À l’école je n’ai jamais apprécié la philosophie en tant que matière enseignée.
Du lycée jusqu’en Master, aucun professeur n’a réussi à me convaincre de sa pertinence.
J’avais l’impression qu’ils ne faisaient qu’énumérer une suite de concepts arbitraires qu’ils ne comprenaient qu’eux-mêmes à moitié.
J’ai toujours aimé la dynamique du dialogue, de la conversation, et de la dialectique.
Mais le matériel étudié semblait toujours vide de sens, et surtout d’aucune utilité pratique.
Comme dans l’imaginaire collectif, je voyais le philosophe comme un genre d’aristocrate, qui s’ennuyant, se construisait un univers de concepts abstraits, qui n’avait de sens que pour lui-même.
Je privilégiais donc plutôt l’approche scientifique, qui avait l’avantage de s’ancrer dans le réel.
Seulement, en étudiant celle-ci, ses limitations se sont vite dévoyées. (J’explique ici pourquoi.)
L’intérêt de la philosophie ne m’est apparu seulement quand je me suis rendu compte que la plupart de mes croyances étaient la résultante de systèmes de pensées (des philosophies) que j’avais adoptés plus ou moins inconsciemment.
La façon dont vous appréhendez la réalité dépend de votre philosophie.
Changez l’idée que vous vous faite du monde et vous changez votre réalité.
Voilà l’utilité de la philosophie.
Un Éternel Débat
Dans mon livre, Manuel d’hygiène mentale je pars de la constatation que dans l’histoires des idées, il a toujours existé deux visions du monde en contradiction.
Il y a d’un côté les matérialistes (majoritaires aujourd’hui).
Et de l’autre les idéalistes.
Les matérialistes pensent que la matière, et ses arrangements, est la source de tout ce qui existe.
Les idéalistes pensent que c’est l’esprit qui donne une existence au monde matériel.
Démocrite, Newton et Einstein étaient matérialistes.
Platon, Kant et Bohr étaient idéalistes.
Pourquoi cette question sur la nature fondamentale de l’univers est si importante ?
Parce qu’elle détermine votre place dans le cosmos, et le degré de pouvoir que vous avez sur le monde physique.
Le Pragmatisme
Beaucoup de biologistes pensent que la conscience est simplement le fruit de l’évolution – un mécanisme développé par le processus de sélection naturelle.
Selon cette théorie, la matière est indépendante de l’esprit, et peut très bien exister sans elle.
La physique quantique est venue déranger cette opinion en indiquant le rôle primordial de l’observateur dans la mesure des particules.
En termes simple, beaucoup de physiciens pensent que la conscience est cocréatrice de la matière.
Au siècle dernier, la science a donné des arguments nouveaux dans l’interprétation des cosmogonies archaïques.
Selon la science occulte, l’esprit de Dieu est littéralement la force qui anime le cosmos, et qui s’individualise dans l’Homme et toute la création.
Les plus grands penseurs de la planète ont débattu sans fin cette question, qui est un gouffre métaphysique.
(Un gouffre métaphysique est une idée spéculative qui ne peut être testée scientifiquement.)
Personnellement je prône le pragmatisme.
Indépendamment du fait qu’elle soit fondamentalement vraie ou fausse, la valeur d’une idée se mesure par l’impact qu’elle a sur votre vie.
Il existe, par exemple, des études qui montrent que certaines croyances religieuses induisent une meilleure santé, et un taux de satisfaction plus élevé que des croyances nihilistes.
Ces croyances ne sont pas scientifiquement vraies, mais elles le sont pragmatiquement.
Il existe des questions où il n’y a pas de réponse, mais auxquelles c’est à vous de choisir la signification.
Autant donc en choisir une positive.
Définir un idéal
Il existe donc deux types de vérités, les vérités scientifiques et les vérités pragmatiques.
Les vérités scientifiques servent à nous informer de quoi est constitué le monde.
Les vérités pragmatiques servent à nous aider à réaliser nos objectifs.
À moins que vous ne soyez dans un état de léthargie et de dépression profonde, vous cherchez tous à réaliser un idéal abstrait.
Vous avez tous une idée plus ou moins consciente du bien, qui se reflète dans vos actions.
D’un point de vue subjectif, l’unité de mesure la plus simple de l’existence est le problème, qui contraste avec cet idéal.
