Le chaos mental se ressent subjectivement comme du stress.
Quand on ne maîtrise pas son esprit, il part dans tous les sens.
Il doit être focalisé dans une direction, pour pouvoir être ordonné et harmonieux.
Sinon il restera soumis à l’aléatoire, et à l’entropie psychique.
Ordo Ab Chaos
Il existe plusieurs façons d’organiser sa pensée.
Les deux principales sont :
- Par l’écriture
- Par la réalisation d’une vision
Écrire, c’est penser consciemment, plutôt que compulsivement.
Tant que vous n’articulez pas vos idées, vous ne savez pas ce que vous pensez.
Le dialogue est un autre moyen qui permet ceci.
Cette capacité à créer du sens, est le remède ultime contre la tragédie de la vie.
Les anciens l’appelaient le Logos, et mythologiquement, il est considéré comme créateur de mondes. (Quand il « se fait chair », il est le sauveur du monde.)
C’est la force qui crée l’ordre à partir du chaos, et qui rend le cosmos habitable.
C’est la structure dissipative qui transforme l’entropie, et l’aléatoire, en énergie, et en patterns harmonieux.
C’est le dragon qui cache un trésor.
Donner du sens à l’existence a aussi psychologiquement un effet thérapeutique.
L’inconnu est terrifiant.
Mais quand on arrive à le cartographier, l’anxiété diminue, parce qu’il perd une partie de son mystère.
L’inconnu, exploré, ce n’est plus l’inconnu… c’est un territoire conquis.
Le pouvoir des mots
Vous habitez plus des espaces d’abstractions, qu’un monde physique objectif.
Vous êtes un explorateur des territoires sémantiques… un chercheur de sens.
Vous percevez le monde à travers une matrice linguistique.
Plus vous articulez ce que vous savez, votre histoire, et votre vision pour le futur… plus vous avez de contrôle sur votre monde.
Vous réduisez les zones d’ombre, et devenez de plus en plus omniscient.
Vous ne vous laissez plus infecter par les virus mentaux qui se propagent dans l’idéosphère.
Dans l’Égypte ancienne, un des dieux les plus vénéré était Thot.
Il était associé à l’écriture, à la communication, et aux sciences occultes.
Son équivalent grec est Hermès (ou Mercure chez les romains).
On dit que c’est lui qui nous a légué la tradition magique occidentale, aussi appelée « hermétisme ».
Dans l’ancien monde, l’écriture était considérée comme sacrée, et dotée de pouvoirs divins.
Le langage est littéralement ce qui nous distingue du monde animal, et nombre de technologies ne pourraient exister sans ce dernier.
Nos ordinateurs fonctionnent grâce à des langages informatiques… grâce au pouvoir « magique » de l’écriture.
Mais ce n’est qu’une de ses dimensions.
Un manager aussi dirige son équipe par le pouvoir de la communication.
Une entreprise vend par le pouvoir de la persuasion.
Un président est élu par le pouvoir de son éloquence…
Le langage est un outil puissant qui permet de sculpter son environnement.
Apprendre à communiquer est donc l’une des compétences les plus importantes à développer.
Pourquoi écrire ?
Les personnes les plus articulées à l’oral, le sont parce qu’elles ont passé beaucoup de temps à écrire.
Elles ont tendance à penser consciemment, plutôt que compulsivement.
L’écriture est la base de toutes les formes de communication.
Tout le contenu audiovisuel que vous consommez est produit à partir de scripts.
Toutes les idéologies que vous avez contractées ont d’abord été posées sur le papier.
Tout discours politique, toute campagne de marketing, toute publicité, et tout contenu informatif ou divertissant… existent d’abord sous forme écrite.
La mise en forme est secondaire.
C’est le fond qui prime.
Et c’est une bonne nouvelle pour ceux qui ont des moyens modestes.
Pas besoin de caméra à 8000€, de gros logiciels et de pc de montage, de décors chers et encombrants…
Tout ce qu’il vous faut pour commencer… c’est votre esprit (et un logiciel de traitement de texte).
Pourquoi écrire ?
