Le besoin de religion et de spiritualité sont des instincts naturels.
Là où il y a un besoin, il y a un marché.
La logique marchande en profite, et propose des solutions plates et édulcorées à ce vide existentiel.
« L’happycratie », ou la marchandisation du bonheur, a tendance à pervertir le sacré, et le dépouiller de son essence.
Celui-ci devient un objet de consommation comme les autres.
Le développement personnel est un marché qui pesait 11 milliards de dollars en 2020 aux États-Unis.
Nombreux sont les gourous à surfer sur cette vague.
Comme dit précédemment, la modernité est venue avec son lot de problèmes. Parmi ceux-ci, il a la désacralisation et le désenchantement du monde et des esprits.
Les gens sont déshumanisés comme de petits consommateurs aliénés au milieu des masses informes et chaotiques.
L’happycratie répond donc superficiellement à une problématique qui est réelle.
Les aliénés
Lorsque l’on aborde les thèmes de la spiritualité, on s’aperçoit qu’il existe 3 profils types :
- Le Fanatique religieux
- Le Matérialiste aigri
- Le Hippy du nouvelle âge.
L’individu évolue d’un profil type à un autre. Ce sont des étapes de développement intellectuel, que je caricature ci-dessous.
Le Fanatique religieux
Le fanatique religieux est soit celui qui :
- est conscient des défauts de la modernité, et se rétracte vers les dogmes de sa culture et de sa tradition.
ou
- celui qui est totalement ignorant de la moindre découverte scientifique ou philosophique de ces quatre derniers siècles.
C’est quelqu’un de sectaire, fondamentaliste, dénué d’esprit critique, et complétement dogmatique.
Il suit le dogme de sa communauté sans comprendre un seul mot des textes sacrées qui constitue sa religion.
Pour lui, la mythologie est à interpréter littéralement et non métaphoriquement.
C’est un mouton. Un mouton dangereux puisque facilement manipulable.
Le Matérialiste aigri
Celui-ci est surement le plus commun.
Il s’agit de l’athée nihiliste, pessimiste et cynique, qui se revendique de la raison (souvent autoproclamé zététicien).
Sans s’en rendre compte, le matérialiste partage beaucoup de points communs avec le fanatique religieux, et est souvent aussi virulent pour faire taire son opposition.
Il est tout autant fermé d’esprit et incapable de percevoir l’information qui ne rentre pas dans son paradigme.
Il projette ses biais cognitifs sur les autres, et est incapable de voir qu’il est exactement comme ceux qu’il critique : subjectif et partial.
Il est le produit naturel de la modernité : un homme sans âme qui ère sur terre par hasard pendant les quelques années qu’il a à vivre sur cette terre insignifiante.
Le Hippy du nouvelle âge.
C’est assez pathétique de voir les gens, qui critiquent les religions du passé, les remplacer par des spiritualités absurdes, qui ne sont que des pâles copies des traditions qu’ils prétendent se défaire.
Au moins le hippy à l’avantage sur ses concurrents d’être ouvert d’esprit… peut-être même un peu trop ouvert.
Il est un peu naïf, et est un grand consommateur de développement personnel.
Il rejette la plupart des dogmes et des hiérarchies pour se construire sa propre spiritualité, souvent bancale et immature.
Il est celui qui ne prêche que par la « loi de l’attraction » et la pensée positive, celui qui rejoins des groupes de yoga occidentalisé, ou de néochamanisme.
Bien que gentil et inoffensif, le hippy devient insupportable lorsqu’il commence à faire du prosélytisme.
Dans ce cas il s’improvise coach, entrepreneur ou gourou, et se met à propager des citations creuses dignes des meilleurs influenceurs.
Narcissique, il infantilise ses interlocuteurs et distribue ses conseils sans qu’on ne lui demande rien, à l’instar d’un robot de spam.
Il est le prof de yoga dépressif.
L’entrepreneur sans business.
Le coach de motivation et de confiance en soi qui est le seul à ne pas sauter en parachute de l’avion.
Sa naïveté et son immaturité sont des plus agaçantes.
Il vit dans le monde des bisounourses, c’est un mou.
Mais un mou qui donne des conseils.
Il est positif en apparence, mais misérable à l’intérieur, dans un mouvement de fuite, incapable d’accepter le côté négatif de la vie.
L’initié
Il existe une 4ème catégorie, celle de l’initié.