Nous sommes constamment dans un présent insatisfaisant, et nous nous orientons toujours vers un futur idéalisé.
Cet écart entre « ce qui est maintenant », et comment vous voudriez que l’instant soit, crée de la tension et de l’insatisfaction.
L’ensemble de nos actions (et même de notre perception) dépend de cet écart.
(C’est également la structure des cosmogonies et des mythologies sur la création du monde.)
Comme sur une batterie, la tension (l’univers de la perception) nait de l’opposition positive (ce qui est) et négative (ce qui devrait être).
Cette structure est tellement pertinente, qu’en marketing, on pense qu’elle est la motivation de tous vos achats.
Comme dit précédemment :
« Nous aspirons tous à un idéal toujours supérieur.
Les deux questions fondamentales sont donc de définir cet idéal (philosophie), et les moyens d’y parvenir (science). »
La philosophie sert à définir l’idéal à viser.
La science nous donne les moyens et les méthodes pour toucher notre cible.
Les deux approches se complètent, puisque l’une continue là où l’autre s’arrête.
Il n’existe pas de moyen plus efficace que la science pour définir les lois de la matière.
Mais elle n’indique en aucun cas la pertinence de l’utilisation des bombes atomiques, par exemple.
David Hume disait :
« De ce qui est, on ne peut dériver ce qui doit être. »
Les questions morales et éthiques sont hors du domaine des sciences, qui sont objectivement neutres.
Ces questions sont l’apanage des mythologies, des religions, de la littérature, de la fiction, du droit, de la philosophie et des arts.
Toutes ces catégories servent à définir ce à quoi nous devrions aspirer.
« Ce à quoi nous devrions aspirer » n’est pas une idée fixe, mais une cible qui évolue dans le temps et l’espace, en fonction des circonstances.
Cette idée absolue du bien a été défini par les anciens comme Dieu (un idéal abstrait toujours inatteignable en soi).
Quand Moïse reçut les Tables de la Loi, on dit que Dieu lui révéla son nom : Eheieh (אֶהְיֶה), qui signifie je suis.
(Lire la Bible de façon littérale fait de vous un fanatique. Lire la Bible de façon allégorique, avec les clés de la Kabbale, fait de vous un initié.)
Comme l’ont affirmé beaucoup de célèbres mystiques, Dieu est la conscience d’être (je suis).
C’est donc la conscience d’être qui doit dicter les lois morales (représentées par les Tables de Moïse).
La conscience
Il existe en chacun de nous une présence intérieure, qui est haut-delà du mental et de la sensation.
Cette présence est la conscience d’être.
Elle est Dieu.
Si vous fermez les yeux, et arrêtez de penser vous pouvez la ressentir.
Les hindous pensent qu’Atman (la conscience individuelle, le fils) est fait de la même chose que Brahman (la conscience cosmique, le père).
Le problème de la plupart est qu’ils sont tellement identifiés à leurs pensées et à leur corps, qu’ils sont déconnectés de cette présence.
Ils sont totalement à la merci de leurs automatismes, et des programmes comportementaux qu’ils ont contractés dans l’environnement.
Si vous écoutez réellement votre conscience, elle vous dira à chaque instant la chose juste à faire en ce moment-même.
Avant l’invention de l’imprimerie, et des médias de masse, la propagande se faisait par les castes religieuses.
Les prêtres se sont placés comme intermédiaires entre Dieu et les hommes.
Pourtant, les grands maîtres ont toujours enseigné (au prix de leur vie) que cette communication pouvait et devait être directe.
Les grandes figures morales sont connues pour avoir suivi leur volonté propre, et pour avoir exprimé ce qu’ils considéraient au plus profond d’eux comme juste, sans tenir compte des dictas de leur environnement.
Aussi, les institutions et les individus qui cherchent à vous contrôler n’ont pas intérêt à ce que vous suiviez votre propre conscience.
On ne peut ni contrôler, ni corrompre ceux qui incarnent le Verbe sur Terre.
Les tyrans ont besoins d’esclaves et non de libres penseurs.
Tout ceci pour dire que si vous suivez votre conscience, vous agirez le plus souvent pour le bénéfice de tous.
Au contraire, le fait de céder à l’inconscience vous rend esclave de vos pulsions, tout en créant un environnement infernal.
