Nous sommes en guerre.
En guerre contre la bêtise.
Le monde moderne est une dystopie orwellienne.
Ceux qui ne savent penser par eux-mêmes sont captifs des médias.
L’attention de la plupart a été hijackée par les géants de la tech, et les sbires du capitalisme.
Le contrôle mental est réel.
Apprendre les techniques d’influence permet de déjouer la propagande, en utilisant les armes de son adversaire.
La faille systémique
Notre culture est malade.
Jamais nous n’avons été aussi riche matériellement.
Pourtant nous sommes de plus en plus pauvres spirituellement.
Le bonheur, le temps, l’attention, l’amour, le prestige… sont tous devenus des valeurs marchandes.
Coca-cola vend de la joie dans ses publicités, et non du sucre en bouteille.
Mercedes vend du statut social, et non un moyen de déplacement.
Les médias vendent du temps de cerveau disponible, et non de l’information.
L’information, et le divertissement, ne sont que des prétextes à la pub.
À la télévision, certains ont calculé que le meilleur ratio était de 13 minutes de publicité pour 47 minutes de programme.
Sur Facebook, vous voyez un post sponsorisé pour 4 posts normaux.
Nombre d’industries ont un intérêt à ce que les gens fonctionnent comme des automates programmés par les ondes d’informations.
Elles propagent activement des mentalités de petits consommateurs.
Le système dépeint une image du succès, qu’il impose sur les masses.
Il crée le stéréotype de la réussite à travers ses publicités.
Bien qu’il n’y ait rien de mal à aimer les voitures du sport, les vacances exotiques, ou la mode ; l’illusion relève dans le fait de sous-entendre que ce sont les possessions matérielles qui rendent heureux.
L’ensemble du capitalisme repose sur ce mensonge, qui pousse à la consommation.
C’est faux. Consommer ne rend pas heureux, cela rend addict – et donc à terme, produit l’effet inverse.
Une ère d’abondance
Grace à l’industrie, l’humanité avait enfin réussi à résoudre le plus gros problème que lui causait l’existence : celui de la pénurie.
Beaucoup critiquent le monde d’aujourd’hui, pourtant historiquement, il s’agit de la meilleure époque à laquelle vivre.
Vous voulez connaître un miracle ?
La famine a été vaincue, alors que c’était la norme dans le passé.
Certes il reste des défis liés à la pauvreté, mais on ne parle plus de pénuries globales, on parle plutôt d’insécurité alimentaire.
Le niveau de vie a considérablement augmenté, quasiment tous ont accès aux biens de bases, à l’énergie et à internet.
Les gens vivent plus longtemps, en meilleure santé.
Il existe également une échelle sociale qui permet l’ascension, alors qu’avant, le statut était dicté par l’hérédité.
La médecine, et la technologie, opèrent des prouesses de plus en plus folles…
En bref, il faut soit être ingrat, soit être inculte pour ne pas voir ce que le monde moderne a apporté de positif.
Mais dès que l’on règle un problème, un autre apparaît automatiquement, telle une gueule d’hydre décapitée.
On ne meurt plus de faim mais d’obésité. Plus d’humilité mais d’orgueil.
Que se passe-t-il quand vous donnez tout à quelqu’un sans qu’il n’ait à fournir un effort ?
Il devient narcissique, et croit que tout lui est du.
Faible parce que dépendant, il finit par développer du ressentiment envers ceux qui lui ont ôtés les épreuves qui lui aurait permis de se développer.
Le chaos qu’on ne lui a pas permis d’expérimenter, il finira par le créé lui-même.
« Oui, vous n’avez pas d’expérience, vous ne savez pas qu’un cœur faible est incapable de se conduire.
Donnez-lui tout : il viendra et vous le rendra.
Donnez-lui la liberté, il se forgera lui-même de nouvelles chaînes.La liberté n’est pas faite pour les cœurs faibles… »
Fiodor Dostoïevski – L’esprit souterrain
Quitter la matrice
Quand on naît, il y a plusieurs choses que l’on ne choisit pas :
- ses origines
- sa personnalité
- sa classe sociale
- sa famille
- son sexe
- sa géographie
- sa culture
- sa génétique
- son environnement
- ses croyances
Rares sont ceux qui arrivent à devenir autre chose, que ce que leurs prédestinaient ces facteurs.
