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Jouer avec le Flow (ordonner la conscience)

Notre culture est malade.

Le taux de meurtre a augmenté de 1000% en 25 ans en France.

Les divorces ont aussi évolué de +400%.

Chez les jeunes hommes, le taux de suicide a progressé de 300% (4 fois plus élevé que chez les jeunes femmes).

La santé mentale décline.

Le niveau d’éducation baisse. (On investit 6 fois plus dans l’armement que dans les écoles.)

Cette tendance se retrouve dans l’ensemble du monde occidental.

Bien que nous soyons matériellement plus puissants que jamais, le chaos prend de plus en plus d’ampleur.

La crise existentielle

Le christianisme avait déjà en lui les germes de son autodestruction.

En plaçant la recherche de la vérité comme un impératif, il s’est tiré une balle dans le pied, en pointant ses propres contradictions.

Son effondrement nous a appris qu’il valait mieux vaut croire en quelque chose, que de ne croire en rien (nihilisme).

Certains pensent que les religions n’existent que pour contrer nos angoisses existentielles, et notre peur de la mort.

Ce n’est pas mon avis, mais il y a du vrai dans cette proposition.

Une religion est une hiérarchie de valeurs, et d’objectifs sous-entendus.

Elle donne un but, et une finalité à l’existence. (Quelque chose à accomplir, du sens à la vie…)

Nietzsche est surement celui qui a le mieux articulé, et pressenti ce problème.

Quand un système de valeur s’effondre, il ne reste que le chaos et la destruction, que ce soit au niveau civilisationnel, ou au niveau individuel.

Pourquoi ?

Parce que le programme qui sert à naviguer l’environnement se brise.

Quand il n’y a plus de direction à suivre, l’errance devient cauchemardesque.

Comme un navire sans cap au milieu de l’océan.

La civilisation, et l’individu ne peuvent être sains (ou saints ?) seulement lorsqu’ils sont bien orientés.

Voici le problème de la plupart : ils n’ont ni but, ni plan.

Malheureux, aigris, la seule morale qu’ils connaissent est compulsive, par peur du châtiment.

Le commercialisme nous dit de combler ce vide par la consommation, les jeux de pouvoir, et par la gratification instantanée (addictions).

Ces solutions hédoniques ne fonctionnent pas, et produise, à terme, l’effet inverse.

C’est parce que l’égo est comme une bête toujours affamée et insatiable, qui grossit plus on la nourrit.

Comme un puit sans fond.

Le circuit de récompense

Tant que vous n’aurez pas réparé votre système d’orientation, vous serez obligés de vous appuyer sur de petits plaisirs, qui finiront par vous gâcher la vie.

(Les individus continueront à errer comme des zombis, tant que la culture n’aura pas rétablit un idéal de référence.)

Toutes les drogues que vous consommez, et toutes vos pratiques addictives, servent à masquer l’insatisfaction du moment présent.

Elles servent toutes à court-circuiter votre circuit de récompense.

Le rôle du système dopaminergique, c’est de vous motiver à l’action.

S’il est défaillant, vous allez manquer d’énergie pour accomplir votre volonté.

Évolutionnairement parlant, le plaisir sert à récompenser, et à renforcer les comportements qui servent votre idéal (et la survie/réplication de vos gènes).

Cet idéal est partiellement biologique, partiellement imposé par la culture, et dans de rares cas, partiellement construit consciemment.

Vos émotions vous indiquent comment vous êtes en train d’évoluer par rapport à vos objectifs.

Les positives vous signalent que vous progressez.

Les négatives que vous régressez, ou que vous stagnez.

C’est pour cette raison que l’on aime les jeux, et qu’ils sont cruciaux pour le développement des enfants.

Ils nous apprennent la structure de l’existence.

Un jeu a un but principal, celui de gagner la partie.

Et des objectifs secondaires, qui servent la mission première.

Plus bas dans l’échelle d’abstraction, le jeu s’incarne par des patterns comportementaux, et l’application de compétences.

Simplement dit : un jeu est une hiérarchie de but.

L'échelle des valeurs

La structure des jeux

On prend plaisir à jouer pour plusieurs raisons. Les jeux :

  • Stimulent le système dopaminergique en définissant un objectif, et en essayant de l’accomplir.
  • Encouragent la créativité.
  • Entraînent à la résolution de problèmes.
  • Sont une version miniature de la vie, et de la perception.
  • Permettent de développer des compétences.
  • Apprennent à sociabiliser, la réciprocité, et la coopération.

Je n’ai jamais compris pourquoi les gens étaient aussi fanatiques du football.

Jusqu’à ce que je saisisse l’essence de la motivation.

Qu’est-ce qu’une coupe du monde, par exemple ?