Pour plusieurs raisons :
- Ça organise la pensée
- C’est thérapeutique
- Ça permet de produire du contenu
- C’est une compétence lucrative
- Ça permet de créer une vision pour le futur
- Ça améliore la communication
- Ça aide à persuader
- C’est une façon de laisser une trace dans ce monde
- C’est la meilleure façon de créer du sens
Quand vous prenez l’habitude d’écrire, vous devenez incisif… et un adversaire coriace.
Certains écrivains ont fait tomber des empires, juste par le pouvoir des mots.
S’abreuver à la source
La qualité de ce que vous produisez dépend de la qualité de l’information que vous consommez.
Si vos principales sources sont les médias mainstreams, ou TikTok… et bien vos idées seront médiocres et prosaïques.
On peut facilement repérer une telle personne, parce que tout ce qu’elle dit est totalement prévisible, et teinté d’idéologie.
Elle est comme possédée par des idées qui ne sont pas les siennes, et qu’elle répète bêtement et machinalement.
Le savoir est une arme.
C’est pour ça que les tyrans préfèrent gouverner sur des masses stupides.
Où trouve-t-on la meilleure qualité d’information ?
Généralement dans les livres, et les articles scientifiques.
La lecture propose le meilleur ratio entre le temps de consommation de l’information, et l’assimilation.
On trouve aussi de bonnes ressources au format vidéo et audio, mais le ratio est moins bon (il faut plus de temps pour apprendre).
Une heure de lecture équivaut à trois heures de cours classiques.
La plupart des auteurs (à moins qu’ils ne soient romanciers ou journalistes) ne font que synthétiser les idées des autres.
Un livre n’est qu’une collection de citations, et de paraphrases.
C’est considéré comme du plagiat seulement quand on ne cite pas ses sources.
Personne n’invente rien de nouveau.
On ne fait que remixer des idées, et des concepts, qui existent déjà dans la culture, et l’idéosphère.
Mais ça reste tout de même un travail nécessaire, parce que la connaissance doit être actualisée, et articulée en un langage contemporain (qui parle à tout le monde).
Un outil thérapeutique
Écrire, c’est aussi un moyen d’introspection puissant.
Il existe littéralement des formes de thérapies solitaires, qui fonctionnent par un travail autobiographique.
Comme dit au plus haut, le sens est le meilleur remède face à la tragédie de la vie.
Et le fait de mettre des mots sur le passé permet d’en tirer de la signification.
Si vous avez vécu un événement traumatique il y a plus de 9 mois, et qu’il a toujours un impact psychologique sur vous… et bien cela signifie que vous n’avez pas encore traité l’information.
Neurologiquement, elle est bloquée au stade thalamique (partie du cerveau instinctif et animal, qui régule l’impulsivité, et les besoin primaires).
Quand vous traitez correctement l’information, elle migre vers les régions corticales (partie du cerveau rationnelle, logique et articulée).
Cela signifie qu’une réaction émotionnelle se transforme en abstraction sémantique.
Le traumatisme devient une connaissance pratique, et perd de sa tension affective.
C’est comme ça qu’on grandit et qu’on évolue : en transmutant la peine en sagesse.
Et c’est une bonne nouvelle, parce que plus on est sage, moins on fait d’erreurs, et moins on souffre (du moins à cause de ses propres insuffisances).
L’autre solution consiste à ignorer, et à réprimer le traumatisme.
Mais c’est une course en avant.
Plus on ignore un problème, plus il prend de l’ampleur… jusqu’à ce qu’il finisse par nous engloutir totalement.
S’autodiagnostiquer
Peu de gens ont le courage d’être mis en face de leurs propres contradictions.
Personne n’aime avoir tort (et encore moins en public).
Plus on est fanatique, plus on a de mal à changer de façon de penser.
Pourquoi ?
Parce que lorsque l’on fonde sa personnalité sur une idéologie, et bien la destruction de l’idéologie signifie la destruction de la personnalité. (On appelle ça aussi la « dissonance cognitive ».)
Et c’est quelque chose de très désagréable à subir.
C’est pour ça que vous ne pouvez raisonner des gens idéologiquement possédés.
Pour eux, c’est une question de survie psychologique, et d’identité.
Ce serait l’effondrement d’un monde connu et confortable… pour laisser place à quelque chose de nouveau, d’inconnu, et de terrifiant.
Pourtant, c’est la seule façon d’actualiser sa personnalité : en laissant mourir les parties de soi fondées sur des mensonges, ou des erreurs.
