Vous êtes une machine biologique programmée par vos gènes, vos traumatismes et vos conditionnements.
Comprendre la structure du système nerveux est essentiel à celui qui veut apprendre à l’opérer et le reprogrammer.
Voici donc une introduction au modèle des 8 circuits de conscience.
La carte n’est pas le territoire
Avant toutes choses, il est essentiel de se rappeler que « la carte n’est pas le territoire ».
Aucune théorie scientifique ne représente de façon 100% correcte la réalité.
Nous utilisons des modèles, non parce qu’ils sont essentiellement vrai, mais parce qu’ils ont des utilités pratiques.
Le concept de l’atome, par exemple, n’a pas d’existence en soi, c’est une abstraction de l’esprit.
Mais sa théorisation permet tout un tas d’applications technologiques.
La science n’est finalement qu’une grande métaphore.
La seule chose qui égale l’univers est l’univers lui-même.
La carte n’existe que dans votre tête
C’est le problème de la perception.
Nous percevons le monde à travers notre système nerveux, sans jamais connaître directement son essence.
La perception est un acte co-créatif.
Aucune preuve n’affirme que le monde existe à l’extérieur de votre cerveau.
C’est votre système nerveux qui structure votre perception, et l’expérience que vous faites du monde.
D’où l’importance de bien le connaître.
Le modèle des 8 circuits de conscience
La théorie des 8 circuits de conscience (8CC) vient originellement de Timothy Leary, un psychologue de Harvard des années 60.
Elle a plus tard été vulgarisé au grand public par Robert Anton Wilson, dans Prometheus Rising.
Ce sont deux figures phares des années psychédéliques et de la contre-culture intellectuelle.
Les deux sont des génies qui ont réussis à synthétiser l’ensemble des connaissances de leur temps en un tout cohérent.
Les 8CC sont un modèle tiré :
- Des neurosciences
- De la psychanalyse
- De l’anthropologie
- De la sémantique
- De la physique
- Des mathématiques
- De la philosophie
- Des sciences occultes
Il s’agit d’un système qui n’est pas figé, et qui peut évoluer. Les nouvelles découvertes peuvent s’insérer dans les différentes catégories du modèle.
Dans cet article je vais tenter de tracer les grandes lignes de la théorie. Nous irons dans les détails de chaque circuit dans des articles dédiés.
L’évolution passé et futur
D’abord, les 8 circuits sont divisés en 2 catégories :
- Les 4 premiers résument l’évolution de l’humanité jusqu’à aujourd’hui, et sont actifs dans la majorité des individus.
- Les 4 derniers prédisent le futur de l’humanité (qui serait déjà codé dans l’ADN), et ont été activés seulement par une minorité d’individu dans le passé.
Comme déjà dit précédemment, la première étape consiste à équilibrer les circuits antiques.
C’est seulement après qu’il faut développer les circuits supérieurs, sinon il existe des risques psychopathologiques.
Il n’y a qu’un pas entre le fou et le génie. Le fou est la victime de ses hallucinations alors que le génie en est le maître.
Il faut d’abord développer des racines solides si l’on veut atteindre des sommets.
La genèse du système nerveux
L’ontogenèse récapitule la phylogenèse.
En termes simples : l’évolution de l’individu résume l’évolution de son espèce.
Les différentes phases de développement de l’individu se font en quelques années, alors qu’à l’échelle de l’évolution, ces phases ont duré des millions d’années.
Prenons par exemple le premier circuit. Celui-ci était déjà présent dans les organismes unicellulaires il y a environ 4 milliards d’années.
Il s’agit du stade de développement du nouveau-né qui est uniquement concerné par les questions de survie biologique.
On avance dans le temps, à -500 millions d’années, et on voit apparaître les premiers vertébrés, et avec ceux-ci le deuxième circuit.
Les animaux sociaux s’organisent en hiérarchie, et cette structure est imprégné par l’enfant à l’âge où il apprend la propreté et la mobilité.
Il y a toujours une part d’innée et une part d’acquis.
La part innée représente les fondations biologiques sur lesquels vont se greffer la part acquise.
Ces deux premiers circuits sont présents chez tous le monde, bien qu’ils ne soient pas programmés de la même façon.
J’avais réalisé ce schéma dans un article précédent pour montrer comment l’information s’imprègne sur le système nerveux :
Le traumatisme et l’empreinte
Le traumatisme fait référence à une expérience chargé émotionnellement qui va marquer durablement (souvent définitivement) le système nerveux.
Il peut être positif ou négatif.
