsolètes. C’est trop tard, nous en savons trop.
Mais il faut aussi reconnaître que le nihilisme (l’absence de sens) est destructeur.
Notre dilemme est donc de construire un idéal, et une vision, qui s’accordent avec ces deux pôles opposés.
Intégration et différentiation
Les anciens parlaient en métaphores.
L’enfer existe, mais sur terre.
C’est la conséquence phénoménologique de mauvaises décisions (ou d’absence de décision).
Le terme « péché » vient originellement d’un mot hébreu souvent traduit par « manquement ». Il est lié au fait de rater une cible.
Une cible suppose une finalité.
On ne peut atteindre quelque chose qu’on ne vise.
Dans le paradigme dantesque, ne pas servir d’idéal supérieur vous envoie dans les premières couches de l’enfer. (Là où résident les âmes errantes.)
Suivre avidement ses instincts, et ses passions, vous plonge encore un peu plus profond, dans les domaines de l’addiction.
Les pires châtiments sont réservés aux traites, et à ceux qui œuvrent consciemment à la destruction de l’être.
Dante décrivait l’enfer comme un gouffre, parce que comme dans une pente descendante, plus on prend de l’élan, plus on prend de la vitesse, et plus il est difficile de faire demi-tour (jusqu’au point de non-retour).
Sa vision est un exemple de comment on peut synthétiser les phases de réception, et d’intégration de l’information.
En effet, sa philosophie se base sur des principes chrétiens, sans pourtant les chérir comme des dogmes.
Pour preuve : son guide à travers le monde infernal est Virgile, un philosophe de l’antiquité (symbole de la rationalité). Il peuple également ce dernier, de papes et de cardinaux.
Dante a su confronter les dogmes de son temps à son esprit critique, sans pour autant les rejeter en bloc, sans distinction.
Son esprit est la synthèse d’un processus original de réception, et d’intégration.
En bref, il a créé sa propre philosophie, en étudiant les pensées de ses ancêtres, tout en les passant au crible de sa propre raison.
Il a intégré certains éléments, et s’est différentié d’autres, pour créer sa propre synthèse subjective.

La citadelle des sciences
L’évolution est un processus qui atteint des ordres de cohérence toujours supérieurs.
Que ce soit au niveau de l’individu, ou des espèces ; ils se complexifient tous avec le temps.
À chaque stade de développement, de nouveaux défis apparaissent.
Les générations présentes sont les synthèses des précédentes.
La science fonctionne aussi selon les mêmes principes : elle intègre la connaissance passée, et la confronte avec son expérience actuelle, pour créer de nouveaux modèles.
Quand elle est trop focalisée sur ses théories, elle finit par devenir dogmatique.
La nouvelle religion est scientiste, matérialiste et nihiliste.
Ses grands prêtres sont les chercheurs, les médecins, les professeurs, et les éditeurs accrédités par les institutions (tous les autres sont de faux prophètes).
Son inquisition est dirigée vers les idéalistes, et tous ceux qui osent remettre en question le paradigme qu’ils chérissent.
La science est au cœur de jeux de pouvoir, de lobbys financiers, et de guerres idéologiques.
La plupart des institutions sont corrompues.
Les universités sont devenues des machines de propagande, où vous obtenez votre diplôme seulement si vous êtes capable de régurgiter correctement le dogme.
Mais internet a déjà commencé à mettre fin à leurs tyrannies.
L’information et la connaissance sont devenues libres et faciles d’accès.
Ils tremblent à voir qu’ils ne détiendront bientôt plus le monopole du savoir, et qu’ils perdent l’approbation du public.
Leur citadelle est en train de s’effondrer.
Terrible nouvelle de savoir que qu’ils n’auront bientôt plus le droit de dicter le réel aux masses.
Les libres penseurs ont toujours été la némésis des dictateurs.
L’éternelle inquisition
On peut presque déduire l’intégrité d’un chercheur par son degré de controversion.
Si vous ne dérangez personne, c’est que vous ne pensez pas par vous-même.
Toutes les révolutions scientifiques ont été amorcé par des personnes qui se sont fait lyncher pour leur discours, et qui ont osées remettre en question le paradigme institutionnel.
Socrate fut contraint à boire la cigüe pour avoir enseigné la philosophie.
Galilée se vit condamné par les autorités pour ses théories héliocentriques.
Giordano Bruno mourra brulé vif par l’inquisition…
Les idées psychanalytiques furent accueillies avec le même esprit de censure. De même pour la relativité d’Einstein, et la physique quantique.
Plus récemment, Wilhelm Reich mourut dans une prison américaine en 1957, notamment pour ses travaux sur l’Orgon, la sexualité et la fonction de l’orgasme, et sa critique du fascisme.