C’est pour cette raison que dans de nombreuses mythologies, ce thème de la renaissance est si central.
Quand vous écrivez ce que vous pensez, il y a de grandes chances qu’en vous relisant, vous voyez vos propres contradictions.
C’est beaucoup plus difficile d’être de mauvaise foi, et malhonnête avec soi-même, quand on a ses propres mots en face des yeux (même si certains y arrivent très bien).
C’est comme si vous faisiez le ménage dans votre esprit.
Vous vous rendez compte des mensonges confortables que vous vous racontez, de vos erreurs de logique, de vos défauts de personnalité…
Tout ce que vous communiquez au monde est teinté par qui vous êtes.
Quand on travaille sur soi… on travaille aussi sur ce qu’on peut offrir.
Personne ne peut vous forcer à changer.
C’est à vous de le vouloir. C’est à vous de faire le travail.
C’est à vous de décider d’ouvrir les yeux sur qui vous êtes, et sur ce que vous pouvez faire pour améliorer la situation.
Un idéal à accomplir
La dernière chose que peut vous apporter l’écriture : c’est une vision pour le futur.
Si vous n’avez pas de plan pour l’avenir, alors le présent n’a pas de sens.
Et ce vide existentiel est forcément anxiogène.
Se fixer un objectif, c’est prendre le risque d’échouer, et d’être déçu.
Vous ne pouvez pas vous planter si vous n’essayez pas.
Mais la lâcheté se paye tôt ou tard (et avec intérêts).
Si vous écrivez exactement ce que vous voulez, vous créez un référentiel pour mesurer votre progression.
Vous savez où vous êtes, et où vous voulez aller.
Et toute votre perception se réarrange vers cet idéal.
Vous ne voyez littéralement plus le monde de la même façon.
Vous ignorez ce qui est insignifiant, et êtes attentif aux opportunités.
Pour définir une stratégie, il faut partir de l’abstrait jusqu’au concret :
- Imaginez votre idéal.
- Choisissez un délai raisonnable d’accomplissement.
- Définissez des routines mensuelles, hebdomadaires, et quotidiennes.
« Raisonnable » ça ne veut pas dire :
« Je veux gagner 10 millions en 6 mois sans aucune expérience. »
Ni :
« Je vais être champion du monde de MMA en m’entraînant une fois par mois ».
L’autre spécimen, c’est celui qui a lu tous les livres développement personnel… qui fait des affirmations 3 fois par jour, de la méditation le matin, et de la visualisation le soir… mais qui ne fait concrètement rien pour accomplir sa vision.
« Je vais manifester par le pouvoir de mon esprit » se dit-il, pour rationnaliser son manque de discipline.
Le pouvoir de l’intention existe, mais il se manifeste principalement par l’assurance dans l’action.
Au lieu de faire appel à la superstition, il ferait mieux de se demander quelles actions concrètes il devrait répéter chaque jour pour atteindre ses objectifs.
Conclusion
Pour récapituler, l’écriture permet 5 bénéfices principaux. C’est un moyen :
- De traiter ses traumatismes passés
- De diagnostiquer sa personnalité
- De donner du sens aux choses, et à la vie
- De se fixer des objectifs et des stratégies
- De convaincre et d’être persuasif
Si vous faites ce travail, vous sortirez rapidement de la moyenne.
Vous ne serez plus un produit passif de votre environnement, et de l’ère du temps.
Vous vous différencierez de la masse somnambulique, par l’expression de votre individualité, et de votre volonté propre.
L’écriture est une compétence qui peut changer votre vie, pour toutes les raisons citées précédemment.
Elle peut vous rendre riche, célèbre, libre, décisif, visionnaire…
Et ce qui est le plus satisfaisant dans tout ça, c’est que vous accomplissez tout ceci grâce au pouvoir de votre esprit (et non par des jeux de statut, de pouvoir, ou d’apparence).
Vous êtes récompensé pour votre travail et vos idées, et non pour une autre qualité superficielle, artificielle et temporaire.
Vous êtes authentique, et célébré pour avoir le courage de l’être.
Si vous n’écrivez pas, ne serait-ce que quelques minutes, chaque jour… alors qu’est-ce que vous faites ?
— Geoffroy