Pour avoir un peu voyagé, je me suis rendu compte d’une chose :
À quel point l’occident était aigri.
J’ai été choqué, dans certains pays, de voir autant de sourires, et de bonne volonté, au milieu de la misère matérielle.
Il serait facile d’accuser le système comme responsable de ce sentiment d’aliénation.
Mais avant de vouloir changer le monde, et de partir en croisade, il serait peut-être judicieux de balayer devant sa porte.
Nous vivions dans une matrice sémantique
Qu’est-ce qui est plus facile à changer ?
La réalité, ou notre perception des choses ?
Le monde, ou nous-même ?
L’insatisfaction, et l’anxiété viennent de la résistance à l’instant présent, et à ce qui existe.
Oui, il y a des souffrances qui sont légitimes, et qu’il ne sert à rien de nier.
Mais la plupart des émotions négatives chroniques que vous ressentez n’accomplissent rien, et sont optionnelles.
À quoi servent les émotions ?
À vous orienter dans le monde, et à distinguer les stimuli qui indiquent des opportunités, ou des menaces.
La peur est un mécanisme de survie qui est très utile dans des jungles remplies de prédateurs.
Il l’est beaucoup moins dans le monde civilisé, où le risque d’agression est faible.
Le problème c’est que votre cerveau ne fait pas la différence entre ce qui est imaginé, et ce qui est « réel ». (Même si personne ne sait vraiment ce qui est réel, mais c’est un autre problème.)
Des études ont montré que si vous vous imaginez pratiquer mentalement du piano, les mêmes circuits se développent que si vous pratiquez réellement.
Vous réagissez aux symboles comme s’ils étaient ce qu’ils décrivent.
(Sur ce principe a été développé la Sémantique Générale, et la Programmation Neuro-Linguistique.)
Voici pourquoi quand vous regardez les infos, ou que vous ruminez le passé ou le futur, vous stressez.
Vous avez la même réaction physiologique que face à un danger réel, même quand il est imaginé.
Et ceci draine votre énergie, et votre santé.
Bouddhisme et neurosciences
Vous captez l’information depuis vos terminaisons nerveuses, qui transmettent une abstraction du signal au thalamus, qui l’envoie ensuite au cortex.
Le thalamus est votre cerveau animal, intuitif, et émotif. Il régule vos réflexes. C’est le plus ancien.
Le cortex est plus récent et permet la pensée rationnelle, et linéaire. (Nous sommes l’espèce ayant le plus gros cortex, proportionnellement parlant.)
Souvent, l’impulsivité vient du fait l’information n’a pas le temps d’atteindre les régions corticales.
La chaine d’abstraction est court-circuitée au niveau thalamique.
Concrètement, vous avez alors une réaction émotionnelle.
Si vous tombez face à un ours agressif, c’est la bonne attitude à avoir, car elle vous prépare immédiatement à la lutte, ou à la fuite.
Mais si vous réagissez comme ça à toutes les situations quotidiennes, vous allez vous épuiser, et accumuler de la tension (chose dangereuse sur le long terme).
La Sémantique Générale préconise la technique de la « réaction différée », ou de la « pause thalamo-corticale », pour contrer ce phénomène.
Elle consiste en une attitude d’investigation, d’observation, et de non-jugement temporaire, avant de tirer des conclusions hâtives.
Quand vous vous sentez réagir émotionnellement et impulsivement, faites une pause, respirez et prenez un temps de réflexion.
Cette pause est sensée décharger l’information du thalamus, vers le cortex :
« Dans la pensée « émotionnelle » et déséquilibrée, qui est très courante, le thalamus semble surmené, et le cortex semble ne pas travailler assez. […]
Il semblerait que le « silence au niveau objectif » introduise une « action différée » qui décharge le contenu thalamique sur le cortex. »
— Alfred Korzybski – Science and Sanity
Les bouddhistes, bien avant les neurosciences, utilisait la même technique, qui nous est parvenu en occident sous le nom de « Pleine Conscience ».
Elle est l’essence de la méditation, et la meilleure arme face à l’anxiété.
Vous n’êtes pas votre mental
Quand on parle de méditation, souvent on s’imagine des exercices avancés ésotériques de Yoga, et de maîtrise du souffle.
Bien qu’il y ait du vrai dans ces préconceptions, l’essence de cette dernière est l’acceptation total du moment présent, le non-jugement, et le détachement du mental.
La première étape de la libération, dans le paradigme oriental, est de se rendre compte que vous n’êtes pas vos pensées.
Vous avez des pensées, nuance… Et vous pouvez choisir soit de vous identifier à elles, soit d’être un simple observateur de celles-ci.
L’essence de l’Être, c’est la Conscience. Ce n’est pas le dialogue mental incessant que vous entretenez, et que vous contrôlez à moitié.