Par son travail, sa pratique, et ses recherches, l’initié parvient à une connaissance du monde invisible.
C’est souvent quelqu’un qui vit en marge des idéologies de son temps.
Il est celui qui révèle la Science secrète aux hommes et qui en paie le prix fort.
C’est Prométhée qui vole le feu de la connaissance aux dieux.
C’est Socrate qui enseigne la philosophie, et qui est condamné à boire la ciguë.
C’est le Christ qui annonce la révélation et qui est crucifié.
Ce sont les templiers chassés par l’inquisition.
Post-modernisme et développement personnel
La majorité des concepts venant du développement personnel sont des formes de magie diluée.
Il existe une tradition primordiale, que l’on peut retracer jusqu’à Sumer, qui est à l’origine des textes sacrées des grandes religions.
Avec le temps, celle-ci s’est progressivement dénaturée jusqu’à en perdre le sens original.
Selon les occultistes, plus l’on remonte dans le temps, plus la magie était puissante, connue et acceptée.
Sous la domination catholique, celle-ci est complétement occulté et banni du publique. Ceux qui l’enseignent ou la pratiquent risquent le bûcher.
On dit que John Dee provoqua une tempête qui coula une flotte grâce à la Science sacrée.
Que le compte de Saint Germain vécut plus de 150 ans grâce à elle.
Que les anciens prophètes avaient la maîtrise de la foudre et de la lévitation.
L’Histoire est remplie de superstitions étranges.
Dans le passé, tout le monde faisait l’expérience des esprits, c’était absolument normal.
Aujourd’hui la magie a quasiment totalement disparu.
Le monde est désenchanté.
Un retour aux racines
Les affirmations, la pensée positive, l’hypnose, la loi de l’attraction, la visualisation… sont toutes des techniques simplifiées provenant de la philosophie occulte.
Si vous prenez, par exemple, Wim Hof, et ses méthodes de respiration, lui-même affirme qu’il tire ses techniques de l’ésotérisme Hindou. Il ne fait que vulgariser et simplifier les méthodes des anciens yogis au grand publique.
Eckart Tolle aussi, auteur de développement personnel (DP) très populaire, ne fait qu’énoncer les principes de la philosophie orientale en un langage accessible.
C’est pareil pour quasiment tout les livres de DP.
Passé un certain stade, vous ne voulez plus de l’information de surface, vous voulez de la profondeur. Vous voulez aller à la source.
C’est pour cette raison que j’ai créé l’iceberg des sciences occultes.
Niveau 0
Au niveau 0, nous avons les influenceurs, les escrocs, les sectaires et les fanatiques. Ce sont ceux qui manipulent leur audience, le plus souvent pour le profit.
Les sciences occultes attirent aussi beaucoup de dégénérés, de fous et de névrotiques.
Au premier abord on peut être enthousiaste à l’idée de rencontrer des personnes qui partagent les mêmes centres d’intérêt que nous.
Puis on se rend compte que pour la plupart, ce sont des catastrophes ambulantes, et que l’on ne veut rien avoir à faire avec eux.
Ce sont ces personnes qui prêchent la paix, l’abondance et l’amour, mais qui vivent eux-mêmes dans l’insécurité, la pauvreté et la peur.
Ils sont positifs en surface mais misérables au fond.
C’est dans cette catégorie que l’on retrouve les gourous de secte, et les fanatiques religieux, et les autres marchands de bonheur peu scrupuleux.
Niveau -1
Au niveau -1, nous avons le DP généraliste et grand public.
La principale critique que j’ai du DP est qu’il est infantilisant (peut-être qu’il s’adresse à des enfants), et qu’il joue parfois sur le manque d’esprit critique de son audience.
Il est également très marqué par la logique marchande et ses dérives.
Néanmoins, il faut saluer la volonté et le désir de s’améliorer qu’ont ses lecteurs.
J’avoue en avoir beaucoup consommé adolescent.
On a tendance à oublier que ce qui est pour nous aujourd’hui une évidence, ne l’est pas forcément pour tout le monde.
De plus c’est toujours utile de réviser les basiques.
Le DP est une bonne introduction à la philosophie occulte, mais il reste un stade de développement à dépasser.
Niveau -2
Au niveau -2, nous rencontrons les premiers signes manifestes de l’influence de la tradition hermétique.
