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Les dangers de la morale compulsive (et la fonction de l’orgasme)

Toutes les sociétés sont tyranniques, car elles obligent l’individu à réprimer ses instincts naturels.

Cette tension entre nature et culture, est source de conflit et d’anxiété.

Les systèmes d’éducation traditionnels sont destinés à créer des robots dociles, et non pas des personnes libres, et réalisées.

Ce processus d’endoctrinement instaure chez l’individu une morale compulsive.

La véritable morale est instinctuelle, et dictée en temps réel par votre conscience.

La morale compulsive est un ensemble de règles, plus ou moins arbitraires, dictées par une autorité patriarcale.

La première est naturelle.

La seconde est pathologique.

Voici comment hacker la matrice sociale, et reconnaître ses pièges :

Inconscient et libre arbitre

Il existe donc deux types de morale. Celle qui est naturelle a été traité précédemment. Celle qui est artificielle est l’objet de cet article.

Une erreur majeure, commise par les anciens, était de surestimer la fonction du libre arbitre, et de la rationalité.

Ils sous-estimaient le rôle, et la puissance, de l’inconscient.

Son existence était surement déjà connue des premiers chamanes, mais sa formalisation fut très tardive.

You think that you determine your actions with free will?

Far from it!

Your conscious action is only a drop on the surface of a sea of unconscious processes, of which you can know nothing-about which, indeed, you are afraid to know.

Wilhelm Reich

Beaucoup critiquent la psychanalyse, mais oublient qu’avant Freud, la plupart ne soupçonnaient même pas l’existence de l’inconscient.

Aujourd’hui c’est une banalité, et un fait acquis. Mais à l’époque, le concept était révolutionnaire.

Ce n’est pas vous qui contrôlez votre autonomie. Ce sont vos instincts, et vos passions, qui vous dirigent (même si vous rationalisez après coup).

Ce n’est pas étonnant que cette idée ne soit pas populaire. La plupart sont trop arrogants, et narcissiques, pour admettre qu’ils ne sont pas maître de leurs processus psychiques. (Et ils sont encore plus loin d’admettre, que ces dynamiques, sont en grande partie dû à la répression de pulsions sexuelles.)

Freud a posé les fondations, et nous pouvons lui être reconnaissant pour cela. Il était également très prudent dans ce qu’il disait, car il savait que son travail pouvait avoir des conséquences pharamineuses, et totalement révolutionnaires.

La découverte de l’inconscient met en exergue, de profondes questions sociologiques, et psychologiques.

Comment concilier nature et culture ?

Pour certains, ce conflit est inconciliable, ce qui les amènent à considérer les masses comme des meutes animales, et stupides. (C’est l’approche Edward Bernays, le neveu de Freud, qui justifie la propagande en démocratie par ce fait, par exemple.)

Les sujets abordés par les psychanalystes sont extrêmement tabous, et la plupart préfèrent les ignorer.

Le circuit moral socio-sexuel

Anthropologiquement, les plus gros interdits encadrent toujours la sexualité.

Il n’existe pas de tabou universel, mais toutes les cultures ont leurs tabous.

Pour Timothy Leary, il s’agit de la manifestation du circuit moral socio-sexuel.

Il est imprégné à l’adolescence, et régule l’attraction et le désir.

Les cultures imposent des dogmes pour tenter de contrôler l’évolution génétique des populations.

Tout être vivant est sexuel par nature.

Freud parlait de libido pour désigner de la source de l’énergie psychique.

Mais il n’ira pas au bout de son propre raisonnement (sûrement par peur des répercutions qu’il aurait pu avoir).

Pour lui, la libido restera une abstraction vague.

Celui qui détaillera précisément, et scientifiquement, cette énergie psychique, est un de ses contemporains : Wilhelm Reich.

L’histoire de ce psychanalyste hongrois est juste fascinante.

Il est l’exemple parfait du génie martyr, persécuté pour ses déductions scientifiques.

Comme beaucoup de victimes de l’Inquisition, il mourra dans une prison américaine, après que le gouvernement ait détruit son laboratoire, ses recherches, et ses livres.

Il bataillera aussi contre les dogmes de l’école psychanalytique de Vienne. Celle-ci lui retirera son titre, et travaillera alors activement à sa censure.

Sa vie fut une longue et difficile bataille. Et sa contribution, souvent oubliée, est titanesque.

La libido

Une des déductions de Freud, était qu’il existait deux instincts, en opposition dans l’inconscient : l’Éros (la fameuse libido), s’opposait au Thanatos (l’instinct de mort).

Ces deux polarités seraient la source de toute motivation, et de tout mouvement.

