L’art n’est pas une commodité artificielle.
Il est essentiel à l’équilibre de l’individu.
Le besoin d’esthétique est réel.
Un environnement laid, et inharmonieux produit des personnes aigries et instables.
À l’inverse, la beauté produit des idées et des individus nobles.
L’impératif esthétique
La philosophie, chez les anciens, se divisait en trois grandes branches d’étude :
- le vrai (épistémologie et science)
- le bien (morale et éthique)
- le beau (esthétique et art)
La philosophie moderne, matérialiste et nihiliste, se focalise exclusivement sur la première, et oublie les deux autres :
Elle est moralement relativiste, et produit continuellement de la laideur.
Les architectes contemporains créent des monstruosités de béton (brutalisme, utilitarisme), alors que les anciens construisaient en harmonie avec les proportions cosmiques, de la nature et de l’univers.
Ils pensaient que la beauté était essentielle au développement de l’âme, et que l’homme était, en partie grande partie, le produit de son environnement.
Quand on est entouré d’objets harmonieux, de symétrie et de proportion, l’esprit tend à refléter cette grandeur.
Quelle émotion suscite l’architecture d’un temple ancien, ou d’une cathédrale ?
Et au contraire, qu’inspire une barre d’immeuble de banlieue ?
On appelle géométrie sacrée, ces proportions (que l’on retrouve dans la nature), qui ordonnent la conscience, et créent le sentiment religieux.
Voici un moyen, que beaucoup ont découverts par eux-mêmes, pour canaliser leur anxiété : le fait de ranger, de nettoyer, et d’aménager.
Car en effet, quand on harmonise l’espace où l’on vit, et les objets que l’on côtoie, on harmonise aussi son esprit.
Pendant l’antiquité, tout ce qui existait sur terre devait refléter les cycles stellaires, et les proportions naturelles, au risque d’entrer en dissonance avec le flow de l’univers.
Toute l’architecture, et toute la littérature, racontent métaphoriquement, mais avec une précision improbable, des faits astronomiques, et cosmogoniques.
Les étoiles symbolisent les forces psychiques, souvent inconscientes, qui vous animent.
La thérapeutique occulte est un effort d’harmonisation de ces dernières.
L’archéomètre
« L’art imite la nature. »
— Aristote
« La nature imite l’art. »
— Oscar Wilde
Connaître les principes de la géométrie sacrée peut-être utile pour de multiples personnes :
- artistes
- graphistes
- architectes
- musiciens
- designers
- décorateurs
- mathématiciens
- …
Dans tous les alphabets sacrés, les lettres correspondent aussi à des chiffres, et des constellations.
Les mathématiques étaient pour les anciens, le monde des formes, préexistant la matérialité. Elles sont les lois naturelles invisibles, qui gouvernent le monde.
Tout ce qui existe ici-bas avait, pour eux, des correspondances astrologiques.
Le ciel a toujours représenté le monde des abstractions ; et en observant celui-ci, ils ont établi conformément des règles d’harmonies.
Ces règles jonchent les ornements des cathédrales, dictent l’orientation des temples, et ordonnent les gammes musicales.
Les francs-maçons se prétendent les héritiers de cette science antique, qui se servaient d’un étalon particulier pour chaque œuvre, que certains ont désignés sous le nom d’archéomètre.
« L’archéomètre est un outil qui a cette qualité particulière, d’être le même pour tous les arts ; c’est en même temps la clé de l’échelle sonométrique du musicien, de la gamme de couleurs du peintre et la clé des formes des architectes. »
— Saint-Yves d’Alveydre
Son langage et ses symboles sont universels, et chacun peut voir sa manifestation s’il regarde perspicacement la nature.
Les nombres sont virtuellement partout, et concrètement nulle part.
Ils régissent les lois de la physiques, les cycles temporels, les formes naturelles, et l’ingénierie d’objets technologiques.
L’harmonie des sphères
Pourquoi un cercle fait 360 degrés ? Pourquoi une journée 24 heures, et une heure 60 minutes ?
Toutes ces mesures sont-elles arbitraires et inventées, ou est-ce qu’elles reflètent un ordre naturel ?