Chez beaucoup d’oiseaux, par exemple, la première source de mouvement perçue par le nouveau-né devient l’objet qu’il associe à sa mère.
Les travaux de l’éthologue Konrad Lorenz ont montré qu’il existe des phases de vulnérabilité critique où le système nerveux est extrêmement sensible à l’imprégnation.
Il rapporte des cas où des oiseaux ayant imprégnés des balles de ping-pong à la naissance, essayaient dans leur vie adulte de copuler avec, sans montrer aucun intérêt pour les contemporains de son espèce.
Pareillement pour des girafes ayant imprégnées des 4×4.
Les implications de ces découvertes furent révolutionnaires pour la compréhension de certains aspects de la psychologie.
Elles démontrent qu’une seule expérience traumatisante peut entrainer un pattern comportemental (inconscient) à vie.
Comprendre ce processus d’imprégnation est essentiel pour appréhender les 8CC.
Chaque circuit a une base biologique sur laquelle va venir se greffer des empreintes à différentes étapes de développement.
Ces empreintes définissent votre personnalité, et sont très difficiles à réécrire, car elles sont ancrées profondément dans le système nerveux.
Chaque société va essayer d’imprégner sur l’individu le pattern comportemental qu’elle considère comme désirable.
Les cérémonies comme les mariages, les baptêmes, les communions, les bar-mitsvas, les rites de passage… ont pour but d’encadrer ces périodes de vulnérabilités critiques où l’individu est sensible au traumatisme.
Réécrire les empreintes
Dans un article précédent, on expliquait comment implanter des conditionnements.
Mais existe-t-il un moyen de réécrire les empreintes ?
Oui, mais c’est un sujet hautement tabou.
Les sociétés (et l’élite) prennent une grande industrie à imprégner les individus de la façon qu’elles souhaitent, et sont très hostiles envers ceux qui tentent de les libérer de leurs traumatismes.
Les tyrans ont besoin d’esclaves bien dressés et domestiqués et non d’individus libres.
Mais d’un autre côté, le conformisme est aussi une façon simple d’acheter la paix sociale. A défaut de vouloir créer des individus libres et indépendant, nous voulons aussi éviter de créer des prédateurs et des psychopathes.
La programmation des individus est un enjeu majeur que chaque État tente plus ou moins de contrôler.
Le lavage de cerveau
La CIA a essayé plusieurs expériences de ré-imprégnation sur des prisonniers de guerre (MK Ultra).
Celle-ci utilisent l’humiliation, l’isolement, la violence, les électrochocs, les drogues, le viol… Naomie Klein décrit dans La Stratégie du Choc ces expériences où des détenus sont enfermés pendant des mois, privé de sommeil, drogués de force et obligés d’écouter jours et nuits des suggestions passées en boucle.
Un autre exemple de lavage de cerveau est le cas de Patricia Hearst qui fut kidnappé en 1974 par un groupe d’extrême gauche. Après avoir subi séquestration, humiliation et de multiples violences, sa personnalité se transforma d’étudiante modèle à terroriste dangereuses.
On retrouve aussi ces méthodes, dans une moindre mesure, dans le processus de recrutement à l’armée. Une des étapes consiste, sous prétexte d’examen médicale, à se mettre nu et accepter de se faire palper les testicules. Symboliquement il s’agit d’un retour à l’état de vulnérabilité du nouveau-né, et d’une acceptation totale de l’autorité. On cherche évidemment à créer des robots qui exécutent sans réfléchir.
Les expériences religieuses
Ensuite, on sait également que les expériences religieuses peuvent aussi induire des changements de personnalité, et réécrire les empreintes.
C’est le thème qu’aborde William James dans The variety of religious experience.
Au-delà du dogme, existentiellement, une expérience religieuse se défini :
- Par l’ineffabilité de l’expérience (elle doit être vécu pour être comprise).
- Par la révélation de connaissances métaphysiques, et de l’unité de et de la cohérence de toutes choses.
- Par un état de concentration anormalement profond.
- Par un état de non-jugement et d’acceptation du monde telle qu’il est.
- Par une capacité à percevoir l’essence des choses, indépendamment de la chaine de perception.
- Par une transformation durable de la personnalité.
- Par une mort de l’ego.
- Par une reconnaissance de la véritable valeur de la vie.
- Par une désintégration des concepts de temps et d’espace.
- Par une réconciliation des principes du bien et du mal.
- Par une individuation de la personne.
- Par une sensation d’extase et d’euphorie insoutenable.