Le circuit dopaminergique
Quand vous évoluer dans l’environnement, vous interprétez le monde selon la structure évoquée plus haut.
Vous avez une idée (souvent inconsciente) d’un idéal à atteindre, et vous comparez les signaux environnementaux en fonction de celui-ci.
Comme en cybernétique, vous avez une cible, et en fonction du feedback, vous adaptez votre position (à la manière d’un missile à tête chercheuse).
Vos émotions sont vos radars qui vous indiquent si vous déviez ou pas de votre trajectoire (et de votre idéal).
Ceci est important, car c’est la clé qui donne du sens à l’existence.
Vous ne pouvez pas ressentir d’émotions positives si vous n’avez pas d’idéal, ni de but à accomplir.
Votre circuit de récompense et d’orientation sécrète de la dopamine pour vous récompenser lorsque vous progressez.
Sans objectif à accomplir, le circuit reste inactif, ce qui peut se ressentir comme de la dépression.
Autrement dit, sans raison de vivre, la vie n’a pas de saveur.
Voici pourquoi il est si important de se façonner un idéal et de travailler à l’accomplir.
Imaginez à quoi ressemblerait votre propre paradis, et commencez petit à petit à incarner chaque jour votre vision.
Les croyances
La conscience est l’ultime réalité.
Elle est la substance dont est constitué le monde.
Le monde n’existe nul par ailleurs que dans votre tête.
Sujet et objet sont indissociables.
En changeant votre idée du monde, vous changez le monde.
« Le Tout est Esprit ; l’Univers est Mental. »
— Le Kybalion
Vos croyances sont des pensées répétées (conditionnement) qui se sont imprégnées sur votre système nerveux.
La plupart sont contractées dans l’environnement, souvent pendant l’enfance.
Elles sont vos théories concernant le monde, qui s’accompagnent de patterns comportementaux.
Vous êtes l’incarnation de ce que vous croyez à chaque instant.
Ce que vous croyez sincèrement se manifeste toujours.
La science a redécouvert ce phénomène connu des anciens et l’a renommé « effet placebo ».
Rien n’est impossible dans le domaine de l’esprit.
“In the province of the mind, what is believed to be true is true or becomes true, within limits to be found experimentally and experientially. These limjts are further beliefs to be transcended. In the province of the mind, there are no limits.”
— John C. Lilly, M.D., The Center of the Cyclone
Vous habitez un monde de croyances qui détermine vos actions, vos paroles, vos pensées, votre perception et votre environnement.
Si vous voulez changer votre environnement vous devez d’abord changez de croyances.
Vous pouvez reconnaître une croyance qui vous sert, d’une qui vous nuit par la charge émotionnelle qui lui est associée.
Une pensée négative est une idée en discordance avec votre idéal.
Une pensée positive est une idée en harmonie avec votre idéal.
L’approche matérialiste vous fait habiter un monde froid, chaotique, et désenchanté.
L’approche idéaliste vous rend maître de votre univers, et l’égal de Dieu.
Conclusion
Récemment, plusieurs disciplines sont indépendamment arrivées à la conclusion que le concept de réalité objective était une fraude.
Que ce soit en philosophie, en physique, en mathématique, ou en neuroscience, on sait que tous nos modèles du monde ne sont que des approximations plus ou moins valables selon les contextes.
Le concept de vérité en soi est un gouffre métaphysique.
« La carte n’est pas le territoire. »
— Alfred Korzybski
Aucunes de vos certitudes ne peuvent être fondamentalement prouvées.
Même les concepts d’espaces et de temps ne sont que des constructions de mentales.
L’important n’est pas de savoir si ce que vous pensez est vrai.
L’important est que vos croyances servent votre idéal.
La première étape de toute entreprise est de croire qu’elle est possible.
En fait, 90% de votre travail consiste à vous convaincre vous-même que c’est possible.
Parce que quand vous êtes convaincu d’une chose, celle-ci est condamnée à se réaliser que vous le vouliez ou non.
Les forces subconscientes sont coercitives et n’ont d’autre choix que de manifester ce que vous pensez être vrai.
Examinez vos croyances, et remplacer celles qui vous limitent.
Lorsque vous choisissez vous-même vos propres pensées, en fonction de votre idéal, alors vous êtes réellement libre.
— Geoffroy