La douleur de l’effort, et de la discipline, est infiniment moins lourde que celle du regret et de l’inconscience.
Les faux raccourcis, et les remèdes miracles, sont des pièges qui finissent par se payer avec intérêts.
Le chemin qui mène à la réalisation de Soi est long est difficile.
Mais celui qui avance, à petits pas, mais sûrement, est certain de sa destination.
Alors que celui précipité, et sporadique, finira par perdre son temps et son énergie.
Les ravages de la gratification instantanée
La plupart pensent devoir partir de zéro.
C’est faux.
La plupart doivent partir de -100.
Quoi que ce soit que vous vouliez entreprendre, pour réussir, il faut d’abord savoir se concentrer…
Et les nouvelles générations ont la capacité d’attention d’un poisson rouge.
Pourquoi ?
Parce qu’elles sont constamment surstimulées, et parce que leur système dopaminergique a été hijacké par la société de consommation.
La dopamine sert à vous récompenser d’un effort, ou d’une action, qui vous a aidé à accomplir votre objectif.
De cette façon, les comportements qui engendrent des réussites sont renforcés.
Maintenant, la dopamine peut aussi être générée artificiellement.
Et si c’est le cas, c’est l’artifice qui est renforcé… Commence alors un cycle d’addiction.
Quelques exemples d’habitudes qui détruisent votre système dopaminergique :
- Le sucre
- Les drogues (légales ou illégales)
- La pornographie
- Les jeux d’argent
- Les réseaux sociaux (particulièrement les formats courts)
- Les jeux vidéo
Si ces éléments sont trop présents dans votre vie, alors c’est normal de n’avoir aucune énergie pour réaliser vos objectifs.
Votre cerveau n’a plus de motivation, parce que le système censé vous motiver à agir est complétement désorienté.
Il est constamment rassasié artificiellement, et donc n’a envie de rien faire.
(Il existe des études qui montrent que, chez certains primates, une restriction calorique de 30% augmente l’espérance de vie de 50%.)
Programmer ses habitudes
Personnellement, j’ai commencé à reprendre le contrôle de ma vie en arrêtant de manger n’importe quoi, et en reprenant l’entraînement.
Pour beaucoup de personnes, le sport crée un déclic chez eux.
Pourquoi ?
Parce que le sport est le meilleur moyen d’utiliser son système dopaminergique constructivement (plutôt que de façon destructive).
Soit vous êtes addict au succès, et aux choses qui vous font progresser vers vos objectifs… soit vous êtes addict aux plaisirs artificiels qui finiront pas vous tuer.
Plus vous faites de sport, plus vous avez envie de faire du sport, parce que votre système renforce le comportement qui a généré de la dopamine.
Rappelez-vous le chien de Pavlov (le célèbre behavioriste), qui peut être conditionné à tout et n’importe quoi par des signaux de récompenses ou de punitions.
C’est exactement le même principe.
Implanter des habitudes n’est pas si difficile que ça… (C’est même plutôt simple quand on ne gaspille pas son énergie.)
Ce qui est beaucoup plus compliqué, c’est de supprimer un comportement que vous avez ancré.
C’est pour cette raison que c’est si dur d’arrêter de fumer… ou d’éliminer n’importe quelle autre habitude compulsive.
Il existe un processus, qui s’appelle l’« élagage », qui fait que les circuits neuronaux que vous n’utilisez plus se désagrègent… mais il prend beaucoup de temps.
(Vous pouvez ne pas faire de vélo pendant 10 ans, même après cette période, il a de grandes chances que vous n’ayez pas oublié comment pédaler.)
Alors attention aux programmes que vous implantez dans votre système.
Sombrer dans l’inconscience
Soit votre système dopaminergique travaille pour vous, soit il travaille contre vous.
C’est lui qui vous donnera toute l’énergie, la motivation, et la concentration nécessaires à la réalisation de vos objectifs.
Mais s’il est déréglé, alors il vous poussera vers la compulsion, et à la satisfaction de pulsions instinctuelles.
Cette capacité d’autorégulation est ce qui nous distingue des animaux.
La compulsion est incapable d’anticiper le futur, et encore moins de réflexion.
Et si vous y cédez constamment, alors c’est que vous régressez vers l’inconscience.
Vous redevenez sauvage et primitif.
Malheureusement, quand vous sombrez, souvent la seule chose qui vous réveillera sera un coup de bâton.
La vie vous frappera pour vous rappeler que vos actions ont des conséquences.
La souffrance amène des prises de conscience.