L’unité du mètre, fut créée pendant la Révolution française, et a été définie aléatoirement comme un dix-millionième d’un quart de méridien terrestre.
Pendant cette période de sécularisation, tous les symboles religieux vont être remplacer par des symboles républicains.
Et qu’y a-t-il de plus symbolique que le nombre ?
Les révolutionnaires de l’époque vont même tenter d’imposer une nouvelle division du temps. Ils vont proposer de diviser les journées en 2 x 10 heures de 100 minutes, et d’implémenter des semaines de 10 jours.
Mais la désacralisation n’ira pas jusque-là.
Pythagore pensait que les chiffres, et la géométrie, expliquaient la création, et l’évolution du monde.
En étudiant les mathématiques, on peut déceler un ordre implicite à l’univers, et sa structure archétypale.
Par exemple, il existe un nombre limité de formes qui peuvent être parfaitement symétriques.
Le point, la droite, le cercle, le triangle équilatéral, le carré, le pentagone, l’hexagone… ont tous des propriétés particulières, qui ont tout un tas de correspondances étranges.
Par exemple, la somme des degrés de chaque figure, réduite théologiquement, est égale à 9.
Cercle = 360° → 3 + 6 = 9
Triangle = 3 x 60° = 180° → 1 + 8 = 9
Carré = 4 x 90° = 360° → 3 + 6 = 9
Pentagone = 5 x 108° → 540° = 5 + 4 = 9
La même logique s’applique aux solides symétriques.
La sphère est l’équivalent du cercle en 3 dimensions.
360 x 360° = 129 600° → 1 + 2 + 9 + 6 = 18 → 1 + 8 = 9
Le tétraèdre est composé de 4 triangles équilatérales :
4 x 180° = 720° → 7 + 2 = 9
Le cube de 6 carrés :
6 x 360° = 2 160° → 2 + 1 + 6 = 9
L’octaèdre de 8 triangles :
8 x 180° = 1 440° → 1 + 4 + 4 = 9
L’icosaèdre de 20 triangles :
20 x 180° = 3 600° → 3 + 6 = 9
Le dodécaèdre de 12 pentagones :
12 x 108° = 1 296° → 1 +2 + 9 + 6 = 18 → 1 + 8 = 9
La symbolique occulte
Pythagore fut le premier à découvrir ces uniques solides qui ont une symétrie parfaite.
Les présocratiques les associaient aux cinq éléments, présents, selon différentes proportions, en toutes choses.
Ils pensaient que les particules correspondant à la Terre étaient cubiques ; celles de Feu tétraédriques, celles d’Air icosaèdriques, celles d’Eau octaèdriques, tandis que l’Éther était plutôt dodécaèdrique.
Ces formes existent bel et bien dans la nature. Si l’on observe la structure moléculaire de l’eau, on s’aperçoit qu’elle est octaédrique, comme les flocons de neige.
Elles sont également associées à des patterns visuels, des longueurs d’ondes, et des maillages cristallins (comme le diamant).
Certains occultistes pensent que l’élément Feu des anciens correspondait à l’azote des modernes, l’Air à l’oxygène, l’Eau à l’hydrogène, et la Terre au Carbone.
Quant à l’Éther, il semble correspondre aux descriptions des champs quantiques d’où les particules émergent et se dissolvent.
Mais ce qui est encore plus surprenant, c’est le rapport de ces nombres, et proportions, avec les cycles cosmiques.
La Terre a 3 axes de rotation :
- Elle tourne sur elle-même.
- Elle tourne autour du soleil.
- Elle tourne sur un axe légèrement incliné, telle une toupie qui commence à vaciller.
Le premier cycle est journalier, le second est annuel, et le troisième dure 25 920 ans.
Cette dernière circonvolution, que l’on appelle précession des équinoxes, était nommée par les anciens « la grande année ».
Dans une journée, il y a 24 heures de 60 minutes ; soit 1440 minutes, qui est aussi le nombre de degrés de l’octaèdre, qui multiplié par 18 donne 25 920.
Tous ces chiffres sont aussi réduits théosophiquement à 9 (18 = 1 + 8 = 9, et 25 920 = 2 + 5 + 9 + 2 + 0 = 18 = 9).
