Notre ère est celle de l’information.
Ce n’est plus l’industrie qui prime, c’est la communication.
Toutes les tâches mécaniques deviennent automatisées.
On a de moins en moins besoin d’ouvriers.
Ce qu’on cherche, c’est la créativité.
Le monde appartient aux visionnaires, et non aux techniciens bientôt remplacés par l’IA.
Dans ce cyberespace, votre succès dépend de votre capacité à manipuler des idées, et des abstractions.
La richesse que vous produisez provient de votre matière grise.
Votre survie dépend de votre capacité à créer du sens.
Le paradigme informationnel
Tout relève d’un processus d’information et de communication.
« On ne peut pas ne pas communiquer. »
— Paul Watzlawick
Beaucoup de physiciens pensent que, fondamentalement, l’univers est composé d’information, et d’équations mathématiques.
Au niveau subatomique, l’échange de données crée la matière.
Le même processus s’applique à la perception : les signaux environnementaux créent l’expérience sensible.
Quand j’étais à l’université, c’est une idée que j’ai dû débattre, avec certains professeurs, qui avaient une vision réductionniste des sciences de l’information et de la communication.
Pour eux, ces dernières se résumaient à des domaines comme :
- L’informatique
- La programmation
- Le journalisme
- L’écriture
- L’audiovisuel
- La communication
- Le design
- La sémantique
- La tech
- …
Moi, je voulais aussi y inclure :
- L’épistémologie
- La psychologie
- Les théories de la perception
- Les théories de la conscience
- La physique
- La métaphysique
Conscience, information, et communication sont interreliées.
Lorsque l’on comprend ces processus, on maîtrise mieux son environnement, et son esprit (ainsi que celui des autres).
Un monde fait de valeurs
Votre perception est subjective.
Vous ne captez que l’information qui sert vos intérêts.
L’attention est sélective, puisque c’est une ressource limitée.
Comme déjà expliqué plusieurs fois, vous ne voyez pas des objets objectifs, vous percevez des significations subjectives qui s’inscrivent dans un système de valeur.
C’est ce qu’enseigne la phénoménologie, l’existentialisme, ainsi que les théories de la perception.
L’univers ne se mesure non pas par les atomes qui le constituent, mais plutôt par le sens qu’il fait.
Vous ne savez pas comment fonctionne l’électricité, ni comment marche votre voiture, ni votre ordinateur, ni comment votre cœur bas, ni comment la terre tourne.
Pourtant, vous savez utilisez ces systèmes tous les jours à votre avantage.
La question fondamentale n’est donc pas de savoir de quoi est constitué le monde.
Elle est plutôt de savoir comment agir. (Ce qui est du domaine de la philosophie, comme expliqué ici.)
Quand vous comprenez cela, vous savez pourquoi on communique, et comment avoir de l’influence.
Nous avons tous une idée du bien, qui se subdivise en sous-personnalités, qui se subdivise en actions concrètes.

Si nous échangeons de l’information, c’est parce que nous avons toujours besoins de nouvelles perspectives, qui nous aident, soit à affiner notre idée du bien, soit à réaliser notre idée du bien.
L’apprentissage consiste à construire, et à actualiser les sous personnalités, qui forment la totalité du soi.
Le rôle de l’information
Nous échangeons des valeurs qui répondent à des problèmes.
La plupart de ces problèmes sont liés à la survie, et la réplication génétique.
Le but de tout être vivant est de laisser autant de copie de lui-même que possible.
Quand vous achetez une pomme, vous échangez de l’argent (symbole de travail et de productivité), contre de la calorie. Vous échangez une forme d’énergie contre une autre.
Maintenant, qu’est ce qui a le plus de valeur ? La pomme en soi, ou les compétences agricoles nécessaire pour cultiver des pommes ?
L’information prime toujours sur les objets. Mieux vaut savoir comment produire, plutôt qu’avoir le produit final.
(Le code génétique inscrit dans le pépin est infiniment plus précieux que le fruit en soi.)
Quand on échange de l’information, on transfère des programmes d’une mémoire à une autre. Le système apprend alors à exécuter des nouvelles tâches, qui donnent de nouveaux résultats.
Les données que vous valorisez sont celles qui vous aident à survivre, et à vous reproduire.
Une fois que ces premiers besoins primaires sont résolus, d’autres besoins secondaires font surfaces, comme le signifie la pyramide de Malsow.

Vos besoins s’organisent selon une hiérarchie qui devient de plus en plus complexe à mesure que la personnalité se développe.
À chaque fois que vous intégrez, ou que vous vous différenciez d’un programme, vous subissez une transformation, et atteignez un ordre de cohérence plus élevé.
Vous ne cesserez jamais de désirer.
Tout ce que vous voulez, vous le souhaitez parce que vous pensez que cela vous rendra heureux.
Autant donc apprécier le processus, plutôt que d’être constamment dans l’anticipation.
Votre cerveau est un outil qui sert à résoudre des problèmes, qui deviennent de plus en plus complexes, et subtiles.