L’instinct de mort était l’explication rationnel, aux pulsions d’agressivités, et aux tendances autodestructives.

C’est ici que Reich est en rupture avec Freud.

Admettre qu’il existe un instinct de mort, c’est indirectement condamner tout effort thérapeutique.

Quelque chose de naturel, ne peut être traiter.

Reich pensait au contraire, qu’il n’existait pas d’instinct de mort.

Ce dernier n’était, pour lui, qu’un symptôme, qu’une libido repressée produit.

Il n’existe qu’un instinct de vie. L’anxiété, et l’agressivité, ne sont que la négation de celui-ci.

Sa principale manifestation est sexuelle. Son principe est celui du plaisir. Son reflexe est l’orgasme.

Pour Reich, TOUTES les névroses sont causées par la répression, et la constriction, de pulsions orgiastiques.

Aucun individu ne pouvant jouir librement, sans sentiment de culpabilité, ne pouvait être considéré comme « sain d’esprit », pour lui.

La honte de la sexualité, est une honte de la vie, et de l’énergie expansive qui anime tous les êtres.

Lorsqu’elle n’est pas exprimée naturellement, elle le fait tout de même, mais de façon perverse.

Le masochisme est un exemple d’une telle perversion.

(C’est d’ailleurs en analysant un patient masochiste, qu’il compris que l’« instinct de mort », n’était qu’une forme de perversion de la libido, qui ne trouvait d’autre moyen pour s’exprimer.)

Il existait donc pour lui une sexualité naturelle (où le consentement est central), s’opposant à une sexualité compulsive et pathologique (masochisme, pédophilie, viol, narcissisme…).

Une autre idée centrale, chez Reich, et qui lui valut des problèmes avec les États fascistes de son temps (années 40), est le lien fondamental qu’il tire entre politique, et libido.

Pour lui, l’autoritarisme n’est imposable seulement sur une civilisation qui réprime collectivement la sexualité.

L’énergie psychique

Les contributions de Reich sont nombreuses.

Parmi celles-ci, il détruira le dogme que le sexe ne sert que la reproduction.

Le sexe sert également comme moyen d’évacuer la tension accumulée par le système nerveux.

Il s’agit du même phénomène qui est à l’origine de la mitose (duplication des cellules) chez les micro-organismes.

La fonction de l’orgasme est de décharger la charge électrique de l’organisme.

Quand on empêche cette décharge (répression), l’organisme devient congestionné, et le courant circule difficilement. (Cette tension est ressentie comme de l’anxiété, seulement quand la décharge est absente.)

Chez les eucaryotes, par exemple, cette décharge (expansion/orgasme) est à l’origine de leurs duplications.

La fonction orgiastique à l’œuvre

Reich fait partie de ces scientifiques controversés, très critique de l’approche matérialiste.

Plus proche des vitalistes, il a beaucoup contribué à la compréhension de nombreux phénomènes de nature bioélectrique, et bioénergétique.

Ses théories calquent, indépendamment et empiriquement, celles de la médecine orientale.

Reich est très critique de toute forme de mysticisme (qu’il considère aussi comme une forme de perversion de la libido).

Il est en rupture avec Carl G. Jung, sur sa théorie de l’inconscient collectif, et son appétence pour l’occultisme.

Ce qui est étrange, c’est de voir que sa conception de l’énergie sexuelle (qu’il nomma Orgon), est très similaire à ce que les cultures asiatiques nomment Chi, Ki, Prana, ou Mana.

Celui-ci condamnait fermement le yoga, alors que son modèle est très similaire.

L’armure psychique

Votre corps est une batterie complexe. Votre potentiel est positif au niveau de la tête, et négatif au niveau des pieds, et des mains.

Quand le courant ne peut circuler librement, ou que l’énergie est mal déchargée, des pathologies psychosomatiques s’installent.

Enfant, on nous apprend tous à réprimer nos émotions.

On nous apprend à retenir notre colère, et nos pulsions sexuelles.

Cette répression crée des blocages, où l’émotion reste bloquée dans des ganglions énergétiques.

Les traumatismes sont ancrés et localisés dans le corps. Ils affectent la posture globale, l’expression faciale, et le timbre de la voix.

Souvent, ils prennent la forme de contractions, et de tensions chroniques, au niveau du front, de la mâchoire, de la nuque, des épaules, de l’abdomen, et du pelvis. (Reich décrit ces innervations comme une armure psychique, que se constitue l’individu.)

Celui qui souffre d’anxiété est dans un constant état d’alerte.

Son système sympathique est en surrégime constant.

Les deux réflexes primaires à tout être vivant sont la contraction (sympathique) et l’expansion (parasympathique).