Se rendre compte de cela est souvent libérateur.
« Comment ça ? Je ne suis pas toutes mes pensées négatives, et mes réactions émotionnelles ? Je peux m’identifier à autre chose que mon égo ? » s’esclafferont certains.
Un autre point commun qui existe entre les philosophies orientales, et la Sémantique Générale, est ce concept de fausse « identification ».
Les hindouistes savent que la réalité est une illusion (qu’ils appellent Maya).
Alors que nous occidentaux, héritiers d’Aristote et de Descartes, croyons en une réalité objective. Nous sommes matérialistes.
Mais la philosophie existentialiste, et la révolution épistémologique apportée par la physique moderne, et les théories de la perception, tendent à ressusciter ces conceptions archaïques, ou au moins y faire écho.
Pourquoi ?
Parce qu’une particule ne peut exister sans observateur.
Et parce que nous ne percevons jamais le monde tel qu’il est réellement.
L’esprit et la matière sont les deux faces d’une même pièce.
L’un ne peut exister sans l’autre.
Apprivoiser l’égo
L’identification au mental, et aux réactions émotionnelles, est ce qui crée l’égo.
Sachez qu’il n’existe aucune différence entre la conscience de soi, et l’anxiété.
Dans chaque situation sociale, à chaque fois que vous êtes focalisé sur vous-même, et le jugement des autres… vous atrophiez vos capacités communicationnelles.
Vous cherchez à plaire excessivement (et à défendre une image de soi), et trahissez votre véritable authenticité.
Vous jouez un rôle (ce qui n’est agréable pour personne). Celui que vous a attribué la société, et votre entourage.
C’est seulement quand vous êtes totalement absorbé par la situation, et focalisé sur les autres, que votre aura rayonne, et que vous êtes capable d’empathie.
Comment se faire détester de tout le monde ?
En ne pensant qu’à soi, qu’à ce qu’on pense, et ressent, sans jamais écouter les autres, ni les prendre en considération. (Point bonus si vous cherchez aussi à les dominer.)
C’est-à-dire : en étant totalement identifié à l’égo.
Mais l’égo ne pourrit pas seulement la vie des autres.
C’est avant tout la vôtre qu’il rend misérable.
Le succès, le statut, l’argent, le pouvoir, l’ambition, la vanité… sont tous ses désirs illusoires, qui ne seront jamais totalement satisfaits.
Pire encore, sa stratégie pour les atteindre, consiste principalement en la résistance à l’instant présent, la négativité, et la lutte.
Il fait de chaque moment une insatisfaction éternelle, qui ne se résoudra que dans un futur qui n’arrive jamais.
« Je serais heureux quand… » dit-il à répétition (quand il ne rumine pas le passé).
La solution ne se trouve pas dans la gratification de toutes ses pulsions.
Elle est plutôt dans le détachement.
S’identifier au soi
Comment donc se détacher de son égo ?
En comprenant sa véritable identité.
« Je pense donc je suis » est l’axiome philosophique, cartésien, qui trahit à quel point l’identification au mental est ancré dans la culture.
Qui êtes-vous réellement ?
Qui est le « je » qui pense ?
Vous êtes la Conscience d’Être.
C’est pour cela que toutes les religions enseignent que vous êtes à l’image de Dieu.
« Étant l’Un, l’Âme universelle (âtman) est présente en tous les êtres. Quoiqu’unique il est vu comme plusieurs, comme la lune dans l’eau. »
« Tu demandes ce que c’est que le Brahman ? C’est ton propre Âtman qui est intérieur à tout ! »
— Les Upanishad
« Dieu créa l’homme à son image : Il le créa à l’image de Dieu, homme et femme il les créa. »
— Genèse 1 : 27
Le secret de la vie c’est de mourir avant la mort physique.
L’égo doit être crucifié pour pouvoir révéler la nature de l’Être.
La transformation du plomb en or, est un processus douloureux, qui requière la calcification des parties illusoires de la personnalité.
Le phénix doit renaître de ces cendres.
Le grand mensonge des fanatiques religieux, et des athées, est d’enseigner que Dieu est un barbu tyrannique qui habite sur un nuage, et que les mythes doivent être interprétés littéralement.
La Bible est le théâtre des forces psychologiques (et non un compte rendu historique).
Elle est écrite en un langage codé réservé à l’initié, qui est indéchiffrable pour le profane.
L’essence de l’Être
Dieu a plusieurs noms dans les écritures.
Quand il crée le monde, il est nommé Élohim (אֱלֹהִים) qui est le pluriel de Éloha, qui est aussi parfois traduit par les mots Ange, Astre, ou Roi.