Pourtant, l’histoire de nombreux individus montre que l’on peut s’affranchir de ces conditions.
Ce sont les héros que les mythologies personnifient.
Ils vont au-delà des limitations imposées par la nature et la culture.
Quand les gens pensent au succès, ils s’imaginent une caricature de ce que peut offrir la société de consommation.
Ceux qui réussissent réellement imposent leurs propres systèmes, avec leurs propres règles, et leurs propres objectifs.
Ils créent leurs propres jeux, plutôt que d’adopter ceux que leurs impose l’environnement.
De cette façon ils échappent au contrôle social.
Vos buts sont soit imposés de l’extérieur, soit générés de l’intérieur.
Tant que la gratification dépend de quelqu’un d’autre que vous-même, alors vous n’êtes pas libre.
Cela ne signifie pas que vous devez à tout prix changer l’environnement.
Ce que vous devez changer en premier, c’est votre perception.
“Don’t aim at success—the more you aim at it and make it a target, the more you are going to miss it.
For success, like happiness, cannot be pursued; it must ensue… as the unintended side effect of one’s personal dedication to a course greater than oneself.”
Viktor Frankl – Man’s Search for Meaning
On désir les choses qu’on n’a pas, parce qu’on croit qu’elles nous rendront heureux.
Mais c’est fonctionner à l’envers.
C’est plutôt notre état d’esprit qui détermine notre appréciation des choses.
Le contrôle de l’attention
Le monde n’existe pas en dehors de sa perception.
J’ai déjà expliqué ici, ici et dans mon livre, comment le soi s’articule autour d’une hiérarchie de but, et comment la progression vers son idéal créait de la satisfaction.


Ceux qui comprennent ce mécanisme peuvent tirer le meilleur même des pires situations.
Il existe des exemples de saints, qui, même au milieu du chaos, emprisonnés, ou à la guerre, savaient trouver de la satisfaction dans les pires épreuves.
C’est le cas par exemple de Viktor Frankl dans les camps socialistes, ou d’Alexandre Soljenitsyne dans les goulags communistes.
Les médias connaissent aussi ce mécanisme, et s’en servent pour fasciner les foules.
Les philosophes l’apprivoisent pour donner du sens à l’existence.
Les hommes d’affaires l’utilisent pour vendre, convaincre, et concevoir des offres.
Les romanciers pour raconter des histoires captivantes…
Tout part d’un problème, qui génère de l’anxiété, qui à son tour sert d’impulsion créative, pour finalement arriver à une solution satisfaisante.
(Cette phrase résume la structure de l’existence.)
Le stress peut être positif s’il stimule la croissance.
On se développe en confrontant le chaos, et en lui imposant une structure.
Chaque problème que vous rencontrez crée automatiquement une abstraction de sa solution opposée.
(Vous savez ce que vous voulez par contraste avec ce que vous ne voulez pas.)
Quand vous résolvez vos problèmes : vous développez votre personnalité, et vos compétences.
Quand vous résolvez les problèmes des autres : vous développez votre business, et gagnez de l’argent.
Comment on résout des problèmes ?
Comme dit précédemment : en créant de l’ordre à partir du chaos.
Ordo ab Chao
La seconde loi de la thermodynamique stipule que tout tend naturellement vers le désordre.
Considérez la réalité par défaut comme une masse informe de données aléatoires.
C’est comme cela que vous arrivez dans ce monde : ignorant de tout.
Beaucoup pensent que l’état naturel de l’homme est le bonheur, et que c’est la société qui le rend malheureux.
Mais tout porte à croire l’inverse. Son impuissance face à un univers froid et inhospitalier est génératrice de stress, d’anxiété et de terreur.
Moins de 0,00001% de l’univers est habitable. Et même la vie sur terre n’est possible que par une rude compétition des espèces.
Voici une phobie universelle : le chaos, l’entropie et la mort.
Mentalement, le chaos se manifeste par l’anxiété, et par le désordonnément de la conscience.
C’est ce qui se passe quand vous êtes submergé par un océan de complexité, dont vous n’arrivez pas à faire sens.
Physiologiquement, l’incohérence de vos cycles biologiques produit des pathologies. (Voir les techniques de cohérence cardiaque et de respiration.)
Socialement, le chaos se manifeste par des crises, des guerres, et des pénuries.
Il s’incarne aussi dans nos appareils par le bruit, et les pannes techniques.