Et plus vous la réprimez, plus la chute sera difficile, et plus complexe sera la rédemption.
Les âmes damnées refusent définitivement d’y faire face.
Vous pouvez voir dans leurs yeux qu’il n’y a presque plus de vie, et qu’il y manque une étincelle.
La lumière s’est éteinte.
Ceux-là sont condamnés à l’errance, et à la misère des limbes, où il n’y a plus aucun espoir.
Reprendre le contrôle
Toute chute engendre de l’inertie.
Et plus vous arrêtez le mouvement tôt, moins il requière d’énergie pour être stoppé.
Toutes vos actions engendrent de l’inertie, parce qu’elles créent des habitudes qui s’autorenforcent.
Avant de vouloir commencer une ascension, il faut d’abord stopper la chute.
Vous savez très bien quelles sont les habitudes qui vous détruisent.
Écoutez votre conscience.
Quand vous les arrêtez, vous libérez de l’énergie qui doit être dépensée ailleurs.
Vos habitudes deviennent des sous-personnalités autonomes, que vous ne contrôlez pas totalement.
Elles ont leur vie propre, leurs désirs, leurs visions du monde, et leurs lots de rationalisations.
Vous ne pouvez pas effacer une sous-personnalité indésirable et compulsive.
Vous ne pouvez que l’intégrer dans une totalité psychique supérieure.

Autrement dit, la sous-personnalité doit rediriger sa compulsion vers un objectif noble (comme le sport, le travail, la spiritualité…).
Par exemple, rares sont les alcooliques qui arrivent à arrêter de boire, sans développer de nouvelles habitudes constructives, qui remplacent les anciennes (et qui créent un nouveau sens de l’identité).
Si vous ne faites qu’arrêter, vous ne faite que créer un vide (qui dans beaucoup de cas, est remplacé par une compulsion tout autant destructive).
La réalisation de soi
Projetez-vous.
Imaginez votre idéal, et comment une telle personne se comporterait.
Ensuite, commencez à l’incarner, jusqu’à ce que ces habitudes s’imprègnent sur votre personnalité.
La bonne nouvelle, c’est que ce processus devient plus facile avec le temps.
Les habitudes constructives aussi engendrent de l’inertie.
Et plus vous pratiquez une façon d’être, plus elle devient facile à opérer… jusqu’à devenir totalement automatique.
Plus vous êtes haut dans votre ascension, moins l’effet de la gravité se fait sentir… et moins vous avez de chance de rechuter.
Mais ce travail demande quand même un effort conscient.
Il requière de s’affranchir des forces chaotiques culturelles, et naturelles qui vous tirent vers le bas… et de transmuter leur énergie en des puissances constructives.
Carl G. Jung appelait ce processus l’individuation.
Il est une réalisation de vos idiosyncrasies, et un produit de votre créativité.
« Tout progrès culturel est psychologiquement un élargissement de la conscience, une prise de conscience qui ne peut se réaliser autrement que par discrimination.
Un progrès commence toujours par une individuation, c’est-à-dire qu’un isolé, ayant pris conscience de son isolement, fraie une voie qui n’a pas encore été battue.
Il lui faut pour cela, en premier lieu, – absolument en dehors de toute autorité et de toute tradition – réfléchir à ce qu’est sa réalisation fondamentale et laisser venir à lui la conscience qu’il est différent des autres.
S’il réussit à mettre en valeur dans la collectivité l’élargissement de sa propre conscience, il donne par la tension des contraires, l’élan dont la culture a besoin pour progresser. »
— Carl G. Jung – L’âme et la vie (Éd. Livre de poche, p. 53)
Le plus beau cadeau que vous pouvez faire au monde, et à vous-même, c’est de vous réaliser.
C’est d’accomplir votre sens de l’individualité, et de suivre votre voie.
Votre idéal est sûrement similaire à d’autres dans ses généralités, mais il est unique dans ses détails.
Il n’y a aucune satisfaction dans le fait de suivre un chemin déjà tracé.
Le progrès n’est possible qu’en explorant l’inconnu.
Ce n’est pas en suivant le rêve d’un autre, que vous vous accomplirez, ou que vous réaliserez votre destin.
Chercher le sens plutôt que le plaisir
Se fixer un objectif, et travailler à l’accomplir… c’est le meilleur moyen pour donner un sens à sa vie.
Votre système dopaminergique a besoin d’une cible à atteindre, pour que vous puissiez ressentir la satisfaction du progrès.
Le bonheur n’est pas dans la destination finale… il est dans le processus.