Il est comme un missile téléguidé, et a besoin d’une cible pour fonctionner correctement.
La vie est un jeu avec une hiérarchie de but.
Mesurer la valeur
Les signaux que vous interprétez ont trois valeurs :
- une économique.
- une informationnelle.
- une entropique.
1. La valeur économique.
La valeur économique d’un message correspond au ratio qu’il existe entre un problème et sa solution.
Plus la situation initiale est catastrophique, et plus la situation finale est satisfaisante, plus le message permettant de faire la transition a de valeur économique.
Exemple :
Vous voulez traverser une rivière, il n’y a pas de pont, vous ne pouvez nager, et vous êtes poursuivi par un lion.
Si je vous informe qu’il y a un radeau 400 mètres plus haut, alors mon message a une haute valeur.
Mais s’il y avait un pont, alors mon message vous importerez peu.
Chaque individu essaye d’accomplir quelque chose de différent.
Mais dans les grandes lignes, tous les être vivants ont des désirs, dictés par la biologie, qui se ressemblent.
Nous valorisons tous les informations qui nous rendent plus riche, plus heureux, ou qui nous font gagner en statut social.
Les trois grands marchés sont :
- la santé,
- l’argent,
- les relations.
Les messages, qui peuplent l’idéosphère et le cyberespace, sont similaires à des offres.
Comme en économie, elles peuvent se mesurer (notamment par la demande), avec différentes équations.
Celle que je préfère est celle d’Alex Hormozi :

Quand vous communiquez, tâchez de comprendre le futur idéal de votre interlocuteur, et d’y proposer des solutions réalistes, rapides et efficaces.
Voilà le secret pour capter l’attention.
2. La valeur informationnelle
Dans la théorie de l’information, la valeur d’un message équivaut à la probabilité négative de pouvoir prédire son contenu.
En terme simple : vous n’apprenez rien quand on vous répète ce que vous savez déjà.
Pour revenir à l’exemple de la rivière : mon message n’a de valeur, seulement si vous ignoriez qu’un radeau se trouvait 400 mètres plus haut.
Ici c’est l’originalité, l’authenticité et l’imprévisibilité qui priment.
Voici l’importance d’être à contre-courant : de ne plus se noyer dans la masse.
Vous devez constamment générer de la nouveauté, parce que le monde et les personnes changent.
Les métaphores des cultures passées ne nous parlent plus.
Les langages évoluent avec leur temps, et même les perles de sagesse ancestrales doivent être reformulées, et réarticulées pour être comprises dans le paradigme contemporain.
Le rôle de la créativité, c’est de faire du nouveau avec l’ancien, et d’imaginer des solutions et des usages encore à découvrir.
La répétition de banalités et de platitudes n’intéresse personne.
Ce dont les gens ont besoin, c’est de nouvelles perspectives, qui vont venir enrichir leur expérience.
Plus vous collectez d’information, plus vous avez d’outils conceptuels, et plus vous êtes apte à naviguer des environnements complexes, et à articuler des solutions originales.
Cependant ces données doivent être organisés pour être exploitables.
3. La valeur entropique
L’entropie désigne le taux d’aléatoire et de désorganisation d’un système.
La néguentropie, ou l’entropie négative, indique, au contraire, le degré d’organisation, d’harmonie, et de cohérence d’un système.
Dans toutes les communications, il existe du bruit, des artéfacts, et des interférences qui viennent perturber le message.

Ces perturbations, qui peuvent êtres techniques ou sémantiques, doivent être réduites au minimum. (Voila pourquoi la plupart des designs modernes sont minimalistes : ils réduisent la friction et vont droit au but.)
Mais au-delà de la préservation du message initiale, un haut degré de néguentropie sert également des fonctions esthétiques.
Toute la démarche artistique consiste en l’harmonisation de patterns, et de rythmes. Nous aimons l’ordre et la symétrie, car ils créent de la clarté.
Plus il existe de complexité et d’intrication, plus la valeur entropique d’une œuvre est basse (à condition que ces facteurs n’empiètent pas sur la cohérence globale).
Les systèmes qui tendent vers des ordres harmoniques toujours supérieurs sont vivants. À l’inverse ceux qui deviennent de plus en plus chaotiques sont morts.
Dans mon livre (en cour de réédition), j’arrive à la conclusion que ce qui organise le chaos ambiant, c’est la conscience.
Mihaly Csikszentmihalyi dans Flow la définit de comme « l’information ordonnée de façon intentionnelle ».
Quand votre esprit est désorganisé, vous ressentez du stress et de l’anxiété.
En apportant de la clarté aux gens, vous les aidez à organiser leur conscience.
Cartographier le territoire
Si vous voulez que les gens consomment votre contenu, ou achètent vos offres, vous devez communiquer un message à haute valeur économique, informationnelle, et néguentropique.
Ce que vous vendez, fondamentalement, c’est votre capacité à créer du sens. (C’est l’essence de la persuasion.)
La véritable richesse n’est pas dans les matières premières. Elle est dans l’ingénierie d’idées pratiques et utiles.