Au risque de choquer les fondamentalistes :
« Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. »
aurait dû être traduit par :
« Au commencement, les Dieux créèrent le ciel et la terre. »
Après la chute, Dieu est désigné par le mot Yahweh (יְהוָה) ou Jéhovah (YHWH), aussi connu des occultistes comme le Tetragrammaton, dont la racine étymologique semble venir du mot Existence, ou Être.
Quand il se révèle à Moïse, son nom est Eheieh (אֶהְיֶה), qui se traduit par « je suis ».
Quand il est désigné comme le sauveur, il est nommé Yeshoua (Jésus), qui n’est autre que le mot Yahweh (יְהוָה), avec la lettre shin, ש au milieu (יהשוה), et qui est connu des kabbalistes, et des platoniciens, comme le Pentagrammaton.
Tous ces mots servent à décrire les états de l’Être, et de la Conscience, ainsi que ses transformations.
Les mythes racontent ce qu’il se passe en vous, et l’activité des forces archétypales.
« Le royaume des cieux est en vous. »
— Luc 17 : 21
On ne peut tirer du sens des écritures avec un esprit matérialiste.
Les anciens étaient philosophiquement idéalistes.
Ils pensaient, comme les alchimistes, que ce qui est en haut est comme ce qui est en bas.
Ce qu’il se passe au ciel, est le reflet de ce qu’il se passe sur terre (et inversement).
La matière n’est qu’une forme condensée de l’esprit.
La clé du symbolisme
L’histoire de la création n’est pas une description scientifique et objective.
Sa signification est subjective, et phénoménologique.
Métaphysiquement, les conceptions archaïques sont compatibles avec la philosophie moderne.
« Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu. »
— Jean 1 : 1
Pourquoi le Verbe (traduit parfois par la Parole, ou le Logos) existait avant la création du monde ?
Parce que nous habitons une matrice sémantique.
Le langage est ce qui donne sens aux choses.
Vous ne voyez pas des atomes, vous voyez des significations, et des histoires.
Vous interprétez le monde selon une structure narrative.
Avant d’être, l’univers existe dans un champ infini de probabilité, un état de non-être, encore non manifesté. (Comme la fonction d’onde d’une particule, encore non observée.)
« Et le Verbe était Dieu… » : le langage habite avec la conscience d’être, et est indissociable d’elle.
Croire en Dieu, pour le mystique, c’est croire en l’essence de l’être, et en sa véritable identité, qui est non-locale, immuable et omniprésente.
Ce n’est pas accepter aveuglément un dogme autoritaire !
« Je pense que notre conscience n’est pas qu’un épiphénomène passif résultant d’événements chimiques dans nos cerveaux.
Il s’agit plutôt d’un agent actif qui force les complexes moléculaires à faire des choix entre un état quantique ou un autre.
En d’autres termes, l’esprit est déjà inhérent en chaque électron. Les processus de la conscience humaine diffèrent seulement en degré et non en genre des processus de choix entre différents états quantiques que nous nommons « chance » lorsqu’ils sont réalisés par des électrons. »
— Freeman Dyson – Disturbing The Universe
Conclusion
L’occident est au milieu d’une crise existentielle.
Quand l’empire romain s’est effondré, s’est suivit une période sombre de 1000 ans qu’on appelle le Moyen Âge, souvent qualifié d’âge sombre pour tous ses sinistres.
Il existe une tradition qui est à la source de toutes les civilisations, et qui se retrouve dans toutes les mythologies.
Quand elle est négligée, les sociétés déclinent.
Quand elle est embrassée, la civilisation fleurit, et nous laisse comme preuve de sa grandeur ses œuvres architecturales et littéraires.
(Les pyramides et temples de l’ancien temps en sont les témoins.)
Le moyen âge se termine par les croisades, et par la tentative de reconstruction du temple de Salomon à Jérusalem, par les Templiers.
Ces histoires sont remplies de mystères, mais ce qui est sûr, c’est qu’au retour de leur quête, l’Europe a explosé économiquement et culturellement.
Ils semblent avoir rapporté quelque chose de la Terre Sainte, qui ressuscita les royaumes de l’Ouest, en pleine décrépitude.
Des cathédrales monumentales poussent de partout, telles des champignons après une averse.
La méthode scientifique voit le jour, la perspective linéaire est réinventée, l’imprimerie fait ses débuts, et la Bible commence à être distribuée à grande échelle…
Peut-être ont-ils redécouvert les secrets qui firent de l’Égypte antique sa grandeur.
Ont-ils restauré la Science Occulte des anciens bâtisseurs, des mages, et des astronomes ?
Et, est-ce celle-ci que nous sommes en train de reperdre aujourd’hui, avec nos esprits matérialistes, et nihilistes ?
— Geoffroy