  1. Un but principal : gagner le tournois.
  2. Des objectifs secondaires : une série de matchs.
  3. Des patterns comportementaux : savoir tirer, faire des passes, avoir l’esprit d’équipe…

Maintenant, ce qui est étrange, c’est que les supporters semblent tirer autant de satisfaction du jeu, ou de déception, que les joueurs eux-mêmes.

(Certains rapportent que ce sont les moments les plus intenses de leur vie.)

Cet exemple montre quelque chose d’important : que l’on peut se fixer des objectifs arbitraires (voire même insignifiants), et toujours prendre du plaisir à l’accomplissement de ceux-ci.

En fait, c’est la leçon que nous enseignent toutes les spiritualités, les philosophies, et les sciences humaines :

Le bonheur n’est pas dans le débridage de toutes ses pulsions animales, et de ses impératifs biologiques.

Il est plutôt dans la poursuite d’un but, dans la sensation de progresser, et dans le développement de compétences.

La seule différence avec le jeu de la vie, c’est que celui-ci n’a pas de fin.

Vous ne pouvez pas être heureux si vous n’avez pas d’objectif, car votre système dopaminergique reste alors inactif.

La gamification

Il existe un concept dans les humanités numériques qui utilise ce mécanisme à son avantage : la gamification (ou ludification).

Cela consiste à appliquer des dynamiques de jeu vidéo, à des plateformes originellement neutres, dans le but de les rendre plus attrayantes, et ergonomiques.

En réalité, toutes les situations peuvent être ludifiées.

Certains gamifient la structure de leur entreprise, de leurs applications, d’autres le font avec leurs objectifs sportifs ou artistiques…

Mais les plus créatifs, restent ceux qui arrivent à transformer les moments d’ennui ou d’adversité, en jeu.

La situation extérieure reste la même. Mais puisqu’elle est interprétée différemment, elle est vécue d’une autre façon.

Ceux-là sont ceux qui éprouvent le plus de satisfaction dans leur vie.

Les obstacles deviennent des défis. Et plus ces derniers sont grands, plus ils prennent de plaisir à les surmonter, et à se voir développer de nouvelles compétences.

Exemple :

J’ai appliqué ce principe de gamification, sans le savoir, lors de longues heures ennuyantes de cours magistraux. (C’est surement grâce à cela que j’ai pu les supporter si longtemps.)

J’étais constamment en train de gribouiller des formes presque aléatoires sur du papier. Cela me permettait de me concentrer sur quelque chose, pour rendre la léthargie plus supportable.

De cette façon, mon hémisphère droit pouvait se consacrer à une tâche créative, pendant que le gauche écoutait passivement un discourt logique.

Au bout de quelques heures, la feuille se remplissait, et j’avais une œuvre terminée (tout en arrivant à parfaitement suivre le cours).

Doodles

Le flow

Une des caractéristiques des jeux est qu’ils produisent des expériences dites autotéliques.

(« Auto » signifie « soi-même » en grec, et « télos » signifie « but ».)

C’est le terme technique utilisé pour signifier un état de transe, ou l’on est totalement absorbé par ce que l’on fait.

Mihály Csíkszentmihályi le caractérise comme une sensation de « flow ».

C’est quelque chose qui se produit lors de performances athlétiques, intellectuelles, ou artistiques, par exemple.

La plupart des formes de méditations servent à cultiver cet état.

L’effet de groupe peut aussi le simuler.

En bref, il existe mille et une façon d’entrer dans cette trance.

Il s’agit de l’expérience optimale, celle où vous vous sentez le plus vivant.

Dans cet état, votre conscience est articulée avec beaucoup de cohérence et d’harmonie.

Vous avez l’esprit clair, et focalisé.

C’est aussi de cette façon que vous apprenez le mieux.

Plus vous avez d’expériences autotéliques, plus vous ordonnez votre psyché, et plus votre personnalité se transforme et se complexifie.

Les gens les plus productifs sont ceux qui savent entrer en mode « flow » quasiment à souhait.

En générales, ces derniers trouvent beaucoup de satisfaction dans leur travail, ou leur art.

Ce phénomène a également toutes les caractéristiques d’une expérience religieuse.

En vérité, c’est pour cette sensation que les gens vivent, bien que la plupart n’arrive à l’atteindre qu’avec des pratiques addictives.

Les symptômes d’immersion

Il existe différentes terminologies pour qualifier cette expérience.

Csíkszentmihályi parle de « flow ».

Abraham Maslow de « Peak Experience » (expérience au sommet).

William James « d’expériences religieuses ».

Wilhelm Reich la qualifierait surement comme une forme d’orgasme.

Robert Anton Wilson utilise l’adjectif « psychosomatique ».

Patanjali plutôt « Dhyana ».

Les chrétiens parlent « d’enlèvement au ciel ».