Ici, la position idéaliste et anti-matérialiste est pleinement assumée.
A ce niveau, on trouve des auteurs beaucoup plus sérieux, qui ont le plus souvent un bagage en scientifique, philosophique ou théologique.
La rigueur de la méthode scientifique, et l’esprit critique qui l’accompagne, sont ici appliqués à la spiritualité et à l’étude de l’invisible. Comme le dit l’adage de Crowley :
“The Method of science — the aim of religion”
Niveau -3
Alors qu’au niveau -2 subsiste encore une certaine retenue concernant les sujets les plus obscures, le niveau -3 est complétement décomplexé.
Au -3 on quitte le domaine de l’étude pour passer à la pratique.
Ici, il est question d’évocation, d’invocation, d’exorcisme, de nécromancie et de magie cérémonielle.
C’est ici que vous apprenez toutes les pratiques interdites, et le savoir qui a été délibérément occulté.
Ici commence les mystères de l’initiation.
A ce stade, toutes les pièces de puzzle commencent à faire sens, et pourtant un abysse encore plus profond se dévoile.
La spiritualité n’est pas un long fleuve tranquille, mais un voyage en enfer plein d’épreuves difficiles et dangereuses.
C’est par le feu que nous sommes purifiés, alors embrassez le chaos.
Niveau -4
Au niveau -4 on atteint la grande promesse de la religion : l’immortalité.
C’est ce qui vient après la mort (réelle ou symbolique). Le phénix qui renait de ses cendres. Le retour du Roi. La quadrature du cercle. L’illumination. La singularité.
Ici l’espace et le temps sont transcendés. L’Homme devient Dieu, le Grand Œuvre est accompli.
Le culte du mystère
Plus l’on descend dans l’iceberg, plus les secrets sont obscurcis.
La véritable Science est cachée au profane.
De tout temps, les initiés l’ont enseignée soit partiellement, soit selon un code indéchiffrable pour celui qui n’en n’a pas la clé.
Jésus parle en parabole, comme les alchimistes et les prophètes.
C’est le paradoxe des occultistes :
Ils révèlent la Science tout en La gardant secrètes.
« Quiconque vous soyez qui voulez vous donner à cette science, gardez sous un religieux silence dans le fond de votre cœur, comme un Secret de religion, une doctrine si sacrée, et la celez avec une constance inébranlable, qui ne vous permette jamais d’en parler.
[…]
Le divin Platon défendit de publier parmi le peuple le sacrement et, les secrets qui sont dans les mystères ; Pythagore pareillement et Porphyre obligeaient leurs disciples au secret de religion ; de même Orphée exigea de ceux qu’il initiait aux cérémonies des choses sacrées le serment du silence, par une espèce d’autorité religieuse qui faisait trembler, pour empêcher que les secrets de la religion ne vinssent aux oreilles profanes.
[…]
C’est pourquoi les anciens ont toujours eu un grand soin de voiler les sacrements de dieu et de la nature, et de les couvrir d’énigmes de diverses façons ; cette pratique a été ainsi gardée comme une loi chez les Indiens, les Brahmanes, les Ethiopiens, les Perses et les Egyptiens.
C’est en suivant cette loi que Mercure, Orphée et tous les anciens devins, comme aussi les philosophes, Pythagore, Socrate, Platon, Aristoxène, Ammonius, ont gardé le secret inviolable. »
— Henri Corneille Agrippa, [La philosophie occulte (1510) – vol. III – Chap. II]
Beaucoup d’appelés et peu d’élus
Pour en revenir à la problématique initiale, finalement très peu de gens dépasseront le premier niveau.
L’étude et la pratique des sciences occultes demande de la rigueur, de la discipline et une grande capacité de concentration.
Il s’agit d’une pratique quotidienne, qui comme tout, met du temps à s’apprendre et à donner des résultats.
Je donne plus d’indices sur ces pratiques dans un article précédent sur la philosophie occulte.
Sinon voici les grands classiques :
- Agrippa – La philosophie occulte
- Papus – Traité élémentaire de science occulte
- Crowley – Magick Book IV
- Israel Regardie – The Golden Dawn
- Dion Fortune – The mystical Kabbala
- Eliphas Levy – Dogme et rituel de la haute magie
Plus abordable, Il y a également le Kybalion, qui est une bonne introduction à ces sujets.
— Geoffroy