La grande année était aussi divisée en 4 saisons, symbolisées par les étoiles fixes des constellations du Taureau, du Lion, du Scorpion (ou de l’aigle), et du Verseau (ou de l’ange).
Une saison dure 6 480 ans (25 920 / 4), soit la somme totale des angles du dodécaèdre, multiplié par 5.
Une circonvolution fait 360°, et chaque degré se subdivise en arc de 60 subdivisions. 360 x 60 = 21 600, soit la somme des angles du cube multiplié par 10. (Si l’on divise la grande année en 12, on obtient également 2 160, qui est aussi le diamètre de la Lune en miles.)
Il existe des centaines de ce type de correspondance, qui sont signifiés cryptiquement dans toutes les écritures sacrées, et dans l’architecture.
Application pratique du nombre d’or
Les anciens étaient beaucoup moins primitifs que l’on pense généralement.
Leur science était aussi complexe, précise, et intriquée que la nôtre.
Elle fonctionnait par correspondances élémentales et astrologiques, et était aux faits des phénomènes électriques, magnétiques, et thermodynamiques.
Quand on relie les 5 points du pentagone, on obtient un pentagramme, dont les proportions révèlent le nombre d’or : 1,6.
(Aussi les 12 points du dodécagone s’alignent parfaitement avec les 12 notes de l’échelle chromatique musicale.)
L’esthétique dépend de ces règles de proportion et d’harmonie.
Voyons un exemple concret, et simple, d’application des principes de la géométrie sacrée :
Vous êtes graphistes, et vous devez réaliser une affiche.
Si vous faites de la typographie, ou du design, vous savez que la plupart de vos éléments graphiques doivent s’aligner sur une grille de construction.
La plupart utilisent des grilles régulières, répétitives, et plutôt monotones.
Pour en créer des plus dynamiques et organiques, utilisez le nombre d’or pour définir l’espacement de vos lignes et de vos colonnes.
Prenez un point aléatoire sur l’axe des ordonnées, puis tracez une droite verticale.
Ensuite divisez la longueur entre le point 0, et votre droite par 1,6.
Vous obtenez alors un espacement entre les deux lignes, qui respecte les proportions du nombre d’or.
Exemple : si je trace une ligne à 6 cm du bord gauche, alors je divise 6 par 1,6 et je trace une nouvelle ligne à 3,75 cm du bord. Ensuite je redivise 3,75 par 1,6 etc…
Répétez l’opération, soit en divisant, soit multipliant par 1,6 selon votre bon jugement, et votre sensibilité artistique.
Faite la même chose sur l’axe des ordonnées, et vous obtenez une grille dynamique, qui reste harmonieuse.
Autre petite astuce de graphiste : pour la taille de vos polices, au lieu d’utiliser des nombres aléatoires, utilisez ceux de la suite de Fibonacci :
0, 1, 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21, 34, 55, 89, 144, 233, 377, 610, 987, 1597, 2584, 4181, 6765, 10946…
(Cet article énumère 5 autres principes de design.)
Conclusion
Les règles existent pour être transgressées.
Une grille de construction ne doit pas brider la créativité.
Au contraire, elle doit être à son service.
En art, l’intuition et le ressenti ont toujours le dernier mot.
La créativité est souvent l’expression d’un savoir inconscient
Il existe des idées qui nous habitent, qu’on n’arrive pas à nécessairement à articuler consciemment.
La beauté est un exemple d’une chose qui se ressent, mais qui ne s’explique pas.
Devant un couché de soleil, par exemple, comment décririez-vous le sentiment esthétique ? Pourquoi c’est beau ?
Certains répondrons les couleurs, ou le paysage… mais pourquoi l’association de tels éléments, produit telle sensation ?
Les anciens diraient sûrement qu’il s’agit d’une question de correspondances harmoniques.
Peut-être que lorsque l’on observe la cohérence du ciel, et de ces cycles, notre psyché entre en résonnance avec celle-ci…
L’univers est une symphonie.
Tout est question de rythme et de vibration.
La création danse en chœur, à vous de vous aligner avec sa mélodie.
— Geoffroy