Un des problèmes qui semble prendre de l’ampleur est celui de la santé mentale.
C’est un sujet tabou que les gens évitent parce qu’ils ne veulent pas être catégorisés comme « fou » (comme un schizophrène) ou « faible » (comme un dépressif).
Déjà, comment définit-on une maladie de l’esprit, ou une psychopathologie ?
Le problème de catégorisation
Il n’y a pas d’un coté les sains d’esprit, et de l’autre les déséquilibrés.
La santé mentale n’est pas une catégorie classique binaire et aristotélicienne.
Il s’agit plutôt d’un spectre, d’un éventail de couleurs plus ou moins nuancées.
Exemple :
Pour diagnostiquer un patient dont on soupçonne la présence de troubles, on va lui administrer un questionnaire de 100 questions, sensées évaluer ses symptômes.
Plus il répond positivement à ces questions, plus on pense qu’il a de chance d’être atteint.
Tout ceux qui passeront le test répondront positivement à certaines d’entre-elles.
Vous pouvez avoir donc des symptômes, sans réellement être malade. Et deux personnes peuvent avoir la maladie sans avoir les mêmes symptômes.
En réalité, il existe un gros problème de catégorisation dans les sciences humaines.
Dans les sciences dures, une chose est vraie quand elle respecte les règles de la logique classique, et aristotélicienne.
Exemple :
Un triangle est une catégorie classique parce que c’est une définition qui inclut toutes ses propriétés, et exclut toutes ses exceptions.
Pour tomber dans catégorie « triangle », l’objet doit avoir 3 côtés, 3 sommets, et la somme des angles doit faire 180°.
Il n’y a pas de débat possible, ni d’exception à la règle.
Mais le problème, c’est que les objets de la vie courante (et des sciences humaines) ne se catégorisent pas du tout de la même façon.
La catégorie « psychopathologie » n’est pas réellement scientifique (elle est non-aristotélicienne).
C’est plutôt une famille de ressemblance.
Qu’est-ce qu’une pathologie ?
Pour définir ce qu’est la santé mentale, il faut d’abord cerner ce qu’est la maladie.
On décrit cette dernière généralement comme :
- La colonisation de corps étrangers dans votre organisme (comme des virus, des bactéries, et autres pathogènes…)
- Une condition qui génère de la souffrance.
- Un dérèglement des fonctions biologiques.
Encore une fois, il y a plusieurs problèmes avec ces définitions :
- La présence de pathogènes ne signifie pas forcément une maladie (votre corps est constitué de 10 fois plus de bactéries que de cellules qui vous appartiennent).
- Il y a des souffrances qui sont normales (le deuil n’est pas contre-nature par exemple).
- Les fonctions que l’on attribue aux organes, et à la biologie, ne sont pas objectives, elles sont inférées (le « bon fonctionnement » est un jugement de valeur).
Quand vous essayez de soigner, vous ne faite pas exactement de la science.
Pourquoi ?
Parce que vous définissez un idéal subjectif qu’est la santé, et cherchez des moyens pour l’atteindre.
Il s’agit plus d’une question éthique, morale, et pragmatique, ce qui est plus du domaine de la philosophie, que de la science.
On va donc chercher à savoir ce qui caractérise un mode de pensée et d’action sain, vertueux, et moral.
Nous avons un idéal partagé de ce que devrait être la santé mentale.
Si vous souffrez trop, ou faites trop souffrir les autres, alors c’est que vous déviez de cet idéal.
C’est finalement pour ça qu’on a inventé la médecine : pour alléger la souffrance.
Quels sont donc les causes de cette dernière, et comment autoréguler ses émotions ?
L’enfer, c’est les autres
Un autre problème de définition auquel nous sommes confrontés est celui du niveau d’analyse.
La souffrance que les gens ressentent peut venir de différents facteurs.
Sa source peut être individuelle, sociale, ou sociétale.
Le problème vient-il de vous, de votre famille, ou de la société ?
Vous êtes ancré dans des systèmes, qui découlent d’autres méta-systèmes.
Vous dépendez de la structure, tout comme la structure dépend de vous.
Un trouble sur l’un va donc se répercuter sur l’autre.
Si vous vivez dans un état totalitaire, et fasciste, peut-on dire que la source du trouble et de la souffrance se trouve dans l’individu ?
(Les existentialistes diraient oui, puisque qu’ils pensent que la corruption de l’État repose sur la corruption des individus qui le constituent.)
Si vous grandissez dans une famille atrocement pathologique, est-ce que c’est vous qu’il faut soigner, ou vos proches ?
Vous êtes englutiné dans des réseaux de relations, dont il est très difficile de se défaire, et dont vous êtes dépendants.
Si vous ne voulez pas être abusé, il faut développer des armes de négociation, et aspirer à être libre et indépendant.
Comment ?
En acceptant le maximum de responsabilité que vous pouvez, pour votre vie, et pour la situation du monde.