- Par un débridement de la capacité à aimer.
(Une des techniques de lavage de cerveau consiste à simuler une expérience religieuse pour implémenter des suggestions sur les fidèles.)
En Europe, au Moyen-âge, les mystiques utilisaient des techniques comme le jeune, les rituels, ou encore l’autoflagellation et d’autre formes d’ascétismes extrêmes pour induire ces expériences.
A Éleusis, dans la Grèce antique, on les induisait avec de l’ergot de seigle dans des cérémonies dédiées. Ou encore avec différents artifices spectaculaires pour induire la fascination.
Les kabbalistes et les yogis atteignent ces états par la pratique de leur spiritualité.
Les shamans eux utilisent l’Ayahuasca et d’autres plantes et champignons hallucinogènes.
Timothy Leary donna le mode d’emploi pour l’usage du LSD et de la psilocybine à ces mêmes fins.
Cela lui valu d’être nommé par le président Nixon comme l’homme le plus dangereux des États-Unis, et d’être condamné à 30 ans de prisons.
Quelques années auparavant, c’était Wilhelm Reich, qui mourut dernière les barreaux. Un autre médecin très critique de l’autoritarisme, et qui œuvrait à créer des individus libres.
Ils sont les martyrs de la Science, qui ont eu la malchance de contredire un tyran.
Ils sont Prométhée qui donne la connaissance aux hommes et qui en est éternellement châtié.
Le contrôle des masses se fait par l’idéologie. Ceux qui prétendent s’en affranchir sont toujours considérés comme dangereux. Encore pire, ceux qui affranchissent les autres sont des hommes à abattre.
Tel est la malédiction qui plane sur celui qui ose révéler les choses secrètes.
Les annonceurs de nouveauté sont toujours des martyrs.
Et ceux qui encouragent les gens à reprogrammer leur système nerveux attirent forcément les foudres des tyrans.
La Métaprogrammation
Les 4 premiers circuits sont dits « antiques », « terrestre », ou « larvaire ».
Les expériences religieuses vous poussent vers les 4 derniers circuits qui sont dits « célestes » ou « extraterrestre ».
Ces derniers sont beaucoup plus difficiles à appréhender car ils font référence à une forme de cognition inhabituelle et inconnue de la plupart.
Les psychonautes qui les décrivent sont obligé de les représenter sous forme symbolique et poétique, car le sens qui s’en dégage est bien au-delà du circuit sémantique (celui de la logique et de la rationalité).
Les circuits supérieurs ont une part d’ineffabilité et sont difficiles à communiquer.
L’apocalypse de saint Jean est, par exemple, une de ces métaphores qui tentent de décrire ces expériences transcendantales.
Et comme toute description des mondes supérieurs, elle est forcément cryptique et difficile à appréhender rationnellement.
La meilleure façon de comprendre ces états reste de les vivre.
Opérer sur les circuits supérieurs permet aussi de reprogrammer les circuits inférieurs.
On parle alors de métaprogrammation. Le programme (vous-même et votre système nerveux) devient alors capable de se reprogrammer lui-même.
Un système holistique
Dans mon livre, Processus de création et d’interprétation de la réalité, je décris plus en détail ces circuits.
Mais voici un petit récapitulatif des premiers niveaux :
Ce tableau pourrait s’allonger quasiment à l’infini vu son nombre de correspondances (à l’instar de l’arbre de la Kabbale).
Par exemple, C1 correspond chez Freud au « stade oral » et au « ça ». C2 au « stade anal » et à « l’ego ». C3 est absent dans son système. C4 correspond au « stade phallique » et au « super ego ».
Selon les systèmes, les dénominations des circuits changent. La puissance de la théorie des 8C est qu’elle synthétise une multitude d’approches.
T. Leary trace même des correspondances entre les 8C, le tableau périodique des éléments, et les lois de la physique.
Et surtout, son système a aussi des correspondances avec la Kabbale, la philosophie occulte, et la philosophie orientale.
Le modèle des 8C est un outil très utile, qui malheureusement a été quasiment oublié et délaissé aujourd’hui (aucun des livres sur le sujet n’a été traduit en français).
Il permet une compréhension globale de l’être humain, de sa nature, et de ses processus conscients et inconscients.
En l’intégrant, vous comprendrez mieux les autres et leurs comportements.
Vous serrez aussi en mesure de vous analyser vous-même, et d’effectuer des ajustements.
Vous gagnerez en liberté, et vous vous rapprocherez de votre essence véritable.
— Geoffroy
Bibliographie :