Ces forces démoniaques, qui amènent la mort et la destruction, étaient symbolisées par le dragon chez les anciens.
Il est l’archétype du chaos primordial, l’adversaire.
Celui que le héros doit vaincre pour rétablir l’équilibre.
Qu’est-ce que cela à avoir avec vous ?
Vous êtes le héros de votre propre histoire, et vous confrontez le dragon en explorant l’inconnu (son territoire), en affrontant vos peurs, et en canalisant votre anxiété de façon constructive.
Qu’est-ce que cela à avoir avec l’entreprenariat ?
En explorant le monde, vous êtes confronté à des problèmes, et êtes obligé de trouver des solutions créatives. Ces solutions sont des structures, des processus, et des systèmes, qui donnent certains résultats.
Vous acquérez ainsi une connaissance du terrain, que vous pouvez transmettre à d’autres, qui rencontrent les mêmes problèmes.
En bref, vous vendez des solutions structurées.

Un labeur satisfaisant
En occident, on voit le travail comme quelque chose à absolument éviter.
Le terme « travail » vient du mot latin « tripalium », qui désigne un instrument de torture.
Dans la Genèse, c’est la punition que Dieu inflige à Adam.
Sa connotation est très négative, surement à juste titre, surtout quand l’on voit les terribles conditions des travailleurs de l’ère industrielle.
Mais en vérité, des études ont montré que c’est en pratiquant leur métier que les gens éprouvaient le plus de satisfaction.
Pourquoi ?
Parce que le travail est une activité qui demande :
- de la concentration,
- des défis à relever,
- des compétences,
- des objectifs clairs à accomplir.
Tout ces facteurs favorisent un état de flow, et ordonnent la conscience.
Ils stimulent le système dopaminergique.
À l’inverse, ces mêmes études ont montré que c’est pendant les temps de distraction que les gens éprouvaient le plus d’insatisfaction.
L’oisiveté n’a ni but clair, ni structure, ni challenge, et ne requière aucun effort. Pour ces raisons, elle crée de l’entropie mentale, et de l’anxiété.
J’ai eu plusieurs emplois que la plupart jugeraient comme objectivement très insatisfaisants.
Ce que je vivais comme un supplice, de rares employés semblaient y prendre du plaisir.
Ce ne sont pas les conditions extérieures qui créent votre état intérieur. C’est votre interprétation qui fait que vous vivez le moment présent comme une torture, ou une opportunité de croissance.
La différence entre les gens heureux, et les gens malheureux, c’est que les premiers prennent plaisir à être productif, alors que les seconds voient le travail comme quelque chose à éviter à tout prix.
« Choisissez un travail que vous aimez et vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie. »
— Confucius
En vérité, il n’y a rien de plus satisfaisant que le travail bien fait.
Conclusion
Si vous ne créez pas votre propre système, alors vous servirez celui d’un autre.
Si vous n’articulez votre propre idéal, et vos propres objectifs, on vous en attribuera tout de même, mais par défaut.
Pour être heureux, vous devez avoir l’impression de progresser vers un but.
Le premier paradoxe se trouve dans le fait que ce n’est pas l’acquisition de l’objet qui nous satisfait. C’est plutôt la poursuite qui est plaisante.
Le second peut s’énoncer de cette façon : c’est seulement quand on lâche prise par rapport au résultat, qu’on est le plus productif, et que l’on obtient finalement ce qu’on veut.
Ce principe a été décrit de mille et une façon, en fonction des milieux, et des paradigmes.
En économie c’est l’effet Matthieu :
« Car on donnera à celui qui a, et il sera dans l’abondance, mais à celui qui n’a pas on ôtera même ce qu’il a. »
— Matthieu 25 : 29
En sport, c’est pareil, la plupart demandent un relâchement musculaire, qui permet une meilleure explosivité.
En amour, vous ne voulez que ceux que vous ne pouvez avoir.
Quand vous agissez simplement pour le plaisir de l’action, en oubliant la finalité, c’est à ce moment que vous devenez inarrêtable.
Vous entrez dans le mode flow.
Maintenant, vous ne faites plus la différence entre le temps de travail, et le temps de loisir, parce que vous prenez plaisir à être productif.
Et quand on prend plaisir à être productif, on commence à construire un empire, malgré soi, comme guidé par la providence.
— Geoffroy