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Le Diable et le Satanisme

Le diable est surement la figure la plus énigmatique des sciences occultes.

La plupart pensent que le diable (et l’enfer) est une figure inventée par les grands prêtres pour imposer leurs dogmes religieux par la peur, et ainsi contrôler le comportement des individus et des masses.

D’autres pensent plutôt que le diable est l’allégorie d’un concept métaphysique qui explique la nécessité d’un principe contradictoire à l’existence.

(Même la seconde loi de la thermodynamique indique que tout système non-assisté tend naturellement vers le désordre et le chaos.)

Une autre minorité pense qu’il existe littéralement une forme d’intelligence machiavélique qui œuvre à réduire l’humanité en esclavage.

Qu’en est-il vraiment ?

Signes et symboles

Une grande part de la confusion mentale que les gens expérimentent vient du fait qu’ils ne savent pas distinguer entre un signe et un symbole.

Le signe représente une idée particulière, tandis que le symbole évoque une signification plus profonde et universelle. Le signe est la lettre qui indique, le symbole est l’esprit qui illumine.

— Victor Hugo

Un panneau du code de la route est un signe. Un lien affilié est un signe. Un billet est un signe.

Mais le diable est un symbole, dont la signification, et l’interprétation, sont infinies.

Existe-t-il ?

Cela dépend de vos critères. En tant que signe, on peut dire que non en l’absence de preuve.

Mais en tant que symbole, qui peut nier que la corruption et la malveillance ne sont pas des forces à l’œuvre dans le monde ?

In this universe, everything comes in two’s, everything. Wherever there is the light of consciousness there is a shadow. There is a dark force in this universe that will have its way.

— Ian Brady

Le Satanisme

Quand on parle de satanisme, la première image qui vient à l’esprit est celle d’un culte religieux vénérant les forces du mal.

Il s’agit d’une caricature hollywoodienne peu représentative.

La plupart des aveux de « satanistes » victimes de l’Inquisition l’on fait sous la torture.

On sait que les témoignages sous torture ne sont pas fiables, et que beaucoup avouent des crimes qu’ils n’ont pas commis pour faire cesser la douleur.

L’accusation de satanisme a été dans la majorité des cas, un prétexte au lynchage et à l’exécution. (Voyez encore le cas récent de Damien Echols.)

En réalité, très peu de gens se construisent une idée absolue du mal, qu’ils travaillent ensuite à accomplir.

Quand on étudie les motivations des criminels, on voit qu’ils sont le plus souvent poussés par l’égoïsme, le narcissisme, la vengeance et le désir de domination…

Le crime est la résultante de l’emprise des instincts animaux, et d’un manque de discipline. Il est très rarement l’accomplissement d’une réflexion philosophique ou religieuse.

Il existe une infime minorité qui dit tuer pour servir le diable (ou pour servir Dieu). Ce sont des personnes qui usent de rationalisation pour justifier leurs actes, ou simplement des fous (ou des endoctrinés) avec un esprit incohérent.

La plupart de ceux qui s’affirment sataniste aujourd’hui sont pour la plupart des athées rebelles avec un esprit de contradiction envers la tradition et les institutions.

Philosophie de la révolte

Etymologiquement, « Satan » signifie « adversaire », le Chaos primordiale s’opposant à l’Ordre divin et permettant sa manifestation par effet de contraste.

La philosophie sataniste est par nature chaotique. C’est un système éclaté qui a dans son ethos même la notion de rébellion contre toutes formes de hiérarchisation des valeurs, voire de catégorisation.

Les satanistes sont les enfants de la post-modernité, et sont une suite logique aux mouvement idéologiques et culturels qui ont traversé l’Europe et l’Occident.

Pour rappel, Nietzsche annonce la mort de Dieu en 1882.

Métaphoriquement, cette mort signifie l’effondrement du système de valeur Judéo-Chrétien, vaincu par la modernité et la rationalité.

Tous les mythes, les légendes et religions du passé sont rejetés comme soit de vulgaires superstitions, soit des narratifs politiques destinés à l’endoctrinement et au contrôle des masses par une élite souvent religieuse.

La plupart des satanistes ne croient pas directement à l’existence de Satan.

Mais le fait d’affirmer qu’ils le sont, est une satire destinée à moquer le croyant qui prêche l’existence littérale d’un Dieu anthropomorphique s’opposant au Diable.

Il s’agit d’une constante démarche d’opposition, et de rébellion contre toute forme d’institution, de hiérarchie et de dogme.

C’est une doctrine incarnée par l’esprit mai 69, la culture rock and roll, ou encore la chaos magick.

Sa philosophie prône l’individualisme, le rationalisme, l’autodéfense, l’anarchie, la liberté et le relativisme.

Elle rejette totalement les dogmes des grandes religions, mais est prête à accepter une forme d’animisme et de paganisme.

Ses prophètes sont les libres penseurs qui ont subits le lynchage de la foule, ou du pouvoir, pour leurs idées.

La magie noire

Dans l’inconscient collectif, le diable et le satanisme sont reliés à la magie noire.