Système nerveux sympathique et parasympathique

Le corps et l’esprit forment un tout insécable. La plupart des symptômes physiques ont des corrélations psychiques et vice versa.

Vos émotions influent sur votre posture, et votre posture influe sur vos émotions.

Un autre effet majeur, de la tension qui s’accumule sans pouvoir être déchargée, est le blocage de la respiration.

L’appareil respiratoire est en constant sous-régime lorsque les organes adjacents sont contractés.

Le cœur doit aussi travaillez plus dur, en raison de la vasoconstriction que produit la tension.

En bref, votre sang, qui circule déjà difficilement, manque d’oxygène, et c’est l’ensemble de vos organes qui en pâtissent.

La transmutation

La plupart des exercices de yoga enseignent d’abord la relaxation.

Ils cherchent à stimuler consciemment le système parasympathique.

Une emphase toute particulière est portée à la respiration.

La maîtrise de celle-ci vous donne le contrôle de plusieurs fonctions biologiques.

C’est grâce à elle que Wim Hof, a été capable d’établir de nombreux records du monde de résistances au froid.

Elle renforce aussi le système immunitaire, et est le secret de la performance de nombreux athlètes.

Dans le yoga de Patanjali, la discipline du souffle se nomme pranayama. (Prana signifie « énergie vitale », yama signifie « maîtrise ».)

Le rétablissement d’une respiration naturelle, et décongestionnée, est la première étape de tout travail thérapeutique.

Le souffle et la libido (prana/orgon) sont intimement liés. Lorsque ce premier est bloqué par des tensions, l’énergie serpentine qui démarre du bas de la colonne vertébrale ne peut se décharger complètement.

Cette décharge n’est possible que par l’expression libre de l’orgasme.

Le processus d’accumulation et de

Les recherches de Reich apportent de nouvelles lumières sur les pratiques tantriques, et les autres formes de spiritualités sexuelles.

Pour Robert Anton Wilson, c’est également le secret de l’alchimie du Moyen Âge, et de la Renaissance.

Les alchimistes, craignant l’Inquisition, devaient utiliser la métaphore du four, et de l’alambic, pour signifier la transmutation de la libido.

On voit un pattern historique se dessiner : tous ceux qui ont essayés d’éveiller cette énergie dans les masses, ont subis les foudres de la Grande Inquisition.

C’est parce que les États tyranniques ne peuvent subsister sans la répression des instincts naturels de leurs populations.

Cette répression, qui s’impose d’abord par la structure familiale, produit une identification à l’autorité. Elle crée le besoin d’un sauveur, et la tendance à la soumission (morale compulsive).

La colère inexprimée est alors souvent projetée sur un bouc émissaire.

La libération des instincts est donc un enjeu majeur pour la politique, et la dernière chose que le tyran souhaite (il préfère que tous soient aussi constipés que lui).

Conclusion

Cinquante ans après les travaux de Reich, une révolution sexuelle s’empare de l’occident.

Les mœurs, autrefois puritains et victoriens, se décomplexent.

C’est le début des années psychédéliques aux US. C’est Mai 68 en France.

Le modèle de la famille élargie, transitionne vers celui de la famille nucléaire.

L’économie mondiale est florissante. (On ne peut prospérer que sous condition de libre-échange, et de liberté d’expression. On n’est réellement productif que quand on est autonome et en bonne santé.)

Mais nous ne sommes plus dans les années 70.

Comme la plupart des mouvements de libération, leurs intentions initiales sont, presque toujours, détournées à des fins politiques.

Les mythes sumériens, totalement décomplexés de la sexualité, furent réinterprétés de façon répressive par les sémites.

Les premiers gnostiques furent persécutés par l’Église catholique.

Le marxisme fut récupéré pour justifier les atrocités du communisme.

La psychanalyse a fini par dégénérer dans des spéculations arbitraires.

Qu’en est-il de la révolution sexuelle ? A-t-elle aussi dégénéré de son intention première, par récupération politique ?

Est-elle devenue un prétexte à la perversion, et à l’industrie pornographique ?

Assurément que certains se servent du prétexte de la libération sexuelle pour justifier la pédocriminalité, ou la prostitution.

On n’est un bon tyran seulement quand on represse l’expression naturelle de sa sexualité.

Cette répression fait que la pulsion, ne pouvant se décharger, se transforme en agressivité.

C’est pour cette raison que les dictateurs, et les oligarques, ont souvent des réputations de pervers sanguinaires.

— Geoffroy

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Qui est Geoffroy Stec ?

Je suis designer et éditeur depuis 2018. J’aide les créatifs à monétiser leurs passions, et à construire des systèmes de rémunérations durables.


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