Il est plus important de savoir construire des voitures, par exemple, plutôt que de posséder ses matériaux.
La forte croissance, et le PIB de pays comme Singapour, l’Irlande, ou le Japon, ou la Corée du Sud en sont la preuve.
À l’inverse, de nombreux pays riches en matières premières restent pauvres économiquement, et misérables socialement.
Faire de l’argent, c’est convertir une forme d’énergie en une autre.
Vous pouvez échanger de la force mécanique (labeur) contre des euros, par exemple.
Mais la force qui a le plus de valeur, c’est l’énergie psychique : c’est-à-dire l’attention concentré vers un but.
Cette ressource est la plus précieuse.
Sur quoi êtes-vous focalisé, tout au long de la journée ?
Est-elle gaspillée, ou investie sagement ?
(Comme expliqué précédemment, vous ne pouvez éprouver d’émotions positives durables si vous n’avez pas d’objectif.)
Quand vous évoluez d’une situation A à une situation B, grâce à l’attention guidée intentionnellement, vous subissez une transformation, et vous acquérez de l’expérience.
Si vous retranscrivez ce processus, alors vous obtenez une carte unique, qui pourra être transmise à d’autres, et qui leurs permettra d’économiser du temps et de l’énergie.
(C’est pour cette raison que plus on échange de cartes, plus le temps s’accélère.)
Votre boulot c’est d’explorer le monde, d’apprendre des autres, et de construire du sens.
De cette façon vous cartographiez l’existence, en suivant votre curiosité, tout en étant utile à la culture.
Les jeux sociaux
Nous avons beau vivre dans un monde encore partiellement civilisé, la survie reste un enjeu majeur de la vie de chacun.
Mais dans une société d’hyperinformation, elle se déroule plus au niveau conceptuel, plutôt qu’au niveau physique.
Certains évolutionnistes pensent que c’est à cela que servent le néocortex, et la capacité d’abstraction : à laisser nos idées mourir à notre place.
Le fait de pouvoir imaginer une action, et de la dissocier de son exécution, permet de générer des avatars de personnalité, qui peuvent être simulés dans différentes situations.
Ce qui reste des réflexes inconscients chez les espèces inférieures, deviennent des hiérarchies de but intriquées (partiellement biologiques, et partiellement construites), chez l’homme.
Les animaux sociaux le sont car c’est leur seul moyen d’affronter l’environnement.
Nous sommes tous interdépendants. Très peu produisent ce qu’ils consomment.
Notre capacité à s’engager dans des relations réciproques, mutuellement bénéfiques, fait que nous pouvons construire des civilisations, et affronter l’environnement.
La seule alternative à ce modèle est la tyrannie, par le règne de l’agressivité, de la force et de la violence.
Au niveau de l’individu, c’est la même chose. Il en existe deux types :
- Ceux de bonne volonté, prêts à coopérer, à échanger, à collaborer, à jouer…
- Ceux qui sont antisociaux, psychopathes, narcissiques, égoïstes, prêts à satisfaire leurs instincts primitifs peu importe les dégâts qu’ils causeront.
Ces derniers ont des stratégies qui ne peuvent fonctionner sur le long terme.
La théorie des jeux démontre clairement que dans des interactions répétées, c’est toujours la réciprocité qui l’emporte, et que les tricheurs sont vites éliminés (tit for tat).
Votre réputation (et votre richesse) se mesure par le nombre de services que vous avez rendu à autrui.
Conclusion
Concrètement, comment rendre tout ceci applicable maintenant ?
Vous devez travailler sur vous-même et vos objectifs.
Si vous avez une vie ennuyante, ce que vous aurez à dire ne sera pas intéressant.
Beaucoup qui se lancent sur le web, produisent du contenu sensé donner des conseils, mais ils n’ont ni l’autorité, ni la légitimité pour que ce soit pertinent.
À moins d’être quelqu’un qui stagne, ou qui régresse dans sa vie, vous allez commencer à cumuler de l’expérience au fil des années.
Soyez comme un chercheur qui documente toutes ses découvertes, plutôt qu’un vulgaire coach narcissique et paternaliste.
Votre rôle c’est de partager les aspects de la réalité que vous avez cartographiés.
Vous pouvez faire ceci de deux façons :
- Soit en faisant un compte rendu de votre expérience personnelle. (Différentiation)
- Soit en apprenant et en synthétisant à partir de l’expérience des autres. (Intégration)
L’idéal est de les combiner, et de les équilibrer.
Il n’y a rien de mal à reformuler des concepts qui existent déjà, et d’y rajouter votre perspective.
Les idées en soi, sont libre de droit et appartiennent à tout le monde.
C’est plutôt leur mise en forme qui est protégée par la propriété intellectuelle.
Lorsque vous faites ce travail d’articulation, vous développez votre personnalité, et vos compétences.
C’est encore mieux si vous le documentez en ligne, parce que vous commencerez à développer une communité, et des opportunités de business, et de collaboration, avec des personnes qui résonnent avec votre message.
— Geoffroy