Pour les occultistes classiques, elle désigne l’utilisation des forces occultes à fins égoïstes et machiavéliques.

Atlantis

La légende raconte (Helena P. Blavastki – Isis dévoilée) que son origine vient de l’Atlantide.

Sous l’influence d’un démon nommé Thevetat, ses grands prêtres auraient dégénérés et cédés à la tentation du mal.

Les conséquences eurent été que les mystères, la tradition et la magie devinrent corrompus. Il en résulta la première guerre qui finit par la destruction d’Atlantis par submersion.

(Il existe une version de cette histoire dans quasiment toutes les cultures.)

Quelques prêtres survécurent au déluge et finirent par s’installer en Égypte où ils réussirent à imposer leur domination grâce à leur science sacrée (tout en gardant bien de ne pas révéler ses secrets).

Ils seront les premiers gouvernant par droit divin. Et ils fonderont des dynasties qui se transmettront jusqu’aux monarchies Européennes, et à la franc-maçonnerie moderne.

Quand je parle de Science occulte c’est de cette tradition spécifique dont je parle, et dont il ne nous reste que des fragments.

Il est difficile de démêler le vrai du faux, puisque la plupart de ces histoires mélangent des éléments factuels avec des éléments allégoriques.

Mais le thème d’un âge d’or renversé par des forces maléfiques est présent dans toutes les cultures à tous les âges.

Il est l’incarnation du paradoxe du serpent de la Genèse qui transmet la connaissance à l’homme, le rendant comme les dieux, mais qui est aussi responsable de la souffrance dans le monde.

L’Égypte

Autrefois, on appelait l’Égypte : le pays de « Khem », qui signifie « la terre noire ». (En référence aux riches limons noirs laissé par le Nil, qui étaient un excellent terreau d’agriculture).

Ainsi, on appela la magie propre à cette contré, « Magie noire ». (Beaucoup pensent que les prophètes de l’ancien testament ont hérité de celle-ci.)

Les accusations de magie noire au moyen âge font référence à la coopération avec des entités démoniaques.

Seulement, la plupart des démons dont les persécuteurs font référence sont des dieux païens de l’ancien monde.

La magie, qu’elle soit noire ou blanche, fait appel à des forces surnaturelles qui sont presque arbitrairement désignées sous le nom d’ange ou de démon. (La différence principale semble être dans l’intention de l’opérateur.)

Autre fait contradictoire avec l’approche manichéiste : on trouve dans le Grimoire du Pape Honorius III (et bien d’autres textes judéo-chrétiens) des conjurations adressées à Lucifer, et aux démons traditionnels des enfers.

Beaucoup pensent que la magie est interdite par les écritures sacrées, pourtant les plus grands magiciens de l’ancien testament sont tous aussi de grands prophètes.

Encore une fois, on voit que les questions de bien et de mal sont au cœur des systèmes de propagande et de contrôle des populations, d’où les contradictions et les paradoxes.

Le Serpent Ailé

Les Templiers furent accusés, traqués et condamnés par l’Inquisition pour avoir adoré le Diable sous la forme du Baphomet.

Baphomet negatif

Illustration du Baphomet dans Dogme et Rituel de Haute Magie – Élyphas Levy

Lucifer, Satan, le Grand Dragon, le Serpent, le Démiurge… sont tous des symboles différents qui désignent le même archétype.

Dans la psychologie Jungienne, il se réfère au complexe de la personnalité nommé « ombre ». (Il s’agit de cette part présente en chacun qui est capable de violence et d’agressivité.)

C’est une figure extrêmement paradoxale, car elle incarne les racines du mal et de la souffrance, mais elle comporte aussi un aspect rédempteur.

Le Serpent de la Genèse offre la connaissance. Lucifer est un porteur de lumière, pareil pour Prométhée. Le Grand Dragon garde un trésor.

(Jung pensait que l’individu devait intégrer son ombre pour se réaliser.)

On dit aussi qu’il est le prince de ce monde. C’est le grand architecte qui gouverne les lois du plan physique, et qui travaille à ce que les âmes restent dans les sphères inférieures.

Dans l’Apocalypse de Saint Jean, Satan est désigné comme un « serpent ancien » ou un « dragon ».

Certains gnostiques pensaient que ce serpent (le démiurge) n’était nul autre que Jehova, le dieu vengeur de l’ancien testament.

En réalité, le serpent a toujours été un symbole sagesse et de rédemption chez les anciens.

Il est aussi associé au Christ qui dit lui-même que :

Et comme Moïse éleva le serpent dans le désert, il faut de même que le Fils de l’homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle.

— Jean 3 :14-15

De même dans le Kundalini yoga, il existe une énergie dormante à la base de la colonne vertébrale qui est symbolisée par un serpent. En le réveillant et en l’élevant jusqu’au 3ème œil, l’adepte atteint l’illumination.

Selon Eliphas Levy, le Baphomet aussi représente l’une et unique énergie qui anime le cosmos. C’est le grand agent magique, qui comme le serpent, désigne l’électricité, le magnétisme et l’énergie (voir mon article sur le pouvoir de la Volonté).