La joie n’est pas dans le fait d’être rassasié… elle dans le fait d’être totalement absorbé par ce qu’on fait, et par l’instant présent.
Chercher à être heureux est une erreur.
Plus on cherche le bonheur, plus il nous échappe.
Le bonheur est la conséquence secondaire de l’accomplissement d’un idéal.
Ce n’est pas une fin en soi.
La frustration et le stress peuvent être de formidables moteurs d’action (à condition de ne pas être réprimés).
Mais encore une fois, la société de consommation a fait du bonheur une valeur marchande qui peut s’acheter.
Elle vous ment en vous disant que vous ne serez heureux seulement quand vous aurez la voiture, la maison, le partenaire… de vos rêves.
Alors que ces rêves ont été induits artificiellement par les médias de masse et la publicité…
Ce ne sont même pas les vôtres !
Personne n’est totalement conscient.
Tout le monde est, à un certain degré, inconscient.
La première étape pour contrecarrer ces forces qui vous habitent, c’est de les identifier.
Puis, il faut les reconnaître pour ce qu’elles sont : des pulsions archaïques maladaptées à la vie moderne civilisée, ou des tabous et des exigences culturelles arbitraires imposées tyranniquement.
Seulement ensuite vous pouvez vous en détacher, prendre de la distance, et les transmuter.
Quand vous arrivez à rééquilibrer les forces naturelles et culturelles, vous débloquer un puissant réservoir d’énergie, qui peut maintenant être redirigé consciemment à votre guise.
Le prix de la liberté
Cette voie de l’individuation n’est pas faite pour tout le monde.
Pourquoi ?
Parce que l’inconscience est confortable.
(Aucun animal ne souffre d’anxiété.)
Être conscient, c’est aussi savoir qu’on peut souffrir et mourir.
Pouvoir anticiper les choses amène forcément du stress.
Être inconscient donne le luxe de n’avoir à se soucier de quoi que ce soit.
En réalité, peu de gens veulent réellement être libre.
Pourquoi ?
Parce que la liberté vient avec la responsabilité…
La responsabilité de sa vie, de son environnement, de ses choix, de ses pensées, de ses actions…
La première étape pour pouvoir changer quoi que ce soit… c’est de se rendre compte que l’on est responsable.
Pour les damnés, rien n’est jamais de leur faute.
Leurs échecs sont dus à l’injustice du monde, à la malchance… ou à n’importe quelle cause extérieure et superstitieuse.
Certains rétorqueront : « mais il existe tout de même des tyrans qui rendent la vie misérable aux autres ».
Peut-être, mais l’attitude que vous avez face au tyran est un choix personnel.
La soumission, l’aveuglement volontaire, et la lâcheté sont des décisions volontaires.
Plus vous vous sentez responsable, plus vous avez de pouvoir sur votre vie et votre environnement.
Mais la plupart préféreront rester dans l’inconscience et l’obscurité.
Conclusion
À l’opposé de ceux qui n’assument la responsabilité de rien, il y a ceux qui portent sur leur dos la responsabilité du monde entier.
(C’est pour cette raison que le Christ, symbole du Soi réalisé, paye pour tous les péchés de l’humanité. Voilà ce que signifie « porter sa croix ».)
Ceux-là sont les pionniers qui guident l’espèce vers des ordres de cohérence supérieures.
Un individu qui croit pouvoir changer le cours de l’univers a plus de pouvoir qu’un million de personnes irresponsables et inconscientes.
Chez ces masses aliénées, grandit souvent le ressentiment.
Pourquoi ?
Parce que celui qui incarne l’idéal rappelle à l’inconscient, par son existence même, qu’il est lâche et faible (et qu’il néglige le don de l’esprit qui lui a été fait).
Il met ces hordes de zombis en face de leurs propres contradictions.
Et au lieu de se remettre en cause, elles préfèrent crucifier l’auteur de la dissonance cognitive.
Les systèmes démocratiques reposent sur la responsabilité du citoyen.
Mais si ce dernier la refuse, eh bien c’est toute la structure qui risque de s’effondrer.
Quand les décisions sont prises par ressentiment, plutôt que par un sens de la responsabilité individuelle… alors la tyrannie est inévitable.
Les aveugles se mettent à guider les aveugles, et commence alors la chasse aux hérétiques.
Si chacun acceptait un peu plus la responsabilité de lui-même, et de son environnement… alors on pourrait facilement éviter ce chaos.
La conscience gagnerait alors du terrain, dans cette éternelle bataille qui oppose la lumière à l’obscurité.
— Geoffroy