Eckhart Tolle le qualifie comme le pouvoir de l’instant présent.

Quel que soit le nom qu’on lui donne, voici ce qui caractérise cette expérience :

Le défi

Ce sont le plus souvent des activités qui demandent une forme de maîtrise, d’entraînement et de répétition.

Plus le challenge est grand, plus la satisfaction est élevée.

L’idéal est quand l’objectif est à la frontière de vos domaines d’expertises.

Si le défi est trop simple, vous ennuyez, s’il est trop irréaliste et difficile, il produira plutôt de l’anxiété.

Mode Flow

Le continuum corps-esprit

L’expérience du « flow » est psychosomatique.

Le corps et l’esprit – l’action et la pensée – se synchronisent pour ne faire plus qu’un.

L’ensemble de votre énergie mentale, et physique, est dirigé dans la même direction.

Mais paradoxalement, cette immersion totale dans l’activité fait que l’on oublie le but final.

Un objectif clair

Votre cerveau est comme un missile téléguidé qui a besoin d’une cible, et de feedback.

Un objectif clair impose un ordre sur une structure chaotique.

Il simplifie aussi la complexité du monde, parce que ses signaux sont réagencés dans une nouvelle matrice sémantique.

La concentration

Ces expériences demandent toutes un haut degré de concentration.

L’attention doit être focalisé comme laser, fixe, et imperturbable.

À tel point que le monde autour de vous semble s’arrêter, et s’évaporer.

Il s’agit d’un effort qui est paradoxalement relaxant.

Le lâcher-prise

L’autre paradoxe est celui du contrôle.

Le « flow » suppose le lâcher-prise.

« Ce à quoi tu résistes persiste. »

C’est seulement quand on est détaché des résultats, qu’on a réellement le contrôle sur soi et sur l’environnement.

La mort de l’ego

La séparation entre le soi et l’environnement disparaît quand la concentration est parfaite.

L’ego ne se sent plus constamment menacé, comme c’est le cas dans la vie courante.

Vous vous oubliez alors vous-même, et vos problèmes, pendant un court instant, et accédez à l’essence du soi.

La déformation du temps

Le dernier élément est la perte de la notion du temps.

Comme quand vous travaillez sur un projet qui vous passionne, et que vous ne voyez plus le temps passé, et où vous oubliez même de vous nourrir.

Il peut s’accélérer ou se ralentir.

Mais dans tous les cas, sa linéarité se brise.

Conclusion

Le flow est la clé du bonheur, de la productivité, et de la performance.

Dans le précédent article, j’ai introduit des techniques de méditation traditionnelle.

Mais cet état de trance, peut s’atteindre aussi de façon active.

Certains préféreront les sports extrêmes, d’autre les échecs, ou la pratique d’un instrument de musique…

Le plus souvent, ce n’est pas l’activité en soit qui produit le flow, mais c’est plutôt l’attitude envers l’activité qui le produit.

Le fait de suivre votre curiosité peut aussi être une bonne porte d’entrée.

Les choses qui vous intriguent naturellement, sont des indices de votre providence.

Comme Alice au pays des merveilles, qui découvre un nouvel univers après qu’elle ait suivi le lapin blanc ; la poursuite de vos centres d’intérêts produira le même effet : une transformation.

Enfant, j’ai eu une période où je me levais à 6h pour pouvoir jouer à Counter Strike avant d’aller à l’école. En classe, j’y pensais toute la journée, complétement obsédé, pour y rejouer immédiatement en rentrant.

Un jeu vidéo a toutes les caractéristiques des symptômes d’immersions cités plus haut.

La même chose peut se produire avec un livre, qui pique notre attention, et qu’on finit par lire en 3 jours.

Pour d’autre c’est leur travail, ou leur famille, qui donne du sens à leur vie.

« Suivez votre félicité et l’Univers vous ouvrira des portes là où il n’y avait que des murs. », disait Joseph Campbell.

« Ne vous inquiétez donc point, et ne dites pas : Que mangerons-nous ? que boirons-nous ? de quoi serons-nous vêtus ?

Car toutes ces choses, ce sont les païens qui les recherchent. Votre Père céleste sait que vous en avez besoin.

Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu ; et toutes ces choses vous seront données par-dessus.

Ne vous inquiétez donc pas du lendemain ; car le lendemain aura soin de lui-même. A chaque jour suffit sa peine. »

— Matthieu 6 : 31-34

Toutes les activités qui induisent le flow ont un potentiel addictif.

Devenez accro à votre art, à votre métier, ou à votre passion, plutôt qu’à des habitudes autodestructrices.

— Geoffroy

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Qui est Geoffroy Stec ?

Je suis designer et éditeur depuis 2018. J’aide les créatifs à monétiser leurs passions, et à construire des systèmes de rémunérations durables.


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