C’est par lui que l’on s’affranchie de l’emprise du monde matériel.

Le serpent nous libère de l’emprise du Démiurge, ce qui est paradoxal car ils sont les deux faces d’une même pièce.

And the serpent makes answer: “Behold, O Adam, the nature of thy Adversary!”

The serpent disappears in a blinding sunburst of radiance and in its place stands an angel resplendent in shining, golden garments with great scarlet wings that spread from one corner of the heavens to the other. Dismayed and awestruck, the Adam falls before the divine creature.

“I am the Lord who is against thee and thus accomplishes thy salvation,” continues the voice.

“Thou hast hated me, but through the ages yet to be thou shalt bless me, for I have led thee out of the sphere of the Demiurgus; I have turned thee against the illusion of worldliness; I have weaned thee of desire; I have awakened in thy soul the immortality of which I myself partake.

Follow me, O Adam, for I am the Way, the Life, and the Truth!”

— Manly P. Hall – The Secret Teachings of All Ages

La chute

La chute symbolisée par l’histoire du jardin d’Eden, représente l’incarnation de l’esprit dans la matière, et l’émergence difficile de la conscience.

Ce qui nous distingue des animaux, c’est notre esprit, et la conscience de soi. Mais cette faculté se paye très cher.

Un animal ne se soucis ni du passé, ni du futur, il survit entièrement en suivant son instinct.

L’homme se soucis de tout, tout le temps, car il sait à quel point il est vulnérable, et à quel point sa survie futur dépend de ses sacrifices présents.

La conscience vient inévitablement avec son lot de souffrance, qui est signifié par l’arbre du bien et du mal.

Le serpent est à la fois le poison responsable de cette situation, et à la fois le remède à la malédiction. (Il est aussi, avec son venin, un symbole de la médecine.)

Ce n’est seulement lorsque l’homme surmonte la tragédie de la vie que le serpent se transforme en Christ rédempteur.

Lorsqu’elle a transcendé ses désirs et ses attachements, lorsqu’elle a conquis ses peurs et son attraction terrestre, la conscience redevient libre et maître d’elle-même et de son univers.

Ce qui était autrefois une source de pénitence devient alors une source de béatitude.

Le Démiurge

Comme dit plus tôt, les gnostiques pensaient que Jehova était le Démiurge, maitre de ce monde, qui était le responsable des cycles de réincarnation infernaux des âmes sur terre.

Jehova (יהוה) dans la Kabbale, est une formule qui fait référence aux quatre éléments, chacuns symbolisés par une lettre.

Le cinquième élément, l’esprit, est symbolisé par la lettre shin (ש). Lorsque celle-ci est placé au milieu du mot יהוה (Jehova), on obtient le mot יהשוה, qui signifie Yehoshua ou Jésus

Jehova fait donc référence au forces élémentaire que l’on subit à l’état brut. Alors que Yehoshua, le Christ, représente la domination de l’esprit sur les éléments et le monde physique.

Cette « conscience christique » se développe en équilibrant et en élevant son énergie vitale (symbolisée par le serpent).

Un autre de ces symboles est le pentagramme. Ses cinq angles constituent les cinq éléments. La pointe du haut symbolise l’esprit.

À l’endroit, il signifie la supériorité de l’esprit sur les sens et la matière (le Christ).

À l’envers, il signifie la soumission de la conscience aux forces matérielles et infernales (le Démiurge).

Tétragrammaton

Conclusion

Une des grandes lois de l’univers est le principe de polarité.

Rien ne peut exister sans contraire.

On ne peut faire l’expérience de la lumière sans l’obscurité.

Nous percevons le monde par contraste.

Tout est Double ; toute chose possède des pôles; tout a deux extrêmes ; semblable et dissemblable ont la même signification ; les pôles opposés ont une nature identique mais des degrés différents ; les extrêmes se touchent ; toutes les vérités ne sont que des demi-vérités ; tous les paradoxes peuvent être conciliés.

— Le Kybalion

L’excès de vertu devient un vice.

On ne peut faire l’expérience du bien sans l’existence du mal.

Comme dans le symbole du Ying et du Yang, Dieu et le Diable sont des principes métaphysiques indissociables et complémentaires.

La terre s’oppose au ciel, le positif au négatif, et de cette polarité nait la vie et les cycles de création et de destruction.

La plupart des spiritualités enseignent que la conscience individuelle est un fragment de la conscience cosmique.

Elles disent que Dieu vit en vous.

Mais elles oublient souvent de signifier que le Diable aussi.

— Geoffroy

Photo de profil Geoffroy
Qui est Geoffroy Stec ?

Je suis designer et éditeur depuis 2018. J’aide les créatifs à monétiser leurs passions, et à construire des systèmes de rémunérations durables.


Ressources

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LE KYBALION

Étude sur la philosophie de l’ancienne Egypte et de l’ancienne Grèce. Hermétisme et Alchimie.

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