(C’est pour cette raison qu’on dit que le Christ est mort pour tous les péchés de l’humanité. Il représente l’idéal de celui qui assume toute la misère du monde. Et il n’y a que par cette acceptation que l’on peut changer les choses.)
Vous êtes un individu, un membre d’une famille, un citoyen d’une société, et un humain du monde… et vous avez le pouvoir de rendre tous ces systèmes meilleurs ou pires.
Le moteur de l’action
On ne peut changer que quand on accepte la responsabilité de sa situation, et qu’on abandonne son identité de victime impuissante (qui est avouons-le plutôt confortable).
La volonté de s’améliorer est un des prérequis au travail thérapeutique (et à l’apprentissage en général).
Pour mieux parvenir à s’autoréguler, il est utile de comprendre le fonctionnement de ses émotions.
Vos émotions vous indiquent où vous vous situez en fonction de votre idéal.
Elles sont le moteur de l’action, et vous indiquent si vous progressez vers votre objectif, ou pas.
Exemple :
Vous faites vos courses au supermarché, et arrivé à la caisse, vous voyez une longue queue.
Intérieurement vous pestez, en utilisant votre circuit de détection de danger, parce que vous venez de rencontrer un obstacle, qui signifie que vous allez devoir consommer plus de temps, et d’énergie que prévu.
Quand soudain, une caisse s’ouvre devant vous. Vous avez alors un kick de dopamine, qui vous indique une opportunité, et qui vous signale que vous vous rapprochez de votre but, et que vous allez économiser des ressources.
C’est ce qu’on nomme le circuit dopaminergique.
Ce dernier est celui de la motivation, et qui vous pousse à agir.
Il n’est actif que relativement à un but.
Cet objectif peut être dicté par la biologie, ou bien autogénéré.
Quand vous opérez une séquence d’action qui donne le résultat que vous voulez, vous sécrétez de la dopamine, vous êtes content.
C’est de cette façon que le système nerveux renforce le comportement, et les circuits qui ont induit la réussite de l’objectif.
Malheureusement, l’addiction fonctionne aussi selon le même principe.
Objectifs et equilibrium
Les gens deviennent addictes aux substances, et aux situations qui court-circuitent leur système dopaminergique.
On peut considérer le phénomène comme un trouble de la motivation, qui est mal dirigée, puisqu’elle sert une fin destructrice plutôt que constructive.
L’autre trouble commun de la motivation est la dépression, qui se caractérise par son absence, et par l’apathie.
Les dépressifs ont le plus souvent un manque de direction, et d’objectifs à suivre. Leur système d’orientation est en sous régime puisqu’ils n’ont généralement pas de cible.
Si vos émotions positives vous servent à vous indiquer que vous progressez vers votre idéal et votre but ; alors l’absence d’idéal et de cible à atteindre signifie une absence d’émotions positives.
La déprime indique un manque de clarté, et que vous ne savez pas vers quoi progresser.
Définissez ce que vous voulez, et travaillez pour l’accomplir (il n’y a que ça qui vous rendra heureux).
Maintenant, il y a quand même certaines contraintes, et vous ne pouvez pas vouloir absolument tout ce que vous voulez, comme un enfant de 2 ans.
Ce que vous voulez doit être bien pour vous, pour votre futur vous, et pour les autres.
Certaines choses vous servent sur le court terme, mais ont des conséquences néfastes sur le long terme.
Et vous ne pouvez pas être totalement égoïste et narcissique, parce que vous vivez en société.
Vous devez intégrer vos désirs avec ceux des autres dans un état d’équilibre homéostatique : un equilibrium (Piaget).
Autrement dit, vos objectifs doivent vous servir vous-même, les gens que vous côtoyez, et le monde en général. (Avoir son propre business est la meilleure façon d’accomplir ces trois fins.)
Voilà pourquoi la morale n’est pas quelque chose de relativiste.
L’équilibre de la personnalité
Ce qui est vrai de la société l’est aussi de votre personnalité.
Cette dernière est un ensemble de complexes, sensés s’équilibrer dans un tout harmonieux.
Chacun de ses systèmes est constitué de sous-systèmes, qui ont chacun leurs buts particuliers, qui agissent de concert.
Ces différents circuits ont chacun leurs motivations, qui ne doivent pas interférer avec le bon fonctionnement de la superstructure.
Ce sont littéralement des sous-personnalités de votre personnalité globale.
Quand une de ces instances prend une ampleur démesurée, elle s’accapare le contrôle total du système, et néglige le besoin des autres (comme dans le cas des troubles obsessionnels).
Les anciens utilisaient plutôt la métaphore de la possession par des esprits qui pouvaient être démoniaques ou divins.
En réalité, il s’agit d’une description beaucoup plus parlante, que celle matérialiste avec ses complexes et ses systèmes.
Par quel esprit êtes-vous habité la plupart du temps ?