Timothy Leary fut aussi condamné en 1970 à 25 ans de prison, après que Nixon l’ait nommé « l’homme le plus dangereux du pays », pour ses expériences sur les drogues psychédéliques.
Encore aujourd’hui, tous les scientifiques qui ne rentrent pas dans le rang sont constamment harcelés et ridiculisés de toutes parts.
Rupert Sheldrake, Dean Radin ou Avi Loeb continuent d’être décriés comme « pseudoscientifiques ».
D’autres sont justes « cancel ». Comme ils ont essayé avec Jordan Peterson, qui s’est vu retirer son droit d’enseigner, et à qui on demande une rééducation aux réseaux sociaux.
Les nouvelles découvertes ne sont jamais accueillies à bras ouverts, et rencontrent toujours beaucoup de résistance.
Thomas Kuhn, dans La structure des révolutions scientifiques est sûrement celui qui a le mieux décrit ce phénomène.
Il faut en général attendre une génération, pour qu’une nouvelle théorie soit finalement acceptée, et qu’elle intègre le paradigme.
Propagande et domination
Certains défendent des idées, non pas parce qu’ils croient qu’elles sont vraies, mais parce qu’elles justifient leur domination, et leur pouvoir.
C’est le cas en politique, évidement, mais aussi dans les académies.
Il existe un mécanisme psychologique qui fait que plus vous exprimez une idée publiquement, plus vous sentez le besoin d’être cohérent avec celle-ci.
Plus vous investissez du temps à défendre une opinion, plus vous vous identifiez à elle, et plus vous devenez dogmatique et psychorigide.
Imaginez que vous ayez passé 25 ans à enseigner un cours de biologie, et que quelqu’un vienne pointer des anomalies et des contradictions dans votre théorie.
Cet individu ne remet pas juste en cause vos idées. Il questionne indirectement vos compétences, votre méthodologie, votre autorité, votre légitimité, votre philosophie et ses axiomes…
En soi, il menace votre ego. Et plus vous êtes identifié à vos croyances, plus vous ressentez le débat comme une agression.
Quand on est vaincu sur le plan logique et rationnel, la dernière stratégie qu’il reste c’est la domination, le sophisme, et la démagogie.
C’est à ce moment que le ton monte, que l’on tente de ridiculiser, de lyncher, et de faire taire.
Ils vous diront que vous ne pouvez avoir d’avis sur la nature de la réalité si vous n’avez pas un doctorat en physique théorique, et un accélérateur de particule sous la main.
Ou encore, que la science n’est intelligible que par une petite élite, et que le commun des mortels ne peut comprendre ces hautes vérités.
Pendant des siècles, quasiment toutes les découvertes majeures ont été faites par ce qu’ils considéreraient aujourd’hui comme des amateurs. C’est-à-dire des personnes qui pratiquaient la science par passion, sans rémunération, sans le soutien d’une quelconque institution.
Les mécanismes de domination restent les mêmes à travers les époques.
Bien que la forme puisse changer, la finalité de la propagande est toujours la même : légitimer le pouvoir.
Conclusion
Il est vrai que la vérité, en soi, est inconnaissable.
L’objectivité est un mythe. L’essence de la réalité reste imperceptible.
Cependant, il existe un autre type vérité : celles qui sont morales et pragmatiques (phénoménologique).
Certaines décisions accentuent la souffrance, alors que d’autres la rende plus supportable.
Mais ce n’est pas la science qui nous informe de ces choses-là.
Le témoin de ces sensations, c’est la conscience.
Elle vous indique constamment, par votre ressenti, si ce que vous observez est conforme à votre idéal.

Dans la théologie chrétienne, il est dit que seul le péché contre le Saint-Esprit ne sera pas pardonné.
Cela signifie que travestir son mécanisme de perception annihile le système d’orientation. S’en suit un chaos monstrueux.
Alexandre Soljenitsyne pensait la tyrannie n’était rendu possible que lorsque tout le monde cessait d’exprimer sa véritable opinion.
Certaines personnes sont tellement habituées à mentir sur tout et n’importe quoi, qu’elles finissent par se convaincre elles-mêmes.
À ce stade, la folie est à deux pas de les submerger, puisqu’elles déforment, sans même le savoir, toutes les informations qu’elles manipulent. La bonne foi leur devient totalement étranger.
Ceux-là creusent un véritable gouffre, pour eux-mêmes, et les autres.
C’est pour cette raison que nos sociétés sont basées sur le droit fondamental de la liberté d’expression.
Car sans elle, toutes les structures s’effondrent, que ce soit au niveau individuel ou collectif.
— Geoffroy