Celui de colère, de vengeance, d’arrogance, d’impulsivité… ou par celui d’humilité, d’acceptation, et de compassion ?
On dit des démons et du diable qu’ils sont fourbes, trompeurs, et susceptibles de vous tenter.
Certaines sous-personnalités vous inclinent à mentir à vous-même, et aux autres, ou à refuser de voir la réalité en face, et à être de mauvaise foi.
(C’est ce que Freud essayait de signifier par son concept de « répression », qui est aussi une forme de mensonge par omission, un non-dit.)
Ces routines sont sataniques parce qu’elles mènent, à terme, à la destruction de l’être, et de la structure qui vous oriente dans le monde.
Simplement dit, elles créent le chaos dans votre vie et celles des autres.
La plupart des troubles mentaux trouvent leurs racines dans la tromperie, l’agressivité violente, le mensonge, le sadisme, la mesquinerie, la jalousie, la trahison, le narcissisme…
Le mal rend les gens fous.
Soit parce qu’ils le pratique, soit parce qu’ils en sont victimes.
L’essence de la thérapeutique
La plupart des psychopathologies viennent donc d’un manque d’intégrité.
Pourquoi n’est-ce pas une évidence pour tout le monde ?
Parce qu’admettre cela vous incombe de la responsabilité de votre santé, de celle des autres, et de celle des structures que vous habitez.
Cela vous oblige aussi à regarder en face ce que vous fuyez, ou faites semblant de ne pas savoir.
L’inverse du mensonge et de la répression, c’est l’honnêteté et l’authenticité.
Comme évoqué précédemment : « Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira » disait le Christ.
Il ne parlait pas de vérité scientifique et objective, comme un dogme que l’on doit accepter aveuglément.
Ce qu’il signifiait, c’est que quand on est esclave du mensonge, de la tyrannie, et du mal… le fait de s’exprimer honnêtement et sincèrement a un effet thérapeutique.
C’est une évidence : la plupart des psychothérapies sont basées sur le dialogue, l’expression et l’association libre, la franchise…
Même au niveau sociétal, le fait de révéler la vérité peut démasquer des tyrans, et leurs faire perdre du pouvoir.
Par exemple, beaucoup attribuent l’effondrement de l’union soviétique et de la tyrannie stalinienne à un livre d’Alexandre Soljenitsyne, L’archipel du goulag, qui dénonça au monde entier l’atrocité du régime.
Il faisait partie des existentialistes qui pensaient, comme le Christ, que le monde pouvait être sauvé par un effort moral.
C’est aussi le cas pour votre vie.
Qu’est-ce que la vérité ? Personne ne le sait vraiment.
Mais on sait ce qu’elle n’est pas.
Elle n’est pas une occultation de ce que vous pensez vrai, et de ce que vous ressentez sincèrement.
Vous êtes authentique quand vous exprimez sans filtre ce que vous avez sur la conscience.
Et c’est ça l’essence de la thérapeutique.
Conclusion
Pour récapituler de façon pratique et applicable :
1- La santé mentale est un idéal moral à atteindre. Elle n’est pas une absence de maladie.
2- Fixez-vous des objectifs, et créez un plan pour les atteindre, si vous voulez être heureux.
3- Surveillez vos addictions, et comprenez comment fonctionnent les habitudes.
4- Chaque comportement répété, et récompensé, s’ancre de plus en plus profondément dans votre personnalité (vous êtes ce que vous pratiquez, et vos actions ont des conséquences).
5- Soyez honnête avec vous-même et les autres, et sachez que tout manque d’intégrité se payera, avec intérêt, d’une façon ou d’une autre.
6- Dites la vérité.
7- Évitez de faire souffrir les autres.
8- Affrontez ce que vous fuyez, et faites le ménage dans vos placards (littéralement et symboliquement).
9- N’ignorez pas les problèmes que vous savez que vous avez. Cela les amplifie. (Essayez d’ignorer une amende pour voir, par exemple…)
10- Analysez les systèmes sociaux dans lesquels vous êtes englutiné.
11- Soyez humble.
12- Soyez authentique, plutôt que d’essayer d’être parfait.
13- Suivez votre idéal.
14- Aspirez à être libre et indépendant.
15- Prenez des responsabilités.
16- Trouvez un moyen d’expression libre, car elle est thérapeutique.
Bonus :
Vous n’avez pas besoin d’aller chez le psy pour faire une thérapie.
Vous pouvez faire ce travail d’introspection seul simplement par l’écriture.
C’est par exemple ce que propose le Self-Authoring Program de Jordan Peterson.
Voici sur quoi écrire :
- Sur votre histoire
- Sur votre futur idéal
- Sur vos qualités et vos défauts présents
(L’écriture est aussi la base de la vente en ligne, et de la production de contenu… c’est donc une compétence qui vaut vraiment le coup de développer.)
— Geoffroy